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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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fait, plus d’un lustre s’étant écoulé, il n’est pas aventureux de dire que les choses se sont passées sans qu’il y ait eu de mouvements hostiles perceptibles. Les deux autres problèmes, l’un politique et l’autre économique, étaient d’une autre complexité.
    Politiquement, le nouveau chef cubain devait, tout en donnant l’impression d’une certaine continuité, recomposer à sa main le puzzle du pouvoir. Ce fut fait en plusieurs temps. Pour la continuité, il fut décidé, le 24 février 2008 (et Fidel approuva cela explicitement), de nommer comme numéro 2 du régime (premier vice-président du Conseil d’État et du Conseil des ministres) José Ramón Machado. C’est un homme, alors, de soixante-dix-huit ans. Sitôt sa médecine terminée, il était monté à la Sierra Maestra et, depuis, n’avait cessé de grimper – si ce n’est le temps d’une embardée idéologique en 1968 (affaire dite de la « micro-fraction », moscovite avant l’heure). « Machadito » (le « petit Machado », comme Fidel le surnomme) avait eu l’heur de plaire à Fidel pour ses longs et signalés services dans le domaine de la santé, tout en gardant la confiance de Raúl, sous l’autorité de qui il avait combattu dans la Sierra de Cristal cinquante ans plus tôt. Autre étrange continuité, ou étrange « ouverture » : le retour dans la très haute hiérarchie de l’État et du gouvernement de Ramiro Valdés, symbole de la répression à Cuba (nombre d’insulaires lui imputent l’essentiel des quatre mille à cinq mille exécutions qui ont eu lieu entre 1959 et 2003), étonnamment fringant à soixante-dix-sept ans. Pour quelques beaux succès dans l’industrie informatique (il a été directeur du groupe Copextel Business, travaillant avec le Japon, la Chine et la Corée du Sud), il est devenu ministre de l’Informatique et des Communications, chargé notamment de contrôler Internet. Le signal ainsi lancé aux opposants et autres « déviants » était on ne peut plus clair : « Laissez toute espérance » de voir le régime relâcher son emprise. Mais un autre message, en direction du système celui-ci, était que Raúl, dont l’hostilité envers Valdés était patente quand celui-ci était ministre de l’Intérieur, admettait, avec tolérance, qu’il est plus d’une demeure dans la maison du Père.
    Second temps de sa manœuvre politique : Raúl va écarter des ministres ou collaborateurs emblématiques de l’époque de son frère, indépendamment de leur image « rigide » ou « ouverte », afin de montrer à la face de l’île qui est le nouveau patron. Ainsi tomba, dès 2008, Carlos Valenciaga, secrétaire particulier de Fidel, impliqué dans une affaire de transferts de fonds. De plus de portée fut l’annonce, le 3 mars 2009, du limogeage de deux ministres symboliques du fidélisme. Celui de Felipe Pérez Roque fut retentissant : d’abord secrétaire du
Lider
, parfois décrit comme le « pit-bull » ou le « taliban » de Fidel, il était devenu à trente-quatre ans, en 1999, ministre des Relations extérieures – et l’étranger le tint, dans ces fonctions, pour un « modéré ». Plus grand encore fut le choc causé par le « débarquement » de Carlos Lage, cinquante-sept ans, « architecte » des réformes consécutives à l’implosion de l’Union soviétique au tournant des années 1980-1990, et maintes fois présenté comme l’homme qui aurait pu devenir le premier numéro 1 « civil », au cas où, par improbable, Fidel aurait accepté qu’un autre que lui soit hissé sur le pavois. On avait même pu spéculer que Lage serait en concurrence avec Raúl pour la présidence du Conseil d’État et des ministres ! Malgré une lettre où il admettait des « erreurs », Lage fut destitué de ses autres fonctions importantes au PCC. Il ne restait plus à écarter que le sexagénaire Francisco Soberón, directeur de la Banque centrale, ce qui fut fait début juin 2009. Ainsi était passé à la trappe le « trio de jeunes civils » que Fidel avait désigné, le 31 juillet 2006, pour « superviser en priorité » les fonds correspondant à ses trois programmes chéris : santé, éducation et énergie. Une campagne de rumeurs laissa entendre que Pérez Roque et Lage avaient pu, en réunion privée, se livrer à des moqueries sur les frères Castro. Fidel ne s’opposa pas à leur destitution, déclarant que ces hommes, qui l’avaient bien servi des lustres durant, s’étaient

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