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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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l’impression. Il s’agit, pour l’essentiel, d’une explication véhémente des raisons qui l’ont conduit à rompre avec les méthodes des chefs de l’opposition : « Des discours, du cirque, des parades, des mensonges, des arrangements, des tromperies, des trahisons, des enrichissements indus… » Castro refuse cette idée que la Révolution devrait être repoussée sous prétexte qu’elle va « perturber l’économie du pays » : pour les déshérités, dit-il, « il n’existe pas d’économie ». Il envoie, aussi, un
Message
aux militants orthodoxes – vrai défi à l’appareil de son parti. Une réunion a été convoquée par-dessus la tête des chefs par des sympathisants de Fidel, dont les quelque cinq cents participants ont scandé, quand son discours fut lu : « Révolution, révolution. » Fidel n’avait-il pas dit, avant son départ de Cuba : « L’heure n’est plus à la politique. »
    Tout n’est pourtant pas si lisse pour Castro. Parallèlement aux intrigues, une autre opposition, dure, se dessine enfin. Près de quatre ans après le coup d’État (comme s’il existait, pour les communautés aussi, des délais physiologiques), sous l’impulsion de José Antonio Echeverría, président de la FEU, se crée, à l’automne 1955, un « bras armé » secret de la Fédération, dénommé « Directoire révolutionnaire des étudiants », avatar decelui qui avait conduit la révolution de 1933. Il s’ensuit une intense agitation toute la fin de l’année 1955 avec, pour Batista, son premier Noël chaud.
    Des officiers, de leur côté, multiplient ce que l’on nomme des
tertulias,
des réunions à des fins d’insubordination. Certains trouvent le gouvernement trop laxiste ; d’autres jugent, à l’inverse, que l’opération « démocratisation » n’a été que façade et que Batista devrait céder la place à plus pur que lui – ce pour quoi on les nomme les
Puros
. Le 4 avril 1956, Batista anticipera un soulèvement : une douzaine d’entre eux, dont le colonel Ramón Barquín, attaché militaire à Washington, seront condamnés pour « complot révolutionnaire ». L’embellie « démocratique » de Batista a vécu.
    Fidel, cependant, s’active. Un réseau de courriers se met en place. Ce sont plus que des messagers, au demeurant, qui arrivent de l’île : c’est la fleur du M-26. Car on est déjà dans la préparation d’un retour à Cuba. Castro, en effet, n’a quitté le pays que pour y revenir. Il a même déjà choisi le lieu de son débarquement : l’Oriente. Parce que c’est une zone qu’il connaît ; que, derrière les côtes, se trouvent de rudes montagnes où se cacher, et enfin parce que la région a une réputation de rebelle. La zone du cap Cruz, pointe la plus occidentale de la côte Sud-Est, a été retenue. Déjà Miret étudie le terrain en compagnie de País, coordonnateur du M-26 pour la région. En attendant, la direction a commencé, à Cuba, la sélection des futurs combattants. La méthode est celle, rodée, des révolutionnaires : confier de bénignes tâches de propagande en observant qui y démontre audace et sang-froid ; et on pousse la demande jusqu’à ce que l’implication exclue tout retour en arrière. Ceux qui traversent le tamis sont envoyés à Mexico. Une centaine de candidats est ainsi sélectionnée ; la moitié environ rejoindra les
moncadistas
déjà parés pour l’aventure
.
    À Mexico, le noyau dirigeant s’est ainsi renforcé : Montané et Melba, désormais mariés, ont rejoint les Castro. C’est donc l’esprit tranquille que, le 10 octobre 1955, le
lider
du Mouvement peut prendre le train pour les États-Unis. Il voyage avec Juan Manuel Márquez, un orthodoxe qui a vécu à Miami. Tel Martí au siècle précédent, Fidel va faire la tournée des Cubains exilés « dans les entrailles du monstre ». L’objectif est de recueillir desfonds pour acheter des armes et instruire les combattants. L’équipée durera près de deux mois. Ses temps forts seront New York et la Floride. Le scénario des rencontres est le même : peu d’anticipation, afin de ne pas laisser trop de temps à la police pour enquêter sur Castro ; préparation de la réunion par des sympathisants orthodoxes ; discours enflammé de Fidel devant les participants ; dépôt des dollars dans des chapeaux de cow-boy posés sur la tribune… Au Palm Garden Hall de New York, Castro lance : « En 1956, nous serons libres ou martyrs ! » Et il noue des contacts

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