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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’hôtel des Monnaies.
    – Voilà
qui m’éclaire ! Passons à ma seconde question : qui dirige ici le
comptoir de la banque Médicis ?
    – Cela
aussi, c’est facile : messer Tommaso Portinari. Il habite, dans la
Naaldenstraat, l’ancien hôtel de messire Bladelin qui fut trésorier de l’ordre
de la Toison d’or
    – Voyez
avec mon serviteur s’il connaît ce chemin-là ! Je vais me rafraîchir un
peu, puis me rendre chez messer Portinari avant le souper.
    – Si
je peux me permettre un conseil, noble dame, les affaires de messer Portinari
ne vont pas au mieux depuis la mort de Monseigneur le duc Charles auquel il
avait prêté beaucoup d’argent. Peut-être un autre banquier florentin serait-il
plus intéressant...
    – Qui
vous dit que j’aie besoin d’un banquier « intéressant » ? Le
mandataire des Médicis est le seul qui me convienne.
    Ainsi
remisé, Cornélis s’inclina et conduisit lui-même sa peu facile cliente à sa
chambre. Un moment plus tard, Fiora, débarrassée de la poussière de la route et
sévèrement vêtue de drap gris et de renard roux, se faisait annoncer chez le
banquier en tant que Fiora Beltrami.
    A l’empressement
avec lequel on la reçut, elle pensa d’abord que le nom de son père défunt
représentait encore quelque chose, mais elle ne tarda pas à comprendre son
erreur, et aussi que les potins florentins se répandaient à travers l’Europe
avec une grande rapidité. De toute évidence, l’accueil de Tommaso Portinari s’adressait
davantage à la dernière favorite de Lorenzo de Médicis qu’à la fille de feu
Francesco Beltrami.
    Dans
la grande pièce austère, habillée tout de même d’une tapisserie mais dont le
meuble principal était un énorme coffre bardé de fer, Fiora vit s’incliner
devant elle un gros homme aux cheveux rares et au teint brun, pourvu d’un
double menton et dont le ventre emplissait une belle robe de fin drap ponceau
garni de fourrure.
    – Pourquoi
ne m’avoir pas annoncé votre venue, donna Fiora ? reprocha-t-il en avançant
un siège adouci de carreaux de velours bleu. J’aurais eu le temps de mettre ma
modeste maison en état de recevoir l’Étoile de Florence...
    – Les
nouvelles ne vous parviennent pas vite, fit Fiora avec un demi-sourire. Il y
aura bientôt un an que j’ai quitté notre chère cité pour aller régler en France
certaines affaires.
    – C’était,
je l’espère, avec l’accord du magnifique seigneur Lorenzo ?
    – Son
plein accord, soyez sans crainte ! Ces mêmes affaires d’ailleurs m’ont
conduite ici un peu impromptu, mais, ne comptant pas séjourner longtemps, je
viens vous voir dès mon arrivée. Non pour vous demander l’hospitalité,
rassurez-vous, je me suis logée à la Ronce Couronnée. Cependant, vous pouvez
tout de même me venir en aide.
    – Ah !
fit-il avec un coup d’œil vers le coffre qui en disait plus qu’un long discours ?
C’est que... je ne suis guère en fonds aujourd’hui. Je suppose, ajouta-t-il
avec un visible embarras, que Monseigneur Lorenzo est mal disposé envers moi
car, en dépit de ses ordres, ma banque a versé de l’or au défunt duc Charles de
Bourgogne. Mais il devrait comprendre qu’habitant Bruges, je ne pouvais me
dispenser de contribuer à l’effort de guerre que l’on a exigé d’elle.
    – Et
qu’elle a fermement refusé, ainsi que les autres cités flamandes ! Il se
trouve que j’ai approché le duc Charles dans les derniers mois de son
existence...
    Portinari
devint très rouge, son visage prit une curieuse couleur de vieille brique :
    – Moi,
il m’était impossible de refuser, car le duc m’honorait d’une toute
particulière amitié. D’autre part, je crois savoir que votre père lui-même a
versé une forte somme... On a parlé de cent mille florins d’or...
    – Ma
dot ! coupa Fiora sèchement, offerte par mon époux le comte de Selongey à
son suzerain. De toute façon, et si dépourvu que vous soyez, messer Portinari, je
suppose que vous pouvez tout de même honorer cette lettre de change,
ajouta-t-elle en tirant de son escarcelle un papier soigneusement plié.
    Après
la naissance de Lorenza-Maria, elle s’en était fait établir deux par Agnolo
Nardi, pensant qu’elle pourrait en avoir besoin car il n’était pas prudent de
courir les routes avec beaucoup d’or.
    Le
banquier prit la lettre et la parcourut rapidement, après quoi son visage s’éclaira :
    – Cent
ducats ? Bien sûr ! Nos

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