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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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auprès de vous. J’en
serais... très malheureux.
    – Pourquoi ?
Notre mariage est nul, vous le savez à présent, mais nous restons unis par une
véritable affection. Je n’ai jamais eu de frère, Carlo, il faut que vous
acceptiez ce rôle !
    – Qu’ai-je
fait, mon Dieu, pour mériter cette joie ? Jamais femme n’aura eu frère
plus tendrement attaché. Mais ne me demandez pas de paraître à ce repas.
    Voyant
approcher les promeneurs, il repoussa du bras les mèches humides qui collaient
à son front et leur fit un signe joyeux. Depuis qu’il avait retrouvé la vie
campagnarde, Carlo semblait moins malingre et sa longue figure pâle prenait peu
à peu les couleurs de la santé.
    – Tu
ne peux pas l’emmener en France, n’est-ce pas ? murmura le Grec.
    – Ce
serait pourtant la meilleure solution. N’oublie pas qu’il passe pour mort...
    – Personne
ne viendra le chercher ici tant que. Lorenzo et moi-même vivrons. Là-bas, il
serait comme un poisson hors de l’eau. La nature de ce pays peut seule lui
donner les joies simples dont il a besoin. En outre, il possède une grande soif
de culture et je crois être capable d’étancher en partie cette soif.
    – Autrement
dit, entre lui et moi, c’est lui que tu as choisi ? conclut Fiora en
souriant. Je vais être jalouse.
    – Autant
que tu voudras : j’en serais immensément flatté. Mais, sérieusement, il
vaut mieux que nous restions ici lui, Esteban et moi. Même pour toi, car
vois-tu, nul ne peut dire – pas même moi – ce qui t’attend là-bas. Peut-être un
grand bonheur et je le souhaite de tout mon cœur, peut-être d’autres épreuves
car les temps que nous vivons sont sans pitié. Il est bon que tu saches que tu
as ici ta maison et ses gardiens : une espèce de famille toujours prête à
t’accueillir... A présent, allons voir où en est le travail de Carlo !
     
    Soudain,
de la ville si paisible l’instant précédent, monta le tintement frénétique du
tocsin sonné par la Vacca, la grosse cloche des heures difficiles, aussitôt
repris par les campaniles de toutes les églises. Puis vint cet espèce de
rugissement assourdi par la distance, mais que Fiora et Démétrios n’oublieraient
jamais pour l’avoir entendu certaine nuit où Florence se soulevait pour obtenir
leur mise à mort. En dépit du doux soleil et de la grâce de l’immense paysage
étendu à leurs pieds, ils ne purent s’empêcher de frissonner. Il se passait
quelque chose et quelque chose de grave, mais quoi ?
    Tous
deux, oubliant Carlo qui d’ailleurs ne pensait déjà plus à eux, se
précipitèrent vers la vieille tour, vestige des anciennes fortifications
étrusques, au sommet de laquelle le médecin grec avait installé les instruments
qui lui permettaient d’observer le ciel. Mais cette fois, ce fut sur la ville
qu’il dirigea sa longue-vue, et surtout sur les portes du sud pour voir si, d’aventure,
une armée approchait de Florence. Il ne vit rien d’inquiétant.
    – Il
faut attendre le retour d’Esteban, soupira Démétrios. Il nous apportera des
nouvelles fraîches.
    En
effet, le Castillan avait accompagné les Français quand ils avaient regagné le
palais Médicis, sous le fallacieux prétexte de renouveler la provision de
chandelles. En réalité, il voulait rejoindre une jolie lingère du quartier San
Spirito qu’il avait protégée pendant les émeutes lorsqu’elle avait failli être
écrasée contre un mur. Depuis, ses pas le conduisaient fréquemment chez cette
charmante Costenza à laquelle il semblait s’attacher. Ce qui souciait un peu
Démétrios, persuadé que le commerce de lingerie n’était que l’habile façade d’un
autre, vieux comme le monde et beaucoup plus lucratif.
    Aussi,
les habitants de la villa Beltrami ne furent-ils pas autrement surpris qu’Esteban
ne soit pas rentré quand les trompettes sonnèrent la fermeture des portes. De
toute évidence, il avait choisi de passer la nuit chez son amie et Démétrios,
haussant les épaules avec agacement, se contenta d’émettre le vœu que cette
escapade ne coûtât pas trop cher à son fidèle serviteur.
    – Et
nous, nous ne saurons rien avant demain, regretta Fiora. L’arrêt du tocsin ne la
rassurait pas car le feulement profond continuait à monter de la vallée, plus
distinct même à présent que la voix des cloches ne le couvrait plus.
    Fiora
se trompait. Vers minuit, alors que chacun se disposait à gagner sa chambre, le
galop d’un cheval

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