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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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instant de sommeil...
     
    Le 11
février 1476, le Téméraire remporta, sans coup férir d’ailleurs, sa première
victoire. L’interminable cortège de ses troupes franchit le col de Jougne et
vint s’installer dans Orbe qui était à trois lieues et demie du col et à
pareille distance de Grandson, but premier de l’expédition. En même temps, les
lances italiennes de Pierre de Lignana, qui constituaient l’avant-garde et s’étaient
dirigées vers le lac Léman, récupérèrent Romont sur les confédérés. Mais le
plus important c’était Grandson, une ville et un fort château
situés à l’extrémité sur du lac de Neuchâtel.
    En
fait et en l’occurrence, le Téméraire ne voulait que reprendre ce qui, un an
auparavant, était de son obédience. En 1475, les gens des cantons de Berne,
Bâle et Lucerne, décidés à conquérir le pays de Vaud appartenant à la Savoie,
ont fait sauter ce verrou bourguignon dont le seigneur, Hughes de
Chalon-Orange, s’ennuyait alors devant Neuss avec le reste de l’armée du duc
Charles. Grandson, solidement défendue par le bailli Pierre de Jougne mais
envahie par les paysans refluant des campagnes, n’a pas résisté longtemps à la
famine et à l’artillerie lourde des Suisses. A l’automne, le pays de Vaud tout
entier tombait dans leurs mains alors sans tendresse. Seule Genève échappait à
la dévastation en payant une rançon de 26 000 florins d’or qui coûta leurs
bijoux aux dames de la ville et leurs cloches aux églises...
    Le 19,
on arrive enfin devant Grandson par un temps vraiment affreux : il pleut,
il neige et il fait froid :
    – On
ne peut pas dire que la France et la Bourgogne vous aient réservé leurs plus
beaux sourires, fit Léonarde que Fiora avait rejointe dans son chariot tandis
que tentes et pavillons se montaient. A part la canicule, vous n’avez guère
connu que la pluie, le vent et les pires intempéries... Vit-on jamais automne
et hiver semblables ?
    – Vous
avez peut-être un peu oublié votre jeunesse, répondit Fiora. A Florence le
temps est si doux ! ... Il est vrai que lorsque l’on a perdu quelque chose
ou quelqu’un on ne se souvient plus que de ses qualités.
    Le
Téméraire avait choisi d’établir son camp près de Giez. Ses pavillons de
pourpre et d’or couronnèrent superbement une colline [xx] tandis que cinq
cents autres tentes d’une grande richesse et des centaines de bannières
multicolores étalaient sur les environs le plus fabuleux des tapis. Le reste du
camp, celui en « rase campagne », couvrait la plaine en demi-cercle,
entre la ville et la montagne, et s’étendait jusqu’à l’Arnon, étroite rivière
débouchant dans le lac près d’une lieue plus loin.
    – Grandson
ne devrait nous donner aucun mal, confia le duc Charles à Panigarola et à Fiora
tandis qu’ensemble ils regardaient la nuit tomber sur le lac dont les lointains
se perdaient dans une brume glacée et la ville tassée derrière les cinq tours
de son château. Depuis trois semaines déjà, les bourgeois se sont emparés du
chef de la garnison bernoise, Brandolphe de Stein, et nous l’ont livré... Il
est captif en Bourgogne.
    – Comment
se fait-il alors que les portes ne soient pas grandes ouvertes et qu’aucune
délégation ne soit encore venue à vous, monseigneur ? fit l’ambassadeur.
Je crois, moi, qu’ils vont se défendre durement. Ce sont de bons soldats que
les Suisses...
    – Ces
bouviers, ces paysans ? lança le duc méprisant. Nous n’aurons aucune peine
à les balayer. Qu’ils prennent garde à ma colère car je pourrais porter la
guerre dans les cantons de la Haute Ligue [xxi] .
    – Ce
que je ne saurais conseiller à Votre Seigneurie car, dans certains d’entre eux,
la rudesse des montagnes double la valeur des hommes...
    – C’est
ce que nous verrons !
    Le
siège de Grandson dura neuf jours, neuf jours pendant lesquels bombardes,
couleuvrines et fauconneaux dirigèrent, même la nuit, un feu meurtrier sur la
petite cité. A l’intérieur du château, des incendies se produisirent, allumés
par des brandons enflammés et par l’explosion de la soute à poudre qui
détruisit en partie le beau logis seigneurial... La fin était d’ailleurs
prévisible, cinq cents hommes ne pouvant lutter contre quinze mille. Bientôt,
bloquée de toutes parts et démoralisée d’ailleurs par l’absence de son chef, la
garnison se rendit. Alors commença l’horreur...
     
    Debout
derrière le duc au

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