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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fin
du jour approchait, quelques semaines plus tard, lorsque Douglas Mortimer
quitta Fiora et Khatoun à l’entrée du vieux chemin ombragé de chênes vénérables
qui menait à la maison aux Pervenches.
    – Vous
voici à bon port ! dit-il en la saluant. Et vous n’avez pas besoin de
témoins pour retrouver les vôtres...
    – Vous
pourriez entrer vous rafraîchir ? L’étape a été longue et la journée
chaude.
    – Je
trouverai tout cela au Plessis. Demain, avec votre permission, je viendrai vous
faire visite, saluer dame Léonarde et voir si votre fils a beaucoup grandi.
    Le cœur
de Fiora battait plus vite que de coutume tandis qu’au pas de son cheval, elle
remontait le chemin creux entre les herbes folles de ses talus. Son enfant n’était,
dans sa mémoire, qu’un petit paquet gigotant infiniment doux à tenir dans ses
bras, et voilà qu’il approchait de sa première année sans que sa mère sût rien
de lui. Elle n’avait pas reçu ses premiers sourires et, lorsqu’il souffrait de
quelque mal, ce n’était pas elle qui se penchait sur le berceau et usait ses
nuits auprès de lui. Très certainement, il la regarderait comme une étrangère,
et, au moment d’aborder cet univers, Fiora ne pouvait se défendre d’un peu d’appréhension.
    Quand
on sortit du couvert des arbres et que la maison apparut, rose et blanche dans
son nid de verdure, Khatoun battit des mains, enchantée du spectacle. Le jardin
n’était qu’un bouquet de fleurs et les pervenches montant à l’assaut de la
terrasse débordaient du petit bois et s’étalaient comme un tapis royal. Au
fond, la Loire étincelait, renvoyant les feux rouges d’un soleil somptueux qui
semblait entourer de flammes les clairs bâtiments du prieuré Saint-Côme. L’air
sentait les fleurs chaudes, les pins, l’herbe fraîchement coupée, avec un léger
relent de vase venu du fleuve.
    – Comme
c’est joli ! soupira Khatoun. Mais... Il n’y a personne ?
    Une
voix qui sifflait gaiement un rondeau ancien se mit à sourdre des profondeurs
du jardin et se rapprocha. Enfin un jeune homme déboucha d’un buisson d’aristoloches,
portant sur son épaule un petit enfant qui riait en se cramponnant à ses
cheveux couleur de paille. L’une des montures des deux femmes renifla et lui
fit tourner la tête. Il s’arrêta net, tandis que ses yeux bleus s’agrandissaient
démesurément. En même temps, d’un geste machinal, il enlevait le petit garçon
pour l’installer sur son bras.
    – Eh
bien, Florent ? dit Fiora en souriant. Est-ce que vous ne me reconnaissez
plus ?
    La
première surprise passa et, soudain, les prunelles du garçon s’illuminèrent
tandis qu’un véritable hurlement de joie s’échappait de son gosier :
    – Dame
Léonarde ! Péronnelle ! Etienne ! ... Vite ! Venez vite !
Venez tous ! Notre dame est revenue !
    Et
comme personne, apparemment, ne l’avait entendu, il précipita l’enfant dans les
bras de Fiora et prit sa course vers le manoir en criant de plus belle :
    – Notre
dame est revenue ! Notre dame est revenue ! Ce brusque déplacement n’était
pas du goût du jeune
    Philippe
qui protesta énergiquement. Sa petite bouche ronde s’ouvrit largement sur un « Ouin...
in... in... ! » vigoureux qui s’acheva en un déluge de larmes !
    – Mon
Dieu ! gémit Fiora, je lui fais peur ! Désolée, elle n’osait pas le
serrer contre elle et couvrir de baisers les courtes boucles brunes et soyeuses
qui couvraient sa tête, comme elle en mourait d’envie.
    – Mais
non, il n’a pas peur de toi, fit Khatoun. C’est cet imbécile de garçon qui l’a
trop bousculé. Attends !
    Elle
se mit à agiter ses mains et à faire des grimaces qui parurent étonner l’enfant.
Il s’arrêta de pleurer puis, presque sans transition, éclata de rire.
    – Tu
vois ? Son chagrin est fini, et il va vite comprendre que tu es sa maman.
    Le
petit considérait à présent ces deux visages différents qui lui souriaient.
Fiora le coucha tendrement dans ses bras et commença à le bercer doucement :
    – Mon
bébé ! ... mon petit enfant ! Que tu es beau ! De ses lèvres,
elle essayait de saisir au vol les deux menottes roses qui s’agitaient devant
sa figure, cherchant à attraper un coin de voile blanc ou une mèche de cheveux.
Finalement, Philippe choisit le nez de sa mère et le tira avec décision.
    – Mais
il est déjà très fort ! s’écria-t-elle, riant et pleurant à la fois...

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