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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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robe de soie mate à
dessins noirs et blancs qu’un étroit ruban vert ceinturait sous les seins. Un
petit hennin court, de la même joyeuse couleur de jeune feuille et ennuagé de
mousseline blanche amidonnée, la coiffait. Un seul bijou soulignait son
décolleté : la chimère d’or aux yeux d’émeraude qu’elle avait portée au
soir de son mariage avec Philippe et que Léonarde avait réussi à sauver du sac
du palais Beltrami.
    Elle n’eut
même pas le temps d’aller jusqu’à la porte du château : le roi en sortait.
Il eut en la voyant une exclamation joyeuse et vint vers elle d’un pas vif,
tandis qu’elle pliait le genou profondément pour le saluer et dissimuler sous
le respect une envie de rire qui lui venait. Louis XI, en effet, vêtu à son
habitude d’une tunique courte de petit drap gris serrée par une ceinture de
cuir et qui lui venait aux genoux, portait le plus étonnant couvre-chef que
Fiora eût jamais vu. C’était, enfoncé sur le bonnet de soie rouge qui couvrait
ses royales oreilles, une sorte de chapeau cardinalice noir dont les bords très
larges et épais d’un doigt abritaient entièrement ses épaules et l’environnaient
d’ombre. Ainsi coiffé, sa ressemblance avec un champignon était irrésistible et
le sourire que lui offrit Fiora pétillait d’une telle gaieté qu’il ne s’y
trompa pas.
    – C’est
mon chapeau qui vous amuse, donna Fiora ? Eh bien, sachez que j’y tiens
beaucoup car, pour le chaud, il vaut une petite maison, et, pour la pluie, il me
tient à couvert mieux que mes couvre-chefs habituels qui se transforment alors
en gouttières... C’est une idée que j’ai prise à l’évêque de Valence.
    – Ma
foi, Sire, c’est une bonne idée. Je déplore seulement que l’usage ne nous
permette pas, à nous autres femmes, d’en porter de semblables.
    – Vous
le pourriez si vous étiez abbesse. Mais au fait, personne ne vous empêche d’en
lancer la mode ? Une jolie femme ne peut-elle se permettre quelques
fantaisies ?
    Fiora
n’eut pas le loisir de répondre. Echappant aux mains d’un page, un grand
lévrier blanc accourait et vint gambader autour du roi avant de se coller
contre ses jambes en levant vers lui sa tête fine. Même sans le riche collier
clouté d’or et de pierres précieuses, Fiora aurait reconnu le chien favori de
Louis, son auxiliaire dans une circonstance particulièrement dramatique. Le roi
se mit à rire :
    – Ah,
Cher Ami ! Tu veux donc venir te promener avec nous ? Mais nous
allons au jardin, tu sais, et il faudra nous suivre sagement. Il ne s’agit pas
de bouleverser les plates-bandes ? Vous souvenez-vous de lui, donna Fiora ?
    – Bien
sûr, Sire, répondit-elle en caressant le dos soyeux de l’animal. On n’oublie
pas si facilement un compagnon d’armes... surtout aussi beau que celui-là.
    – C’est
vrai. Vous avez fait, tous deux, du bon ouvrage contre ce vilain moine.
Savez-vous qu’il est mort ?
    – Je
l’ai appris, Sire. Est-il tombé malade ?
    – Ma
foi non. Je crois qu’il est mort de colère. Il devenait furieux et s’est brisé
la tête contre les barreaux de sa cage. Il a été enterré dignement et on a dit
trois messes pour le repos de sa méchante âme.
    Ayant
dit, Louis XI se signa dévotieusement, donna une friandise à Cher Ami et reprit
son chemin. En face du logis, aucun mur ne défendait la vue. Une simple
barrière basse que le roi poussa lui-même donnait accès aux jardins et au
verger.
    En le
suivant au long des allées sablées, Fiora pensa que le jardinier du château
était une manière d’artiste. Ses parterres, d’ornement ou simplement potagers,
dessinés en buis avec une grande rigueur, présentaient des formes variées.
Quant aux plantes qui les composaient, elles étaient choisies pour leurs
couleurs. Et si, au jardin d’ornement, les roses et les lys régnaient en
maîtres, au potager, les légumes et les herbes aromatiques étaient rangés
suivant leurs nuances de façon à offrir un ensemble agréable à l’œil [vii] . L’arrosage y
était perfectionné, car le jardin recevait l’eau de la fontaine de la Carre,
elle-même reliée au château par des tuyaux de plomb ou de poterie. Quelques
jardiniers étaient au travail et Fiora reconnut son Florent en conversation
avec l’un d’eux. L’arrivée du roi n’interrompit pas l’ouvrage. A son approche,
chacun ôtait son bonnet pour le saluer, puis se remettait à l’œuvre. Louis XI

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