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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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touffes de roses et les grands
bouquets de lauriers chargés de fleurs, la jeune femme sentait son cœur se
serrer un peu. Cet endroit prenait soudain, comme la maison elle-même, l’aspect
fragile et menacé des choses que l’on va quitter. Voyant une larme perler à ses
cils, Démétrios qui l’observait sans en avoir l’air serra plus fort le bras
posé sur le sien :
    – Tu
regrettes de partir ?
    – Un
peu, oui... Pourtant, tu n’imagines pas quelle hâte j’ai de rejoindre Philippe.
Nous avons tant de bonheur gaspillé stupidement à rattraper. Il m’est de plus
en plus difficile de me comprendre moi-même... C’est comme si deux femmes vivaient
en moi...
    – Ce
n’est pas « comme si ». C’est tout à fait certain. Tu tiens à
Florence par les racines d’une enfance et d’une adolescence heureuses et tu
tiens à ton époux par l’émerveillement d’un amour passionné. Et si tu souffres
de t’en aller, c’est que tu redoutes un peu ce qui t’attend là-bas. N’ai-je pas
raison ?
    – Tu
as toujours raison. Nous nous connaissons si peu, Philippe et moi, et nous
savons si bien nous faire souffrir !
    – Veux-tu
dire que, s’il n’y avait pas ton fils, tu hésiterais à repartir ?
    – Non,
non, pas un instant ! Ma vie, c’est Philippe et, quelles que puissent être
les épreuves à venir, je ne renoncerai jamais à lui.
    Les
pas des deux promeneurs les avaient conduits au bas du jardin, près de la
grotte que Démétrios désigna du menton :
    – Et...
celui-là ?
    – Il
m’oubliera. D’autant plus vite qu’il va devoir défendre sa ville. En outre,
elles sont nombreuses, les Florentines qui rêvent de lui. Bartolommea dei
Nasi... et combien d’autres ?
    – Tu
as peut-être raison. Mais toi, est-ce que tu l’oublieras ?
    – Jamais...
et pourtant, je l’oublie déjà.
    – Voilà
une réponse intéressante, mais peut-être un peu difficile à comprendre ! Même
pour un homme qui croyait connaître les femmes !
    – Sans
doute parce que c’est difficile à expliquer. Lorenzo m’a permis de moins
souffrir d’une blessure que je croyais inguérissable et qui l’était.
Simplement, il m’a rendu la chaleur et le goût de la vie, de même que je l’ai
aidé à calmer la souffrance causée par la mort de son frère.
    – Et...
s’il souhaitait te garder envers et contre tout ?
    – Tu
veux dire... de force ?
    – Pourquoi
pas ?
    – Non.
Pas lui. Tu sais qu’il aime à dire qu’il faut se hâter d’être heureux, car nul
n’est sûr du lendemain. Il sait prendre l’instant et en jouir intensément. Mais
je suis certaine qu’il a compris que... le lendemain est arrivé.
    Démétrios
ne répondit pas. Pendant un moment, lui et Fiora cheminèrent en silence jusqu’au
champ d’oliviers qui s’étendait au bas du jardin et marquait sa limite. Ils
marchèrent un instant sous le feuillage argenté, puis le Grec s’arrêta près d’un
tronc noueux, cassa une petite branche où pendait un fruit vert et la considéra
un instant avant de la tendre à la jeune femme :
    – Garde
ce rameau précieusement : il te fera souvenir de moi.
    – Est-ce
que... tu vas me laisser partir seule ? fit-elle, soudain peinée. J’espérais
que toi et Esteban reviendriez en France ?
    – Non,
Fiora. C’en est fini pour moi des errances. Je suis trop vieux à présent et si
tu veux me permettre de continuer à vivre dans cette maison avec mon fidèle
Esteban, je n’en demanderai pas davantage à l’existence. Et puis... je ne suis
pas certain que dame Léonarde soit disposée à tuer le veau gras en mon honneur.
    – Elle
sera tellement heureuse de me revoir qu’elle t’accueillera à bras ouverts. Je
crois qu’elle t’aimait bien, au fond.
    – Perds
donc cette habitude de prêter aux gens les sentiments que tu éprouves ! Léonarde
ne m’a jamais aimé, et même elle me redoutait. Non sans raison peut-être, mais
là n’est pas la question. Je veux rester ici car ce beau pays est celui qui
ressemble le plus au mien... et j’y ai enfin trouvé la paix.
    Du
bout du doigt, Fiora caressa la petite branche, puis elle sourit :
    – Cette
paix dont tu viens de m’offrir le symbole ?
    – Oui,
et c’est plus sérieux que tu ne le crois. Veux-tu me faire une promesse, Fiora ?
    – Si
tu y tiens.
    – J’y
tiens beaucoup. D’abord, tu ne diras pas à Lorenzo ce que tu m’as confié. Il t’aime
peut-être plus que tu ne le crois et, de toute

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