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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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rapides, agiles et sûrs… Quand il parlait, ses yeux s’allumaient de passion. »
    Le costume marron dont parle Teresa n’appartient pas à Fidel. Lui n’a qu’un costume gris foncé, remontant à la fin des années 1940, assez élimé donc. Comme il était souvent sollicité,dans ces jours difficiles, il avait emprunté un vêtement plus élégant. Fidel, durant ses années d’université, ne mettait jamais la
guayabera
– la chemise-veste nationale. Il était en général en costume, sombre de surcroît, ce qui, sous les tropiques, pouvait passer pour une affectation. Mais ce costume était souvent fatigué. Sur le bateau du débarquement, Fidel a revêtu le même habit militaire que ses camarades. Depuis lors, il n’a pratiquement plus abandonné le
battle-dress
.
    Cependant, à Mexico, des amis de Fidel s’activent. Selon l’intéressé, sa libération serait intervenue à la demande de Lázaro Cárdenas. Si l’affirmation est exacte, elle est passionnante car Cárdenas est l’un des politiques que Castro aurait pu prendre comme modèle s’il avait voulu éviter d’aligner sa révolution sur l’Union soviétique. Élu président du Mexique en 1934, il avait nationalisé le pétrole, au grand dam des États-Unis. Mais Cárdenas n’avait pas surenchéri dans la rhétorique antiaméricaine.
    Le groupe est donc enfin libéré. L’essentiel d’abord : Fidel, Sánchez et un troisième larron le 24 juillet. Il n’était plus question, cependant, de poursuivre à Santa Rosa. Aussi la troupe se disperse-t-elle en cinq unités à travers le pays. Et il faut à présent accélérer les préparatifs.
    Le premier problème est de trouver un bateau. Les fonds collectés ne suffisent pas. Aussi, Castro songe à trouver un bailleur. Il n’en a qu’un à portée : Prío ! Par hostilité à Batista, l’ex-président remet vingt mille dollars à Márquez. Castro découvre alors, en septembre 1956, un yacht de douze mètres ancré près de l’embouchure du fleuve Tuxpán, au nord du site archéologique d’El Tajín. Ce navire de treize ans d’âge appartient à un Américain qui prétend en tirer trente mille dollars et entend solder, en outre, la propriété le long de laquelle le navire est embossé. C’est une grosse somme – et l’on est à quatre mois de la fin de 1956, année déjà dite de la « libération de Cuba ». Fidel arrête sa décision, malgré le médiocre état de l’embarcation. Il envoie Teresa, amie de Prío, à Miami pour le fléchir à nouveau. Par jeu peut-être, l’« authentique » veut alors rencontrer celui qui l’avait étrillé avant le
golpe
de 1952. Castro doit donc jouer le
wetback
(« dos mouillés » – nom donné aux migrants latino-américains). Il traverse le Rio Grande pour entrer, clandestinement, aux États-Unis. L’entrevue a lieu au début de l’automne1956 à McAllen, au Texas, juste de l’autre côté du fleuve-frontière. Prío lui remet cinquante mille dollars. Fidel expliquera à Matthews, après le triomphe de la Révolution : « C’était une époque désespérément difficile. Notre seule préoccupation était la Révolution… Cet argent n’était rien pour lui… Quant à nous, nous n’avons fait aucune concession à Prío. »
    Le
Granma
(Grand-mère) acheté, des charpentiers se mettent à le réparer. Il faut aller vite, car une trahison a eu lieu : celle, disent les fidélistes, de Rafael del Pino, compagnon de l’aventure de Bogota en 1948, passé au Mouvement, et qui s’éclipsa ensuite aux États-Unis pour ne reparaître à Cuba qu’en 1960 à la tête d’un groupe anticastriste et être jeté en prison.
    Cependant, Fidel est un peu moins exclusivement adonné à la préparation du débarquement qu’on imaginerait. Il « fréquente » ! La belle se nomme Isabel (« Lilia ») Custodio. Cette Mexicaine aux cheveux châtains, âgée de dix-huit ans, est la fille d’un émigré républicain espagnol. « Rencontre de deux exilés », analysera-t-elle cinquante ans plus tard dans un livre intitulé
L’amour m’acquittera
. C’est Teresa Casuso, un peu commère, qui a rapporté l’événement. Fidel se sert de Lilia (sa maison deviendra une cache d’armes du groupe), mais il lui propose aussi de l’épouser – « comme ça », dit-elle. La jeune fille, flattée, accepte. Il aime tout d’elle, dira-t-elle, sauf son bikini un peu trop suggestif. Mais Guevara et Raúl sont furieux, et le lui font savoir. De fait, Fidel n’a pas un

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