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Fidel Castro une vie

Fidel Castro une vie

Titel: Fidel Castro une vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Clerc
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instance ; elle sera responsable de tout ce qui a trait à la campagne – c’est-à-dire à la quasi-totalité de l’île. Construction de routes, de logements villageois, etc. : son champ d’action va bien au-delà de la distribution des terres. Puis l’Inra se dotera d’une « section industrie » ! Tous les ministères seront doublés, au sein de l’Institut, par un département homologue. Déjà privé de pouvoirs politiques, legouvernement va perdre ses responsabilités administratives. Un comble sera atteint lorsque l’Institut, à l’automne, se dotera d’un instrument militaire : une milice de cent mille hommes et des unités spéciales, antiaérienne, antitanks, ainsi qu’une école d’artillerie !
    La réforme, évidemment cruciale, des forces armées avance à toute allure. De nombreux officiers ont été mis à la retraite, remplacés par des membres éminents de l’armée rebelle. Un service secret, le Dier, ancêtre du fameux G-2, est créé. Il est confié à Ramiro Valdés, sous la supervision de Raúl. L’ancienne armée sera ainsi « démontée » en douceur avant la fin de 1959.
    Que devient le PSP par ces temps agités ? Il opère un rétablissement discret mais profond. Le 1 er janvier 1959, la plupart des commentaires le présentent comme « le grand vaincu ». Castro a d’ailleurs exigé que le premier gouvernement soit « homogène ». Cela exclut le Directoire, mais aussi les communistes. Le 6 janvier, un décret a « suspendu » tous les partis : le PSP se voit ainsi qualifié par Cienfuegos de « parti comme les autres ». Mais il fait reparaître son quotidien
Hoy
, interdit depuis 1953. Le rédacteur en chef en est Carlos Rafael Rodríguez. D’emblée, le journal flagorne le vainqueur. Le 11 janvier, le PSP publie ses « thèses sur la situation présente » : un appel à radicaliser la Révolution. Un antiaméricanisme prudent y transparaît. Cela ne peut que plaire à Fidel. Le 21 janvier, les communistes sont au premier rang de la manifestation pour la « justice sommaire » : pour le
Lider
, une démonstration que sa popularité politique va au-delà du M-26. Raúl et Guevara présentent au commandant en chef des hommes d’idées marxistes dont ils ont éprouvé la loyauté. Núñez Jiménez est l’un d’eux. Le Che nomme plusieurs communistes à des postes militaires de La Cabaña. Raúl va en pousser dans les services secrets. Fidel lui-même redécouvre des amis qui, à l’université, militaient dans les Jeunesses communistes ; il leur confiera des tâches non négligeables, sûr de leur dévouement, tant le parti doit se faire pardonner.
    Dans un article publié le 8 février par
Bohemia
, Francisco Parès, également correspondant du
Monde
, observe que « le PSP est le parti qui surnage ». Avec une acuité rare, il ajoute : « Le fidélisme de Fidel ne suffira pas à assurer la survie du fidélisme. » Tout indique que le PSP se partage, ces premièressemaines, entre ceux qui, à l’instar de Rodríguez, appuient inconditionnellement Castro, et ceux qui, tel Blas Roca, secrétaire du parti depuis un quart de siècle, souhaitent voir venir. C’est au I er Congrès du parti depuis la chute de Batista, à la fin mai, quelques jours après la publication de la réforme agraire, que la décision sera prise de serrer les rangs derrière Fidel : les hésitants se sont ralliés aux enthousiastes.
    Szulc croit apporter une autre révélation dans son
Fidel
. Des consultations entre le vainqueur de Batista et un petit nombre de hauts responsables du PSP ont commencé « dès les premiers jours » du nouveau régime. Moins de dix personnes (outre le
Lider
, le Che, Cienfuegos, Valdés, Raúl pour les castristes ; et Blas Roca, Rodríguez et Anibal Escalante pour les communistes) étaient dans la confidence de ces réunions – cachées, donc, au Politburo lui-même ! Ces discussions auraient permis d’élaborer la démarche au terme de laquelle le vieux PSP allait se fondre dans un nouveau PC cubain, incluant également les restes du M-26 désarticulé.
    Cette version fait de Castro un parfait machiavélien. Elle a été fournie à l’Américain par des « vieux communistes » – dont Abraham « Fabio » Grobart, un émigré polonais arrivé dans l’île au début des années 1920, cofondateur en 1925 du PC cubain et souvent tenu pour le délégué du Komintern pour l’Amérique latine. Lorsqu’on sait le souci du parti de remonter dans le temps la date de la

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