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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Luca
Tornabuoni, magnifiquement vêtu à son habitude, s’inclina devant le roi qui lui
sourit gracieusement. A son aspect Fiora ne tressaillit même pas. Que son
ancien amoureux fût là, devant elle, et qu’il fît partie de ses accusateurs ne
la surprenait pas. Il avait dû se donner beaucoup de mal pour obtenir d’être l’envoyé
de Lorenzo auprès du roi de France, mais, lors de leur dernière rencontre, elle
avait senti qu’il était devenu son ennemi et ferait tout pour se venger d’avoir
été par elle dédaigné... Et, comme il jetait vers elle un regard accompagné d’une
ombre de sourire, elle détourna les yeux avec un écrasant dédain...
    – Vous
nous avez bien dit tenir de source sûre, messire ambassadeur, que la dame de
Selongey – que vous connaissez depuis longtemps ?
    – Depuis
l’enfance, Sire, et...
    – Que
la dame de Selongey, disions-nous, a mis au monde secrètement, à Paris, une
fille qui serait en fait tout à fait légitime si sa conception ne prouvait qu’elle
a pu joindre en grand secret et pour comploter avec lui, ce rebelle notoire qu’est
son époux ?
    – En
effet, Sire. Je l’ai dit et le répète, car ma source est des plus sûres...
    – Une
servante, semble-t-il ? Une ancienne esclave qui aurait eu... des bontés
pour vous ?
    – C’est
de Khatoun que vous parlez ? s’écria Fiora incapable de se contenir. De
Khatoun que vous avez failli massacrer à Florence et qui serait à présent votre
maîtresse ?
    Le
sourire railleur de Tornabuoni lui donna envie de lui sauter à la gorge :
    – Pourquoi
pas ? Elle est charmante et experte aux jeux de l’amour. Je l’ai
rencontrée un jour par ici, fort dolente car vous l’aviez abandonnée pour
courir les routes avec un valet. Seulement, elle savait pourquoi vous alliez à
Paris...
    – Elle
le savait, en effet, mais elle savait aussi que je n’avais pas rencontré mon
époux depuis deux ans. J’ignore pourquoi elle a fait ce mensonge...
    – Mensonge ?
Il vous plaît à le dire, belle Fiora. Pour ma part...
    – Pour
votre part, reprit le roi d’une voix tout à coup sévère, nous espérons que vous
êtes prêt à soutenir votre... vérité les armes à la main et contre tout
champion qui se présentera pour défendre la cause de la dame de Selongey...
    – Un
duel ? mais je suis un ambassadeur, Sire !
    – Un
ambassadeur qui s’est mêlé de ce qui ne le regarde pas doit subir nos lois
comme nos sujets. De toute façon, nous comptons bien prévenir notre bon cousin
le seigneur Lorenzo de Médicis de notre intention de vous envoyer soutenir vos
dires en champ clos.
    – Sire !
    – Rassurez-vous !
vous n’irez pas seul. J’ai parlé de deux personnages et je pense, messire
Olivier le Daim, que vous aurez à cœur, vous aussi, de soumettre au jugement
divin cette fameuse lettre que vous nous avez vous-même remise en certifiant
son authenticité... et en réclamant certain manoir pour prix de ce service.
    A son
tour, le barbier effaré apparut sur le devant de la scène :
    – Mais,
Sire notre roi... je ne suis pas chevalier et ne saurais me battre !
    – Pas
chevalier ? Vous dont j’avais fait mon ambassadeur auprès de la ville de
Gand ? Voilà une faute grave que nous nous reprocherons longtemps, mais,
soyez en repos, nous avons le temps de vous adouber avant la rencontre...
    – Le
Roi veut vraiment... m’envoyer en lice ?
    – En
compagnie de messire Tornabuoni. Vous serez deux contre un champion unique.
Nous faisons ce choix étrange justement parce que vous êtes peu expérimenté à l’épée...
    – En
revanche, au poignard et de préférence dans le dos, il ne craint personne !
clama Douglas Mortimer qui, abandonnant son poste de garde, vint se placer
devant Fiora. Avec votre gracieuse permission, Sire, je serai le champion de
donna Fiora ! Et je tuerai ces deux misérables aussi vrai que je m’appelle
Douglas Mortimer des Mortimer de Glenlivet... Et davantage encore s’il plaît au
Roi de m’envoyer cinq ou six ribauds de cette sorte !
    Oh !
la joie de sentir auprès de soi cette force tranquille, cet ami sûr ! Fiora
leva vers Louis XI un regard plein d’espérance... mais celui-ci fronça les
sourcils :
    – Paix,
Mortimer ! Pâques-Dieu, vous êtes à notre service, pas à celui des dames !
Votre sang ne doit couler que pour la France. Aussi récusons-nous votre
proposition... Il faudra qu’un autre champion se présente. De l’issue du

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