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Fiora et le Magnifique

Fiora et le Magnifique

Titel: Fiora et le Magnifique Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Hieronyma, comme ils entouraient aussi Fiora
et Léonarde. Le clergé, désorienté par ce qui venait de se passer, réapparut
sous le porche pour reprendre la tête du cortège. Les porteurs, visiblement
fatigués, se remirent en marche et Fiora, immobile au bras de Léonarde entre
quatre soldats, regarda disparaître sous le marbre du portail la forme blanche
de son père qu’il lui fallait laisser partir ainsi, dépouillé du seul amour
réel qui lui eût jamais été donné d’inspirer.
    Le
sergent qui commandait les soldats attendit que l’église se fût emplie mais
elle ne pouvait contenir cette énorme foule et l’on dut laisser les portes
ouvertes. Non sans peine, Fiora réussit à renvoyer Chiara. Outrée de ce qu’elle
venait de voir et d’entendre, la jeune fille se refusait farouchement à quitter
son amie. Elle prétendait être conduite, elle aussi, à la Seigneurie comme
témoin, et peut-être Fiora ne fût-elle pas vraiment parvenue à l’éloigner si
son oncle Giorgio Albizzi n’était venu la prendre par le bras :
    – Viens !
ordonna-t-il sèchement. Ta place n’est pas ici.
    En
dépit de son courage, Fiora sentit les larmes lui monter aux yeux en face de
cette froide manifestation de mépris. Albizzi avait été l’ami de Francesco et
cependant, à la première accusation, il se retirait, enlevant à Fiora l’un de
ses plus fidèles soutiens. A travers un humide brouillard, la jeune femme vit
disparaître dans la foule qui la regardait à présent, avec la curiosité
réservée habituellement à la cage des lions, le petit visage en pleurs de sa
seule amie.
    Elle s’en
détourna puis, s’adressant au sergent qui commandait sa garde :
    – Eh
bien ? fit-elle rudement. Qu’attends-tu pour nous emmener ?
    Cette
superbe créature avait tellement d’autorité que le soldat, éberlué, se surprit
à lui répondre :
    – A
tes ordres !
    On se
mit en marche à travers la foule qui s’effaçait devant eux. Par les portes
ouvertes du Duomo, les bouffées orageuses du Requiem venaient
déchirer l’air.
    Après
un instant d’hésitation, la plus grande partie de l’assistance, délaissant des
funérailles bien moins intéressantes que ce qui allait suivre, leur emboîta le
pas. Le chemin n’était pas long du Duomo au Vieux Palais, siège de la
Seigneurie, qui approchait de ses deux siècles et, par la via Calzaiuoli – la
rue des Chaussetiers – on l’eut vite parcouru. Appuyée au bras de Léonarde,
Fiora sentait se renforcer en elle l’impression absurde d’avoir quitté un monde
agréable, doux et soigneusement agencé, pour un autre, menaçant et étranger,
peuplé de visages hostiles et de gosiers crachant l’injure. Tous ces gens qui,
hier, la saluaient d’un compliment, d’un sourire ou même de quelques vers, s’étaient
mués, à la voix vindicative de Hieronyma, en autant d’ennemis qui peut-être l’eussent
lapidée sans la barrière de fer dont on l’avait entourée.
    – Pourquoi,
murmura Léonarde qui s’efforçait de ne pas entendre les injures qui jalonnaient
leur route, pourquoi ne pas leur dire que vous n’êtes plus de cette ville, que,
par votre mariage, vous êtes une noble dame de notre Bourgogne ?
    – Parce
que je n’ai aucune preuve de mon mariage. Je ne sais où mon père les a
rangées...
    – Moi
je le sais. La nuit qui a précédé sa mort, votre père m’a appris bien des
choses...
    – Dont
vous ne pourrez peut-être pas vous servir. Nous ne pouvons savoir ce qu’il va
advenir de nous et c’est pour vous que je crains le plus...
    – Parce
que je peux raconter l’histoire autrement que ne le fera Hieronyma ? N’ayez
crainte, je sais me défendre. Et puis, je crois sincèrement que vous pouvez
compter sur le seigneur Lorenzo. Il semble décidé à vous soutenir en défendant
la mémoire de votre père...
    – C’est
pourquoi je ne peux proclamer mon mariage avec Philippe. Ce serait risquer de
perdre mon dernier défenseur. Et le plus puissant. Mais j’y pense : savez-vous
où est Khatoun ? Je ne l’ai pas vue depuis que nous avons quitté la
maison...
    – Elle
doit y être encore. Elle ne voulait pas assister à l’enterrement de messer
Francesco parce qu’elle craint l’appareil de la mort presque autant que la mort
elle-même...
    – J’aime
autant cela. Cette abominable Hieronyma, qui n’a jamais été assez riche pour s’offrir
une esclave, aurait été capable de la faire vendre aux enchères publiques

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