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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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foi !
    – Non,
Sire mon père ! Rien ni personne ne peut me faire perdre la foi !
    – Et
je m’en voudrais, Sire, coupa doucement Fiora, de prononcer une parole, si
petite fût-elle, capable de troubler une âme aussi pure.
    D’un
geste rapide et inattendu, Louis XI pinça la joue de la jeune femme.
    – J’en
suis tout à fait persuadé ! Le bonsoir à vous, Mesdames ! je retourne
à mes affaires. Ce soir, je dois écrire au doge de Venise !
    Tandis
que les trois femmes pliaient le genou pour le saluer, il s’éloigna de quelques
pas, puis s’arrêta :
    – Le
sergent Mortimer va vous raccompagner à la Rabaudière, donna Fiora !
    – Mais,
Sire, je ne suis pas venue seule.
    – Je
sais, cependant, en cas de mauvaise rencontre votre petit valet ne serait pas d’une
grande protection. D’ailleurs, Mortimer n’aime rien tant que vous escorter.
Avec ma fille Jeanne, vous êtes la seule femme pour laquelle il ait quelque
considération.
    Il
reprit son chemin vers l’escalier au bas duquel attendait une silhouette d’homme
qui se découpait en noir sur la lumière jaune de l’intérieur. Fiora crut
reconnaître le personnage qu’elle avait rencontré à Senlis dans la chambre même
du roi. Lorsqu’elle se détourna pour poser une question à ses compagnes,
celles-ci s’étaient écartées et se dirigeaient vers la chapelle. En revanche, à
leur place, se trouvait Mortimer apparu comme par enchantement :
    – A
vos ordres, donna Fiora !
    – Je
suis désolée qu’on vous ait dérangé, cher Douglas, mais avant de partir,
contentez donc ma curiosité : cet homme là-bas, au pied de l’escalier ?
Il me semble que je l’ai déjà vu !
    Sous
le tabard de soie bleue fleurdelisé, l’Écossais haussa ses larges épaules :
    – Oh,
très certainement ! C’est le barbier du roi, ce mauvais drôle d’Olivier le
Daim !
    – On
dirait que vous ne l’aimez pas beaucoup ? dit Fiora en riant. Mortimer ne
sourit même pas :
    – Personne
ne l’aime ! C’est un fourbe en qui, malheureusement, le roi met trop de
confiance ! Il s’en est repenti pourtant, quand il l’a envoyé ce printemps
à Gand dans le rôle d’ambassadeur.
    – D’ambassadeur ?
Ce n’est pas vrai ?
    – Si,
hélas ! Notre sire, si sage et si prudent, a parfois d’étranges idées. Les
gens de la ville ont en quelque sorte jeté le Daim à la porte. Croyez-moi,
donna Fiora, méfiez-vous de lui ! Sa cupidité est insatiable en dépit de
ce qu’il réussit à soutirer au roi.
    – Pourquoi
m’en méfierais-je ? Nous n’avons rien en commun et nos routes sont
divergentes.
    – Pauvre
innocente ! Dites-vous que le Daim considère comme offense personnelle
tout présent que notre Sire fait à quelqu’un d’autre que lui.
    – Le
roi est très bon, mais il ne me couvre pas de présents.
    – Non ?
Et la Rabaudière ? Je sais que, pendant votre longue absence, maître
Olivier s’est efforcé de persuader le roi que vous ne reviendriez plus et qu’en
conséquence il serait plus sage d’installer votre fils et sa maisonnée ici
même.
    – Au
château ? Et pourquoi ?
    – Pour
vider les lieux, pardi ! Il y a longtemps que notre homme guigne la maison
aux pervenches et, quand il a su que vous vouliez la rendre au roi, il a conçu
de vastes espoirs. Malheureusement pour lui, on vous a retrouvée et ramenée. Il
doit être fort déçu.
    – Eh
bien, dit Fiora dédaigneusement, il existe pour lui un moyen simple de
surmonter sa déception.
    – Lequel ?
    – C’est
de m’aider à retrouver mon époux. Ce jour-là, je quitterai sans regrets cette
maison que j’aime pour le suivre sur ses terres... ou là où il jugera bon de
nous emmener.
    Mortimer
se mit à rire et, soulevant son bonnet empanaché, se gratta la tête avec une
grimace comique :
    – Ouais !
Je ne suis pas certain qu’il ne préfère pas une méthode plus simple et plus...
expéditive ! De toute façon, il y a beau temps que j’ai prévenu ceux de
chez vous... et j’arriverai bien à en toucher un mot au roi.
    – S’il
a une telle confiance en cet homme, ce serait une erreur ! Ne dites rien,
Mortimer ! Je me garderai. En attendant, merci de m’avoir prévenue !
    Fiora
et Mortimer récupérèrent Florent qui, après avoir soupé chez son ami le
jardinier, dormait sur la table, puis ils prirent, à pied, le chemin du manoir
en parlant de tout autre chose. La nuit était claire, douce, pleine d’étoiles
et de

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