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Fiora et le roi de France

Fiora et le roi de France

Titel: Fiora et le roi de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’Hermite avait mis pied à terre pour pouvoir saluer la jeune
femme :
    – Comment ?
dit Fiora.
    – Si
j’ai acquis quelques droits à votre reconnaissance, Madame, je vous demande en
grâce, pour vous plus encore que pour nous, de ne rien dire à notre sire de ce
qui s’est passé ce soir.
    –  Mais...
pourquoi ? Mortimer intervint :
    – Il
a raison, toute vérité n’est pas bonne à dire. Si celui auquel nous pensons
tous deux est bien à l’origine de cette machination, nous ne serons pas
entendus, le roi refusera de nous croire...
    – Oui,
coupa Tristan l’Hermite, il nous faudrait des preuves...
    – Des
preuves ? émit Fiora qui s’étrangla presque. Mais en manque-t-il autour de
cette clairière ? Il y a ces deux hommes ! Il y a ce que vous dira
peut-être le cardinal. Il y a ma parole, enfin, et celle de dame Léonarde ?
    – Vous
avez eu raison de mentionner cela en dernier, fit Mortimer mi-figue mi-raisin.
C’est ce qui comptera le moins. Les femmes sont, pour le roi Louis, d’incurables
bavardes douées d’une imagination diabolique... et le personnage est de ses
familiers.
    – Vous
pensez que c’est... commença Fiora qui venait d’avoir une idée. Mais le grand
prévôt lui imposa silence :
    – Pas
de noms, Madame ! Laissez-moi mener cette affaire à ma guise et recevez
mes salutations. Voulez-vous un de mes hommes pour vous conduire ?
    – Inutile !
dit Mortimer. Je m’en charge... et vous remercie de m’avoir cru, messire le
grand prévôt ! Et aussi de m’avoir aidé.
    L’ombre
d’un sourire détendit fugitivement le visage sévère de Tristan l’Hermite.
    – Je
n’ai fait qu’accomplir les devoirs de ma charge, jeune homme, mais j’avoue être
sensible à l’amitié. Jadis... il y a longtemps, je me suis dévoué, comme vous,
au service d’une dame... très belle !
    – Vous,
messire ? une dame ? souffla Mortimer sincèrement étonné.
    – Cela
vous surprend, n’est-ce pas ? Le grand justicier, le maître des geôliers,
des gens de police, des bourreaux ? Elle s’appelait Catherine de... mais
rassurez-vous ! Ce n’était pas moi qu’elle aimait. Partez à présent !
Je vous reverrai au Plessis !
    Douglas
Mortimer aida Léonarde et Fiora à reprendre place dans la voiture puis, après
avoir attaché son cheval à l’arrière, il sauta sur le siège du cocher. Tandis
qu’il faisait tourner le lourd chariot pour reprendre le chemin déjà parcouru,
Fiora jeta un dernier regard à la sinistre clairière où la fosse encore ouverte
gardait la trace de l’horreur qu’elle et Léonarde venaient d’y vivre. Deux
soldats étaient en train de la refermer. Au milieu du double cercle des torches
et des armures, Tristan l’Hermite, à nouveau en selle, les regardait faire,
aussi immobile qu’une statue équestre. Devant les sabots de son cheval, Pompeo
et l’autre bandit tremblaient et pleuraient, mais elle n’éprouva aucune pitié.
Son esprit et son cœur n’étaient que glace. Elle ne ressentait même pas de peur
rétrospective. Tout ce qui surnageait dans son esprit, c’était une immense
déception. Le rêve caressé depuis trois jours, cet espoir de retrouver
Philippe, même malade, même inconscient, et de le ramener auprès de son fils
venait de s’achever dans une sinistre dérision. On s’était joué d’elle et, à
présent, elle retournait vers son manoir, l’âme pleine d’amertume et les mains
vides...
    – Suis-je
vraiment pauvre d’esprit au point que l’on puisse me berner si facilement ?
murmura-t-elle sans se rendre compte qu’elle venait de penser tout haut.
    – Bien
sûr que non, répondit Léonarde dont la main vint chercher sa main, mais tout ce
qui s’adresse à votre cœur est sûr d’atteindre son but. Et vous souhaitez
tellement retrouver messire Philippe !
    – Me
le reprocheriez-vous ?
    – Moi ?
A Dieu ne plaise ! Vous savez bien que mon plus cher désir est de vous
voir enfin heureuse. Mais je n’arrive pas à comprendre comment cet homme a pu
savoir que votre époux s’est évadé de Lyon.
    – Cet
homme ? Vous voulez dire le cardinal ?
    – Oui,
hélas ! soupira la vieille demoiselle. Je n’arrive pas à démêler la part
qu’il a prise dans ce piège infâme.
    – D’après
ses complices, il n’y est pour rien, ou presque rien. Encore que ce soit
difficile à croire...
    – De
toute façon, nous ne possédons aucune réponse valable à cette question, comme

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