Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
ses
cauchemars ! Seulement, à présent, j’ai une petite fille, que j’aime et
dont j’ai dû me séparer. Alors, j’entends qu’au moins mon sacrifice serve à
quelque chose. Il est plus que temps que j’aie avec Philippe une explication
définitive...
    – Si
définitive que cela ? Dites-lui donc, surtout, qu’il a un fils ! Je
serais fort étonnée que cette nouvelle ne change pas sa façon de voir les
choses ! Mais... envisageons le pire : que ferez-vous s’il vous
repousse ?
    Fiora
ne répondit pas tout de suite. La question dans sa brutalité l’avait frappée de
plein fouet et la douleur qu’elle en ressentit lui fit comprendre que jamais
elle ne pourrait chasser de son cœur l’image de Philippe. Pourtant, à cet
instant, elle eût mieux aimé mourir que d’en convenir. Avec une soudaine
violence, elle lança :
    – En
ce cas, rien ne me retiendrait ici ! Je prendrais mes deux enfants dans
mes bras et nous repartirions pour Florence. Avec vous, bien sûr. Au moins,
là-bas, je serais entourée de gens qui m’aiment !
    Le
lendemain matin, laissant Léonarde poursuivre, en compagnie du chapelain d’Antoine
de Bourgogne, son chemin vers la maison aux pervenches, Fiora, suivie d’un
Florent épanoui de bonheur, reprenait à grande allure la route de Paris qu’elle
voulait traverser sans s’arrêter afin de gagner les Flandres.
     

CHAPITRE IX A BRUGES...
     
     
     
    Si
Léonarde, de retour au logis s’efforçait de calmer ses appréhensions en
espérant que la longue course à travers le nord de la France calmerait la
colère de Fiora, elle se trompait. Tandis que son cheval – elle avait, à
Beaugency, troqué ses mules contre deux solides montures – l’emportait vers le
palais de Marie de Bourgogne, la jeune femme ne cessait de remâcher ses griefs
et sa déception. Cette fois, personne ne pouvait lui attribuer la moindre
responsabilité dans l’étrange comportement de son époux. En fait, la vérité
apparaissait, aveuglante de clarté, et tenait en quelques mots : Philippe
ne l’avait jamais aimée réellement !
    Il la
désirait, oui, et de cela elle était sûre. D’ailleurs, quel était l’unique
droit d’époux exigé lors de la conclusion de leur mariage : une seule nuit !
Certes, plus tard, en retrouvant Fiora captive du Téméraire, sa jalousie s’était
éveillée en apprenant ce que la jeune femme appelait « l’épisode
Campobasso » et, après la chute de Nancy, il l’avait aimée
passionnément... pendant trois nuits. Mais ensuite ? Eh bien ensuite, il n’avait
eu qu’une idée : aller se battre pour la duchesse Marie, rejoindre la
duchesse Marie, se faire le chevalier de la duchesse Marie... cette
insupportable duchesse Marie vers laquelle il s’était hâté de retourner dès qu’il
avait pu fausser compagnie aux chartreux de Villeneuve ! Et à présent, c’était
dans l’entourage de cette femme qu’on allait le retrouver ! C’était une
vraie princesse, elle, née sous les plafonds dorés d’un palais et pas sur la
paille d’une prison. En outre, on la disait ravissante et, comme si ces atouts
ne suffisaient pas, elle possédait la plus incomparable des auréoles : elle
était la fille du Téméraire, ce prince à présent quasi légendaire que Philippe
vénérait autant et plus que s’il eût été son père !
    A
mesure que passait le temps et que défilaient les lieues sous les sabots du
cheval, cette idée s’ancrait davantage dans l’esprit de Fiora et devenait
évidence, irritante comme une brûlure en voie de guérison : on la gratte
et, du coup, elle se creuse, pour finir par s’envenimer...
    De son
côté, Florent, sa première joie passée, se sentait envahi d’une inquiétude qui
allait grandissant. La femme au visage fermé, aux yeux durs, qui chevauchait
auprès de lui tout le jour sans dire un mot, qui, le soir venu, s’enfermait
dans une chambre d’auberge pour y prendre l’indispensable repos en le laissant
libre de sa soirée, n’était plus, ne pouvait être cette donna Fiora qu’il
adorait en silence. Sans rien savoir de ce qui l’avait déterminée à ce voyage
insensé alors qu’elle était à peine remise de ses couches, le jeune homme
devinait qu’il s’agissait d’une chose grave, d’une chose qui la faisait
souffrir. Aussi en venait-il à espérer et à craindre à la fois de voir surgir
de l’horizon cette ville de Bruges qu’il connaissait un peu pour y avoir
accompagné, jadis,

Weitere Kostenlose Bücher