Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
son âme, tout en sachant qu’elle ne parvenait
pas à le regretter et que sa contrition n’était que de façade. Néanmoins, les
paroles sacrées de l’absolution agirent sur son esprit comme elle l’espérait et
la rendirent à elle-même. La maîtresse de Lorenzo fit place à la comtesse de
Selongey, et ce fut d’un pas ferme qu’elle rejoignit Douglas Mortimer qui l’attendait
à la villa avec les trois hommes gardés pour son escorte.
    Tour à
tour, mais les yeux embués et la voix enrouée, elle embrassa ceux qu’elle
laissait.
    A
Esteban, elle dit :
    – Je
vous les confie, Esteban, parce que vous êtes le plus fort. Veillez bien sur
eux, sans oublier de prendre soin de vous pour me garder un bon ami.
    A
Carlo :
    – Nous
n’avons pas eu beaucoup de temps pour nous connaître, mon frère, mais ce peu a
suffi pour que je vous sois, et à jamais, profondément attachée. J’espère de
tout mon cœur que nous nous reverrons.
    A
Démétrios enfin :
    – Tu
as été et tu restes pour moi comme un père, et il est dur de te quitter. Je t’en
supplie, dis-moi que ce n’est qu’un au revoir et qu’il ne s’écoulera pas
beaucoup de temps avant que nous ne soyons réunis ?
    La
prenant dans ses bras, il la serra contre lui, sans réussir à retenir les
larmes qui venaient :
    – Mes
yeux s’obscurcissent, petite Fiora, et le livre du Destin s’ouvre de plus en
plus rarement devant moi, mais je sais que nous ne serons jamais séparés tout à
fait. A présent, pars vite ! Un philosophe grec se doit de rester
impassible en toutes circonstances et, en ce moment, je ne me sens plus du tout
philosophe...
    Tournant
les talons, il courut s’enfermer dans la vieille tour qui lui servait d’observatoire.
Fiora rejoignit alors Mortimer. Debout auprès de son cheval, il lui tenait l’étrier
et elle s’enleva en selle tandis que l’Écossais rendait le même service à
Khatoun, d’une façon un peu différente : il se contenta de la prendre à
terre entre ses deux mains et de la poser sur le dos de l’animal, sans plus d’effort
que si elle n’était qu’une simple sacoche, accompagnant son geste d’un sourire
béat qui fit rougir la jeune Tartare et amusa Fiora. Le redoutable sergent la
Bourrasque s’intéressait de toute évidence à cette petite créature fragile et
douce qui n’avait pas l’air d’appartenir à la même planète que lui. Il étala
délicatement son manteau sur la croupe du cheval, sourit à nouveau, puis alla
rejoindre sa propre monture sans s’apercevoir que Fiora cachait un sourire sous
le voile qui enveloppait sa tête. Que son voyage commençât sous d’aussi
aimables auspices lui semblait d’un heureux présage.
    Quittant
Fiesole, la petite troupe descendit paisiblement la colline pour rejoindre la
vallée du Mugnone que l’on suivrait jusqu’à la route de Pise et de Livourne. Le
temps était beau et une brise venue de la mer laissait espérer qu’il ne serait
pas trop chaud. Fiora, auprès de Mortimer, regardait droit devant elle et s’obligeait
à ne pas se retourner, malgré l’envie qui la tenaillait, pour ne pas laisser
les regrets envahir sa toute récente sérénité.
    Soudain,
comme on atteignait le hameau de Barco, elle tressaillit. Toutes ensemble et
comme sur un mot d’ordre précis, les cloches de Florence, de Florence
excommuniée, de Florence frappée d’interdit venaient de se mettre en branle et
sonnaient sur un rythme allègre dans l’air bleu du matin. Khatoun rejoignit
Fiora qui, cette fois, s’était arrêtée pour mieux écouter :
    – C’est
lui qui te dit adieu, murmura-t-elle.
    – Peut-être...
mais il y a autre chose. Ce n’est pas un adieu, c’est une espérance que
chantent ces cloches. Florence est en train de nous dire que l’avenir ne lui
fait pas peur, qu’elle est toujours forte et libre, et que jamais rien ne la
fera changer... Viens, à présent ! Il faut repartir.
    Toute
à l’émotion de cet instant, elle ne remarqua pas un homme qui l’épiait, caché
par un tronc d’olivier. Cet homme, c’était Luca Tornabuoni...
     
    Deux
jours plus tard, au moment où, dans le port pêcheur de Livourne, la caravelle
qui allait conduire la petite troupe jusqu’à Marseille hissait à ses trois mâts
ses grandes voiles à antennes, Philippe de Commynes, à Rome, faisait sonner
sous le talon de ses bottes les dalles de marbre de la salle du Perroquet. Au
fond, tapi sur son trône comme une bête à l’affût,

Weitere Kostenlose Bücher