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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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devant cette même Seigneurie.
    – Mais
apparemment sur une fausse déclaration. Et nous n’aimons pas les fausses
déclarations !
    – Peut-être.
Pourtant vous acceptez comme paroles d’Évangile les accusations de cette femme
qui, hier encore, demandait à mon père d’accorder ma main à son fils ! L’ignominie
de ma naissance ne semblait pas la gêner beaucoup en comparaison de la fortune
qu’elle espérait.., et qu’elle espère encore s’attribuer !
    – Est-ce
vrai ? demanda sévèrement Lorenzo à Hieronyma.
    – C’est
faux, brailla celle-ci. Rien n’est plus faux ! Moi, appartenant à une
noble famille...
    – Tu
voulais que j’entre dans ta maison comme belle-fille. Ta dernière visite, la
veille même de la mort de mon père a eu des témoins. En dépit des menaces que
tu proférais, il a refusé de me marier à ton Pietro..., et, le lendemain, il
était assassiné !
    Hieronyma
hurla comme si un serpent venait de dérouler ses anneaux à ses pieds.
    – Tu
oses m’accuser, toi, une misérable larve qui retourneras bientôt à la fange
dont tu es venue ?
    – Je
n’ai accusé personne, dit Fiora. Mais si tu t’es reconnue, ce n’est pas ma
faute ! Quant à ton témoin, va donc le chercher ! Je sais qui il est :
c’est Marino Betti, l’intendant de notre domaine, un homme que mon père croyait
fidèle parce qu’il l’avait comblé de ses bontés mais dont la rumeur dit qu’il
est ton amant.
    Déchaînée,
prête à se battre devant tous contre cette femme ignoble qui venait de jeter sa
boue sur le suaire immaculé de son père, Fiora allait s’élancer sur elle,
toutes griffes dehors, quand Lorenzo la prit à bras-le-corps et l’obligea à se
tenir tranquille :
    – La
colère t’aveugle, Fiora. Tu dois à présent comprendre que tout ce qui vient d’être
dit est d’une extrême gravité et qu’avec la meilleure volonté du monde nous ne
pouvons plus laisser les choses dans leur état primitif. Soumets-toi de bon gré
au jugement des prieurs ! Je serai là, sois-en certaine.
    – Alors,
toi aussi, tu me refuses le droit de rester auprès de lui jusqu’au dernier
instant ? fit-elle douloureusement en désignant le corps que les six
notables, rigides comme s’ils eussent été changés en pierre, soutenaient
toujours sur leurs épaules.
    – Laisse-moi
te remplacer ! Quand tout sera rentré dans l’ordre tu pourras prier sur sa
tombe autant que tu le voudras...
    Elle
le regarda droit dans les yeux avec un tout petit sourire.
    – Après
ce que tu viens d’entendre, seigneur Lorenzo, souhaites-tu toujours que j’épouse
ton cousin ? murmura-t-elle de façon à n’être entendue que de lui seul.
Luca prétend m’aimer... pourtant, il va me laisser aller seule à un combat dont
dépend ma vie...
    Fiora
ne parlait pas sans raison. Tout à l’heure, en arrivant devant le Duomo, elle
avait aperçu Luca Tornabuoni qui se tenait à la gauche de Giuliano de Médicis.
Il la couvait alors de regards pleins d’amour et cependant, à cette minute, il
avait disparu. Lorenzo à son tour chercha le jeune homme des yeux et rougit,
brusquement, de ne pas le trouver :
    – Je
te demande pardon, fit-il à voix basse. Il se peut que je me sois trompé...
Peut-être n’était-il pas là.
    – Tu
mens bien mal, seigneur Lorenzo...
    – Il
était là, en effet, fit soudain la voix paisible de Démétrios qui venait d’apparaître
derrière le Magnifique. Mais je l’ai vu partir soudainement quand cette femme a
parlé de ta naissance, donna Fiora. Je pense qu’il a dû se rappeler tout à coup
qu’un de ses chevaux était souffrant et réclamait ses soins...
    – Alors,
que faisons-nous ? s’impatienta Petrucchi. Fiora se tourna vers lui après
avoir appelé Léonarde auprès d’elle.
    – Fais-nous
conduire à la Seigneurie... magnifique seigneur ! J’y attendrai la
décision des nobles prieurs. Mais n’oublie pas d’exiger de cette femme qu’elle
produise son témoin !
    Le
témoin en question n’était naturellement pas bien loin. Il sortit de la foule,
les yeux à terre et vint se ranger auprès de celle dont on disait qu’elle était
sa maîtresse. Fiora lui lança, sarcastique :
    – Tu
ne crains pas que l’ombre de mon père vienne tourmenter tes nuits, fidèle
Marino ? A ta place je ne serais pas fier...
    L’homme
ne répondit pas et parut se replier sur lui-même. Mais déjà, les gardes de la
Seigneurie les entouraient, lui et

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