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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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sais ?
    – Lui
aussi, sans doute. Et peut-être plus que tu ne le crois.
    – Folle
que tu es ! Tu as trop d’imagination... Pendant ce court aparté, les deux
hommes avaient gravi les quelques marches couvertes de tapis rouges mais, au
lieu de s’asseoir, ils vinrent droit à Fiora qui plongea aussitôt dans une
profonde révérence, offerte à l’un comme à l’autre. La voix de Lorenzo résonna,
curieusement métallique :
    – Vous
m’avez dit, sire ambassadeur, l’amitié qui vous unit à la plus belle de nos
dames, et je crois aller au-devant de votre désir en vous conduisant à elle
sans attendre.
    – C’est
vrai, Monseigneur, et je vous en rends grâce. Madame la Comtesse de Selongey,
ajouta-t-il en français, ce m’est une joie profonde de vous retrouver et de
vous saluer en mon nom comme en celui du roi, mon maître.
    Il y
eut un silence. Fiora, bouleversée d’entendre prononcer ce nom qui n’était plus
le sien, resta un instant sans voix et serra l’une contre l’autre ses mains
tremblantes sans même songer à rendre son salut au visiteur.
    – Sire
Philippe, murmura-t-elle. Je vois derrière vous messire Mortimer. Il a dû vous
dire que je n’ai plus le droit de porter ce nom...
    – Certes,
certes chuchota Commynes. Mais... pour que vous ne soyez plus l’épouse du comte
de Selongey, il faudrait qu’il soit mort. Or... il ne l’est pas.
    – Qu’est-ce
que vous dites ?
    – La
vérité. Pour ce que j’en sais jusqu’à présent, messire Philippe est vivant.
Allons, mon amie, remettez-vous ! Peut-être ai-je été un peu brutal, mais
j’étais si sûr de vous apporter une grande joie...
    – Vous
n’en doutez pas, j’espère ? Oh ! ... il me semble que je perds la
tête. Cette exécution...
    – ...
n’a pas été jusqu’à son terme sanglant. Le gouverneur de Dijon avait ordre de l’arrêter
au moment suprême. L’épée du bourreau n’a pas effleuré votre époux.
    Sans
souci du protocole, Fiora se laissa retomber sur son siège, luttant contre l’envie
de pleurer et de rire tout à la fois. Vivant ! Philippe était vivant !
Il respirait toujours, quelque part sous ce ciel infini ! Elle le
reverrait, le toucherait, retrouverait ses yeux, son sourire, la chaleur de ses
mains ! Les yeux noyés de larmes, elle regarda Commynes qui se penchait
sur elle avec inquiétude :
    – Madonna !
Vous êtes bien pâle... et vous pleurez !
    – De
joie ! Oh, mon ami, vous avez été bien imprudent ! Ne savez-vous pas
qu’un trop grand bonheur peut tuer ?
    – Pardonnez-moi,
alors ? Nous parlerons plus tard, car j’ai beaucoup à vous dire...
    Laissant
Fiora à son amie qui lui offrait un mouchoir imbibé d’une eau de senteur, il
rejoignit Lorenzo déjà installé à sa place. Les trompettes sonnaient de
nouveau.
    – Tu
ne vas pas t’évanouir, au moins ? fit Chiara inquiète. Tout le monde te
regarde, sais-tu ?
    – Eh
bien, qu’ils me regardent ! Pour une fois qu’ils ont l’occasion de voir
une femme heureuse, follement heureuse !
    – Tu
ne semblais pas si malheureuse jusqu’à présent ?
    – L’étais-je
vraiment ? C’est vrai que je me sentais bien et que j’éprouvais une sorte
de joie, faite de beaucoup d’orgueil, je crois... mais c’est tellement
différent ! Comment t’expliquer ? C’est comme si tout venait d’exploser
en moi d’un seul coup...
    Chiara
ne répondit pas. Son regard chercha Lorenzo et, croisant le sien, crut y lire quelque
chose qui ressemblait à de la douleur. Fiora, elle, ne le voyait pas, ne le
voyait plus... sa pensée était loin, déjà, à des centaines de lieues de cette
ville qu’elle aimait cependant et où, il y a quelques instants seulement, elle
souhaitait de rester pour toujours. Mais Fiora était partie à la rencontre de l’homme
qu’elle ne pouvait cesser d’aimer.
    Ce
soir-là, elle ne parut pas au bal du palais Médicis. Après la course, elle se
fit accompagner à Fiesole par deux valets des Albizzi :
    – Tu
diras à messire de Commynes que j’attends sa visite, confia-t-elle à son amie.
    – Vous
auriez pu vous parler ce soir ?
    – Non.
Pas dans un bal ! J’ai besoin de calme, Chiara. Il faut que je rentre chez
moi.
    – Quelque
chose me dit que tu y es déjà rentrée...
     

CHAPITRE III IL NE FAUT
JAMAIS DIRE ADIEU...
     
     
    – Où
est-il ?
    Philippe
de Commynes décroisa ses longues jambes et, s’accoudant aux bras de son siège,
joignit les doigts de

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