Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
à
quelques autres, d’ailleurs. Le jeune Mortimer pourra peut-être nous donner le
mot de certaines et il se peut que ce Tristan l’Hermite réussisse à confesser
Mgr della Rovere ?
    – Vous
le croyez ?
    – La
chose paraît possible, car c’est un homme terrible. En outre, à Loches, il doit
disposer de tous les moyens désirables pour l’obliger à parler.
    – Vous
perdez la tête, Léonarde ? souffla Fiora abasourdie. Vous n’imaginez tout
de même pas qu’il pourrait menacer un prince de l’Église de prison, ou même de...
    Léonarde
s’épanouit en un large sourire :
    – De
la torture ? Pourquoi pas ? Les relations entre le roi et le pape,
déjà mauvaises, n’y perdraient pas grand-chose. Et si vous voulez m’en croire,
ajouta-t-elle avec un soupir plein de contentement, je le soupçonne d’en être
tout à fait capable.
    – Et...
cela vous ferait plaisir ?
    – Vous
n’imaginez pas à quel point.
    Ce qui
n’empêcha pas la vieille demoiselle, une fois installée dans la chambre que le
frère hôtelier offrit aux voyageurs dans la maison des hôtes de Cormery, de se
mettre à genoux au pied de son étroite couchette et de s’abîmer en une longue
et profonde oraison. Dans la simplicité de son cœur, elle admettait que des
brebis galeuses pussent s’être glissées dans le saint troupeau de l’Église, mais
Dieu ne pouvait, en toute justice, être tenu pour responsable des crimes de ses
serviteurs.
     
    Seule
consolation dans cette triste aventure : le retour au manoir fut salué par
un enthousiasme qui réchauffa le cœur de Fiora, puis par une vive indignation
lorsque l’on sut la vérité, ce qui réjouit celui de Léonarde. Pourtant cette
vérité n’apparut dans toute son évidence que lorsque, le surlendemain du
retour, Douglas Mortimer se présenta pour dîner à la Rabaudière.
    Tout
en nettoyant l’un après l’autre plats et terrines en un lent, implacable et
méthodique travail de mâchoires, l’Écossais raconta comment il avait pu se
trouver à point nommé dans la forêt de Loches pour y soustraire ses amies à un
sort tragique :
    – Au
soir du fameux souper, j’ai aperçu maître Olivier le Daim en conversation avec
le cardinal, conversation qui aurait pu être innocente car notre homme donnait
tous les signes d’une profonde piété. Il semblait demander au prélat sa
protection pour acquérir des indulgences. Il s’inclinait, se signait, s’agitait
en toutes sortes de mômeries. Voyez-vous ce que je veux dire ?
    – Tout
à fait ! dit Fiora.
    – Seulement,
moi, les conversations innocentes de maître Olivier je n’y crois pas et, après
vous avoir ramenée chez vous, je me suis mis en quête de lui. Ce n’était pas
très difficile, puisqu’il n’est jamais libre de ses actions avant le coucher du
roi. J’ai même eu le temps d’endosser des vêtements noirs avant de me mettre à
l’affût au-delà des murs d’enceinte. Je l’ai vu, alors, sortir par la poterne,
monté sur une mule, et gagner Tours. Je l’ai suivi jusqu’à une taverne du bord
de l’eau. Il fallait savoir que c’était lui car il portait un grand manteau, un
bonnet enfoncé jusqu’aux sourcils et un masque mais, ce mauvais gibier, je suis
capable de le flairer sous n’importe quel déguisement, fût-il sorti habillé en
chanoine comme cela lui arrive de temps en temps. Cette fois, pas question de
jouer les hommes d’Église, étant donné le but de sa promenade... Je boirais
bien encore un peu de ce vin de Beaune, dame Péronnelle ! C’est étonnant
comme parler donne soif.
    Ladite
soif étanchée, Mortimer reprit son récit :
    – L’un
suivant l’autre, je l’ai vu entrer dans une taverne, au bord du fleuve, où l’on
trouve le plus bel assortiment de mauvais garçons de toute la ville, et y
prendre langue avec ce Tordgoule sur lequel je ne vous apprendrai rien de
plus... sinon qu’en effet, il n’avait pas l’air de savoir à qui il parlait.
    – A
quoi l’avez-vous vu ?
    – A
une certaine façon d’être. Le truand montrait une méfiance telle que le Daim a
dû sortir de l’or pour le convaincre. Et c’est toujours dangereux de faire
briller le métal jaune dans un tel endroit. Ils sont sortis ensemble et se sont
si bien fondus dans la nuit que je n’ai pas pu les retrouver. Alors, je suis
allé chez le grand prévôt pour lui dire ce que j’avais vu...
    – En
pleine nuit ?
    – C’est
un homme qui ne dort guère ! Je lui ai dit

Weitere Kostenlose Bücher