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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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à faire, il avait choisi ce soir-là de la recevoir seule
à sa table, ce dont Fiora lui fut reconnaissante. Pour la mettre en confiance,
le Grand Bâtard Antoine commença par expliquer sa présence : il se rendait
au château du Plessis-Lès-Tours pour remercier le roi qui non seulement l’avait
confirmé dans la possession de ses terres bourguignonnes annexées à ce jour,
mais les avait augmentées.
    – Je
ne crois pas, ajouta-t-il, avoir mal choisi en reconnaissant Louis de France
comme suzerain. Si ma nièce Marie avait décidé de régner seule sur les États de
Bourgogne, j’aurais mis avec joie mon épée à son service, mais faire entrer
dans l’empire allemand cet autre empire qu’étaient les possessions des Grands
Ducs d’Occident, je ne peux l’admettre. Bourgogne est née de France, ses
princes descendaient de saint Louis et les fleurs de lys ne peuvent servir de
pâture aux aigles allemandes. En outre, Maximilien n’est qu’un oison décoratif
alors que le Valois est un grand souverain, même avec tous ses défauts et même
s’il est beaucoup moins décoratif. Il serait temps que Selongey s’en rende
compte...
    – Je
ne suis pas certaine qu’il y parvienne jamais, Monseigneur, et j’ai bien peur
de ne pas être étrangère à cet état d’esprit.
    – Vous
me disiez en effet ne pas l’avoir rencontré depuis deux ans ? Que s’est-il
donc passé ? Vous disposez à présent du temps nécessaire pour me conter
cette longue histoire, et croyez que je ne suis poussé par aucune curiosité
déplacée, mais bien par l’amitié que j’ai toujours portée à votre époux et par
l’estime qu’au cours de cette dernière année si terrible j’ai conçue pour votre
courage. Quel âge avez-vous, donna Fiora ?
    – Vingt
et un ans, Monseigneur.
    – J’en
ai cinquante-huit. Je pourrais être votre grand-père et, si je tiens à le
souligner, c’est pour que vous sachiez que vous pouvez attendre de moi
compréhension... et indulgence.
    – J’en
aurai besoin car si nous nous sommes séparés, à Nancy, Philippe et moi, je
crains d’en être la responsable. Alors que j’espérais en avoir fini avec une
séparation qui n’avait que trop duré, il ne songeait qu’à m’enfermer à Selongey
pendant qu’il continuerait à se battre pour Madame Marie. Je ne l’ai pas supporté
et...
    – Et
la séparation s’est éternisée. Je vous ai promis indulgence, ma chère enfant,
mais la femme est avant tout la gardienne du foyer. Madame Jeanne-Marie, ma
belle épouse, n’a guère quitté, durant ces années difficiles, notre château de
Tournehem qui lui vient de son père. Elle y a élevé nos enfants... mais je vous
demande excuses : c’est à vous de parler et peu vous importent les
histoires d’un vieil homme.
    Ainsi
mise en confiance, Fiora parla longtemps, sans chercher à minimiser ses torts
envers son époux, mais en prenant soin tout de même de passer sous silence l’aventure
passionnée vécue avec Lorenzo de Médicis et ses conséquences récentes. Son
histoire s’arrêta à la chartreuse du Val-de-Bénédiction...
    – La
trace de Philippe s’efface au seuil du couvent et nul n’a pu me dire ce qu’il
est devenu. Vous l’avouerai-je : je crains fort qu’il ne soit perdu à
jamais. A-t-il suivi les pèlerins jusqu’au bout ? Est-il revenu avec eux ?
Mais ensuite, où serait-il allé ? Quelqu’un aura-t-il eu pitié de cet homme
sans mémoire ? La pensée qu’il ait pu mourir de misère sur quelque chemin
perdu a hanté mes nuits bien souvent... mais où chercher à présent ?
    Le
page serveur ayant été renvoyé depuis un moment, le Grand Bâtard emplit la
coupe de Fiora, se servit et, plongeant dans les grands yeux couleur de nuage
son regard souriant :
    – Pourquoi
pas à Bruges ? proposa-t-il.
    – A
Bruges ? Mais il y a longtemps qu’il a quitté cette ville.
    – Une
excellente raison pour y revenir. C’est une fort belle cité, qui vous plairait,
je pense...
    Le
cœur serré, Fiora, déçue et vaguement indignée, posa sur lui un regard
assombri.
    – C’est
mal, Monseigneur, de vous moquer de moi.
    – Mais
je ne me moque pas de vous. Je considère même notre rencontre comme plus
heureuse encore que je ne le pensais, et Dieu doit y être pour quelque chose.
Je peux vous assurer, de source sûre, que Selongey se trouvait à Bruges à la
Noël dernière.
    – Ce
n’est pas possible ?
    – Pourquoi
donc ? Quelqu’un qui me

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