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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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milieu des seigneurs qui composaient son état-major, Fiora,
Panigarola et Battista Colonna, pétrifiés, assistaient au carnage. Du haut de
la tour Pierre, les Bourguignons précipitaient les soixante-dix défenseurs du
chemin de ronde au milieu des rires et des quolibets en criant très fort qu’il
était temps pour eux d’apprendre à voler sans ailes... Cependant, au pied des
murailles, les quatre cents autres soldats de la garnison étaient pendus par
grappes de trois ou quatre aux arbres d’un bois situé aux abords du château ou
bien noyés dans le lac avec une pierre au cou...
    L’ambassadeur
milanais ne put retenir une protestation indignée :
    – Est-ce
façon, monseigneur, de traiter des soldats ? Ils se sont battus parce que
c’était leur devoir. Pardonnez-moi mais ceci est indigne d’un grand chef de
guerre.
    – Allons !
Ces gens ne méritent pas d’autre traitement. Souvenez-vous que leurs pareils
ont dévasté plusieurs cités du pays de Vaud... Il en arrivera autant d’ailleurs
à tous les Suisses qui me tomberont sous la main.
    – Encore
une fois, monseigneur, ce sont des soldats ! et ils se sont rendus...
    – Je
vous trouve bien sensible, Panigarola ? Cela servira de leçon à ce
ramassis de marchands, de toucheurs de bœufs et de chasseurs...
    – Certains
de ces chasseurs traquent l’aigle et l’ours.
    – Et
je dis, moi, que c’est une infamie ! cria Fiora qui ne pouvait plus
contenir son indignation. Tuer des hommes désarmés est une lâcheté à laquelle
je refuse d’assister plus longtemps !
    Tournant
les talons et bousculant ses voisins, elle prit sa course en direction du camp,
gagna sa tente où Léonarde lisait ses heures et y pénétra en trombe :
    – Venez,
Léonarde ! Nous partons. Je vais chercher des chevaux. Emballez vite le
peu que nous possédons et préparez-vous !
    – Que
se passe-t-il ?
    – Le
duc Charles est en train de faire assassiner les malheureux qui se sont rendus
ce matin. Il arrivera ce qu’il arrivera mais je ne resterai pas auprès de ce
bourreau une minute de plus !
    – Enfin !
soupira la vieille demoiselle en se précipitant sur un sac de cuir qu’elle se
mit en devoir de remplir. Voilà des jours que j’espérais cela !
    – Vous
êtes contente de partir ? Par le temps qu’il fait et alors que je ne sais
même pas où nous allons ?
    – Il
tomberait des hallebardes et des grêlons gros comme le poing que je me
précipiterais dehors quand même. Quant à savoir où nous allons, je vous le
dirai tout à l’heure. Allez chercher les chevaux !
    Un
moment plus tard, les deux femmes galopaient sur la route de Montagny dans l’intention
de refaire le chemin parcouru à l’aller et de repasser le col de Jougne puisque
c’était le seul itinéraire qu’elles connussent. La route défoncée par le
passage de l’armée et de l’artillerie serait au moins facile à suivre...
    Soudain,
à un détour du chemin, elles virent se dresser devant elles ce qui leur parut
être un mur de fer : une cinquantaine de chevaliers armés de toutes
pièces, en tête desquels Fiora, dont le cœur manqua un battement, reconnut les
aigles d’argent sur champ d’azur. D’ailleurs, la visière relevée du casque ne
laissait aucun doute sur l’identité de son propriétaire. Fiora hésita un instant
mais constata vite que toute échappatoire était impossible et elle décida de
faire front...
    En
dépit de son déguisement, Philippe la reconnut aussitôt.
    – Vous ?
... Et dans cet équipage ? Mais où prétendez-vous aller ? Et avant
que Fiora ait pu répondre, il ajoutait : je suis heureux de vous revoir,
dame Léonarde, mais je vous croyais plus de sens.
    Il
avança son cheval jusqu’à toucher celui de Fiora et ne put s’empêcher de
sourire :
    – Quel
charmant garçon vous êtes ! Mais, pour l’amour du ciel, dites-moi ce que
vous faites là ?
    – C’est
assez évident il me semble ? Je pars, je m’enfuis, je me sauve ! L’otage
a pris la clé des champs ! lança-t-elle avec colère. Pour tout l’or du
monde, je ne resterai pas un instant de plus, quoi qu’il puisse arriver, auprès
de ce monstre qu’est votre duc !
    – Le
duc un monstre ? Mais que vous a-t-il fait ?
    – A
moi ? rien... encore qu’il y ait peut-être matière à discussion, mais là n’est
pas la question. Je viens de voir comment il traite les soldats de Grandson
dont la seule faute est d’avoir osé lui résister. Ils se

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