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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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Révolution. Il faut certes joindre à cette « manne » les produits distribués semi-gratis selon la
libreta
, qui permettent de « tenir » jusqu’au 10 du mois. Et encore la Sécurité sociale pour tous, qui est l’évidente raison d’une longévité moyenne très honorable (soixante-dix-huit ans).
    Au nombre des
logros
(acquis) de la Révolution figure aussi, on le sait, l’enseignement gratuit, jusqu’à seize ans. Et, pour faire bon poids, la « récupération d’une dignité nationale bafouée » (par les États-Unis). Maints observateurs, cependant, ont noté la lente dégradation desdits « acquis », en particulier la qualité des soins médicaux pour tous. Est-ce la raison pour laquelle, comme dans l’Union soviétique des années 1970-1980, on enregistre à présent un (léger : 0,1 %) décroît démographique ? En contrepoint de ce bilan traditionnellement mis en relief, le Cubain de la rue, avec cet humour caraïbe qui fait passer bien des choses, liste volontiers les principales difficultés rencontrées au quotidien par l’essentiel de la population : « le petit déjeuner, le déjeuner et le dîner ».
    Le tableau est donc, disons, contrasté. Il l’est d’autant plus que le mythe fondateur par excellence de la Révolution, l’égalité des citoyens, n’est plus une réalité. Tout d’abord, il existe aujourd’hui une privilégiature – à vrai dire peu ostentatoire, car ainsi Fidel y veillait-il, ce qui rend le phénomène moins intolérable pour le Cubain de base. Elle représenteapproximativement 15 % de la population (militaires, membres du PC, chefs des « organisations de masse »…)
    En outre, on note un grand paradoxe : le « déclassement » des « professionnels » (médecins, architectes, enseignants, informaticiens…), voués au misérable salaire moyen du fait qu’ils sont moins aptes que d’autres – moins bien formés qu’eux mais aussi moins inhibés par le regard privé et les interdits publics – à se lancer dans les jobs rentables : ceux liés au tourisme pour l’essentiel (chauffeurs de taxi, bagagistes, serveurs de bar, femmes de chambre…).
    Également en train de « ramer », très en arrière du peloton, sont les Afro-Cubains. Loin d’être cette assez courte minorité que l’on a longtemps voulu faire croire, ils souffrent… du faible taux d’émigration au sein des familles noires – du fait qu’elles ont, en moyenne, accueilli avec plus de faveur que d’autres la Révolution. Ainsi ne bénéficient-elles que de peu de
remesas
en provenance de « parents d’Amérique »
.
    Et il y a encore ceci, mis en lumière par un récent reportage du
Monde
(19 mars 2012). La journaliste Florence Beaugé s’est rendue – rare destination – à Viñales, à 200 kilomètres à l’ouest de La Havane. Ce qu’elle rapporte montre que ceux des paysans qui ne sont pas assez près d’une ville pour y livrer leurs produits, ou ne sont pas dans la « culture reine » du tabac (Viñales en est la région), ou n’ont pas eu la chance, ou l’envie, ou le modeste talent de se reconvertir dans le tourisme sont, quant à eux, laissés en situation de quasi-abandon.
    Si la Révolution castriste a, par ailleurs, su compter sur la générosité déjà signalée, deux décennies durant (1970-1990), du bloc soviétique, puis du Venezuela (1990-2012), elle a, en outre, largement vécu sur les acquis d’avant 1959. Quiconque sort de La Havane historique, restaurée à l’occasion de réunions internationales libéralement accueillies par Fidel, ainsi que des quartiers « bourgeois » de la capitale, ne manque pas d’observer l’état de délabrement des infrastructures de l’île, parc immobilier et routes. Tôt confisquée à la « vermine » contre-révolutionnaire et aussitôt redistribuée, la quasi-totalité des maisons est demeurée dans l’état où elles étaient à la fin des années 1950. Quant à la construction de
solares
(des HLM du type que l’on trouve dans les ex-pays socialistes), elle est loin d’avoir suivi le quasi-doublement de lapopulation en cinquante ans : il manquerait de cinq cent mille à un million de logements (les statistiques cubaines sont souvent ainsi, à 100 % près…) Quant aux transports publics et au réseau routier qui pourrait les favoriser, ils n’ont bénéficié d’aucun activisme dans un pays dont la géographie, terriblement étirée, aurait pourtant dû en faire une priorité.
    Autre thème : dès les années

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