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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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et tenait ses mains serrées très fort l’une
contre l’autre, selon son habitude lorsqu’elle était en proie à une émotion.
    – Eh
bien ? s’impatienta le roi. Que faites-vous ? Elle leva sur lui de
grands yeux désolés :
    – Et...
s’il s’était réfugié ici ?
     
    – Qui ?
Selongey ? Vous pensez bien que l’idée m’en est venue. Mais si c’était le
cas, quelqu’un de votre maison l’aurait vu et vous l’aurait dit ? Allons,
reprenez courage ! Je suis certain qu’il est vivant.
    – Alors
c’est qu’il est loin... trop loin peut-être ! Je sais qu’il lui est arrivé
de penser mettre son épée au service de Venise pour combattre les Turcs. Dans
ce cas, il ne reviendra jamais et je ne saurai plus rien de lui.
    – Venise,
dites-vous ? Nous pouvons, au moins, savoir s’il y est allé ! J’en
écrirai au doge dès après le souper. C’est, vous le savez peut-être, la ville
la mieux surveillée du monde et un étranger ne peut y entrer sans attirer l’attention
des sbires du Conseil des Dix. Nous aurons bientôt des nouvelles, mais quittez
cet air désolé et rentrons. On ne va pas tarder à corner l’eau.
    Cette
fois, Fiora se laissa emmener.
    Sans
plus parler qu’à l’aller, le roi et sa jeune compagne remontèrent vers la cour
d’honneur où se pressaient à présent des valets, des chevaux et des équipages.
Avec une surprise non dénuée d’inquiétude, Fiora remarqua une vaste litière
pourpre dont les portières montraient de grandes armes surmontées d’un chapeau
de cardinal qui lui semblèrent vaguement familières. Elle osa poser sa main sur
le bras du souverain pour l’arrêter.
    – Sire !
Que le Roi me pardonne, mais s’il reçoit ce soir un prince de l’Église, il
vaudrait mieux que je rentre chez moi.
    – Sans
souper ? Quand je vous ai invitée ? Et pourquoi cela s’il vous plaît ?
    – Franchement,
Sire, je suis un peu... fatiguée des cardinaux et je crains de ne pas me sentir
à l’aise. En outre, mes vêtements...
    – Que
me chantez-vous là ? Vous êtes superbe et il faudra bien que vous soyez à
l’aise car je vous ai invitée spécialement ce soir pour que le cardinal della
Rovere voie le cas que je fais de vous.
    Sous l’œil
pétillant de satisfaction de Louis XI, Fiora se sentit verdir :
    – Le...
cardinal... della Rovere ? souffla-t-elle épouvantée. Est-ce qu’il est...
    – De
la famille du pape ? Bien sûr, et vous avez dû au moins entendre parler de
lui à Rome. Il est l’un de ses neveux, de beaucoup le plus intelligent. De ce
fait, le plus dangereux aussi. Mais il devrait vous plaire ! A présentée
vous quitte : il faut que j’aille faire quelque toilette ! Et je vois
là Mme de Linières qui vient vous chercher pour vous conduire auprès de la
princesse Jeanne, ma fille. Vous la connaissez et elle se réjouit de vous
revoir.
    Salué
jusqu’à terre par ceux qui encombraient la cour d’honneur, le roi mena Fiora
vers la dame imposante qui attendait près de l’entrée de l’escalier, déjà pliée
en deux par sa révérence. Gomme, en outre, elle baissa la tête par respect à l’approche
du roi, celui-ci manqua se heurter à la flèche du grand hennin pointu qu’elle
portait. Il écarta l’obstacle, ce qui faillit causer la chute de l’édifice.
    – Trop
haut, Mme de Linières, beaucoup trop haut ! s’écria-t-il mi-plaisant
mi-fâché. Quelle rage ont donc les femmes de vouloir se prendre pour des
clochers d’église ? Ce qui m’étonne, c’est que mon royaume ne compte pas
plus de borgnes.
    – Je
demande pardon au Roi, répliqua la dame avec une sérénité et même un sourire
montrant qu’elle n’était pas impressionnée. J’ai toujours pensé que l’honneur d’accompagner
une fille de France doublée d’une duchesse d’Orléans obligeait à un certain
décorum dans la toilette.
    C’est
une forme de respect.
    Eh
bien, portez le respect moins pointu !
    Et,
sifflant gaiement un air de chasse, Louis XI disparut dans l’escalier à vis,
laissant les deux femmes tête à tête :
    – Venez,
Madame, dit la dame d’honneur en tendant la main à Fiora qui ne pouvait s’empêcher
de rire. Madame la duchesse a grande hâte de vous revoir et vous pourrez vous rafraîchir
avant le souper.
     
    Habituée
à voir Louis XI vivre dans la plus grande simplicité, Fiora fut surprise de l’apparat
déployé pour ce souper et de la splendeur de la salle où il se déroula.

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