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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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conférence de l’OEA. C’est de la conjonction de ces accusation (« les Cubains » et « les communistes ») que dérive la suspicion partagée par tous les tenants de la droite en Amérique : Fidel était, en 1948 déjà, un « agent du communisme international ».
    Un cortège de gens armés de fusils, de bâtons, de barres de fer, passe sous les fenêtres de l’hôtel de Bogota où les quatre de La Havane sont revenus après avoir assisté au sac du Parlement par la foule : « Quand je vois cette multitude, je ne sais pas où ils vont ; on dit vers un commissariat de police. Eh bien, je rejoins la multitude et je me dirige vers le commissariat de police. Je crois qu’il y a une révolution en cours, et je décide de m’y joindre. » Fidel est un des premiers à entrer au commissariat. Il s’empare d’un lance-grenades lacrymogène, vite échangé contre un fusil. Ainsi équipé, le Cubain a pour premier soin d’aller aider « quatre à cinq soldats en train de faire le service d’ordre à un carrefour ». Il s’aperçoit que ce sont des gouvernementaux : fascinant d’observer que, dans une révolution, le premier réflexe de Castro est de mettre de l’ordre ! Le « 9 avril » le passionne par son côté anticonservateur et anti-oligarchique mais le révulse par son manque d’organisation, qui expliquera son échec. « Je me dis : que font les dirigeants du parti libéral ? Il n’y a donc personne pour organiser ça ? » Ces journées du
Bogotazo
vont marquer Fidel. Il dit à Alape : « L’influence du 9 avril dans ma vie de révolutionnaire ? Ce sont les efforts extraordinaires que j’ai faits… pour éviter que, lors du triomphe de la Révolution [cubaine], il y ait l’anarchie, du saccage, des désordres. »
    Fidel et une douzaine d’étudiants arrivent devant le ministère de la Guerre. Des fantassins patrouillent, appuyés par des tanks. On ne sait pas où va se tourner l’armée. Que fait le Cubain ? Il harangue les soldats ! Sans succès. Alors, on décided’attaquer un autre commissariat proche, pour distribuer des armes à tous. « C’était moi qui devais prendre le commissariat parce que j’étais le seul avec un fusil. » Mais les policiers se sont déjà soulevés. Fidel se présente alors au commissaire. Celui-ci en fait son adjoint. Pourtant le Cubain va retourner au premier commissariat en émeute. Un demi-millier d’hommes armés, policiers et civils, s’y trouve. Castro se voit assigner la défense d’un étage. Il interpelle le chef de garnison : « Toute l’expérience historique démontre qu’une force qui s’enferme sur la défensive est perdue. » Bigre ! « J’avais quelques idées militaires nées de mes études des situations révolutionnaires, de ce qui s’est passé durant la Révolution française. » Mais le Colombien ne prend aucune décision.
    La nuit se passe dans l’attente, vaine, de l’attaque des gouvernementaux. Fidel, pris dans un piège, songe à partir. « À ce moment, j’ai eu une pensée internationaliste : le peuple ici est le même qu’à Cuba… opprimé, exploité… Ce soulèvement est juste, je vais mourir, mais je reste. »
    Pour tromper son angoisse dérivée de l’inaction – autre trait de personnalité –, Fidel demande une patrouille pour aller garder une colline surplombante. On lui donne huit hommes. Tout le samedi 10 se passe ainsi. Dans les masures alentour, les gens festoient, sans doute avec des vivres pillés. Un homme débarque d’un camion. Fidel croit y voir un espion. On lui explique qu’il veut lui aussi faire sa petite fête, avec deux prostituées. Et Fidel, d’ordinaire prude comme une donzelle espagnole : « Il tire son coup, il tire son coup… En pleine guerre. » Le Cubain, lui, fait le coup de feu contre le ministère de la Guerre, visible de son éminence. « Une folie », reconnaît-il.
    Le dimanche 11 au matin, la ville bruit de la rumeur d’un accord entre gouvernementaux et libéraux. « On » demande aux insurgés de déposer les armes. « Ce fut une grande trahison », commente Fidel. Il rend son fusil et rentre à l’hôtel. Là, il apprend que les autorités commencent à « serrer » les Cubains. Un Argentin, coorganisateur du congrès, emmène les quatre compères à leur consulat. « On était des ennemis du gouvernement de Cuba et il nous emmène au consulat : tu vois le paradoxe ! », s’écrie l’interlocuteur d’Alape. Des « ennemis », pas des adversaires… Le gouvernement

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