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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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conseillers !
    Sans
la moindre retenue et à la grande frayeur de Fiora, la vieille demoiselle se
mit à rire :
    – Je
gage que ce bon conseiller est votre Olivier le Daim... ou le Diable, comme
disent les bonnes gens de par ici ?
    – Le...
Diable ? fit le roi en se signant précipitamment deux ou trois fois avant
de baiser la médaille qui pendait à son cou.
    – Il
faut dire que le mot lui convient assez bien. En outre, il ferait n’importe
quoi pour obtenir cette belle maison aux pervenches où nous avons été si
heureuses. Il a même tenté de nous faire tuer !
    – Laissons
cela pour le moment. Prétendez-vous que cette lettre soit un faux ?
    – Ma
main au feu, Sire ! D’ailleurs... si vous voulez bien m’excuser, je
reviens dans un instant.
    Et,
ramassant ses longues robes de velours prune, elle quitta la chambre royale
aussi vite que le permettaient des jambes ayant perdu la jeunesse depuis
longtemps, laissant le roi et Fiora aussi stupéfaits l’un que l’autre.
    – Mais...
où va-t-elle ? murmura la jeune femme, se parlant à elle-même plus que
posant une question.
    Et
Louis XI. répondit, lui aussi avec un grand naturel :
    – Là
où je l’ai logée avec votre fils : dans l’appartement qui est celui de mes
filles quand elles sont au Plessis, ce qui est rare.
    Puis,
soudain furieux :
    – Vous
ne me pensiez pas assez cruel, j’espère, pour jeter en prison un enfant de deux
ans ?
    Une
grande joie inonda Fiora, lui faisant oublier ce que sa propre situation pouvait
avoir d’incertain, et même de dangereux, avec un homme du caractère de cet
étrange souverain. Son petit Philippe était tout près d’elle, peut-être
réussirait-elle à obtenir la permission de l’embrasser au moins une fois ?
    Le
temps lui manqua pour s’interroger davantage. Léonarde revenait avec une liasse
de papiers. Les délivrant du ruban qui les retenait, elle les offrit au roi
avec une révérence, un peu tardive peut-être.
    – Moi,
Sire, expliqua-t-elle, je ne jette jamais rien. Surtout ce qui est écrit.
    – Qu’est-ce
que cela ? On dirait des brouillons ?
    – Ce
sont des brouillons, Sire ! Ceux de donna Fiora quand, cette fameuse nuit,
elle s’acharnait à écrire cette maudite lettre. Vrai Dieu ! Elle n’en
sortait pas ! Mais le Roi peut voir qu’il n’y a là rien d’offensant pour
Sa Majesté ! Tenez, Sire ! Celle-ci surtout ! Il n’y manque que
les salutations... mais il y a un pâté d’encre ! Alors, on l’a refaite.
    Soigneusement,
le roi examina ce qu’on lui apportait, reprit la lettre et compara, puis roula
le tout :
    – Je
garde ceci... mais vous avez dit, il y a un instant, dame Léonarde, que messire
le Daim avait tenté de vous faire tuer ?
    – Sans
messire Mortimer et messire le grand prévôt, nous y passions et nous serions en
train de pourrir sous quelques pieds de terre dans la forêt de Loches.
    – Comment
se fait-il que Tristan l’Hermite ne nous en ait rien dit ? fit le roi avec
sévérité.
    Léonarde
haussa les épaules :
    – Parce
qu’il est comme nous autres, Sire : il n’a pas de preuves. Rien que les
aveux d’un bandit qui ignorait le nom de son client.
    – Je
vois ! Eh bien... vous pouvez vous retirer, dame Léonarde. Le roi vous
remercie...
    – Puis-je
l’emmener avec moi ?
    Elle
avait entouré de son bras les épaules de Fiora qui, accablée de fatigue à
présent, appuyait sa tête contre elle.
    – Non.
Il faut que nous réfléchissions à tout ceci. Pour l’heure présente, donna Fiora
va être ramenée dans sa prison...
    – Sire !
supplia la jeune femme, laissez-moi au moins embrasser mon fils ! Ou
alors... permettez à Léonarde de venir avec moi. Khatoun suffira à s’occuper de
l’enfant.
    – Khatoun
a disparu ! dit Léonarde le visage soudain fermé. Je ne sais pas où elle
est.
    – Ah ?
En ce cas, allez vite, chère Léonarde. Mon petit a besoin de vous plus que
moi... Allez, vous dis-je ! Il ne faut pas contrarier le Roi. N’oubliez
pas que mon sort est entre ses mains.
    – C’est
bien ainsi que nous l’entendons ! Gardes ! dit-il d’une voix forte
qui fit rouvrir aussitôt la porte de sa chambre.
    Fiora
salua profondément puis, la mort dans l’âme, suivit les soldats qui allaient la
ramener chez elle. Elle emportait l’image de Louis XI, un coude posé sur le
bras de son fauteuil et le menton dans la main. Jamais elle ne lui avait vu
visage aussi dur ni regard aussi

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