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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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attendre. Les valets sortent régulièrement, chacun à son tour, quand les
rues sont désertes.
    – Où
vont-ils ?
    – Rue
du Griffon, dans une maison de filles. Reste à savoir s’ils y vont aussi quand
le maître est là ! Tenez ! En voilà un qui sort.
    En
effet, le même homme que Fiora avait observé dans l’après-midi venait d’apparaître
et fermait soigneusement la porte dont il mit la clé dans sa poche avant de s’éloigner
d’un pas tranquille.
    – Je
me demande pourquoi ils ne sortent pas tous les deux, remarqua Fiora. Puisque
la maison est vide ?
    – Si
le maître est avare, il doit être riche. Il tient sans doute à ce que sa
demeure soit gardée. Allons-y à présent !
    Sans
faire plus de bruit que des chats, les deux compagnons d’aventures s’avancèrent
sur le petit pont qui enjambait le ruisseau. Ils avaient tous deux la légèreté
de la jeunesse et leurs pieds, chaussés de cuir souple, n’éveillaient aucun
écho. Parvenue devant la porte, Fiora l’examina soigneusement. La nuit d’été
était claire et la jeune femme avait de bons yeux mais elle acquit très vite la
certitude qu’à moins de l’attaquer avec un bélier, cette porte se révélerait
impossible à forcer. Comme elle représentait la seule ouverture du
rez-de-chaussée, la maison était donc inviolable de ce côté.
    – Allons
voir le jardin ! souffla Fiora.
    Il s’étendait
sur l’arrière de la bâtisse, entre le Suzon et la rue de la Vieille-Poissonnerie.
Le quatrième côté donnait sur une ruelle étroite et noire mais des murs assez
élevés le défendaient.
    – Si
j’ai bien compris, fit Esteban, vous voulez entrer là-dedans ? Je vais
passer le premier...
    La vie
de soldat de fortune menée si longtemps avait entraîné le Castillan à tous les
exercices du corps. Escalader le mur fut pour lui un jeu d’enfant. Il s’y
installa à califourchon puis se pencha pour aider Fiora. Il saisit les mains qu’elle
lui tendait et la hissa auprès de lui. Après quoi tous deux examinèrent les
lieux.
    – C’est
bien la peine d’avoir un jardin pour le laisser dans un état pareil ! marmotta
Esteban. En effet, de leur observatoire, les visiteurs n’entrevoyaient qu’une
masse confuse de buissons et d’herbes folles dans laquelle on ne pouvait
distinguer le moindre sentier. La maison elle-même montrait une tourelle percée
d’étroites ouvertures qui devait renfermer l’escalier mais les fenêtres étaient
aussi rares que sur la façade rue : deux à l’étage dont l’une était
ouverte sur les ténèbres intérieures et une sous le toit fermée par des volets.
    – Restez
là ! ordonna Fiora. Je reviens...
    Et
avant que son compagnon ait pu la retenir, elle avait glissé de l’autre côté du
mur où elle resta accroupie un instant pour laisser se dissiper le bruit des
feuillages froissés. La voix étouffée d’Esteban lui parvint comme de très loin :
    – Faites
attention, je vous en prie ! Vous n’avez même pas d’armes !
    – J’ai
un couteau, cela devrait suffire en cas de besoin, répondit-elle en posant la
main sur la gaine de cuir qui pendait à sa ceinture. Puis, sans plus attendre,
en prenant la maison comme point de repère, elle se faufila, toujours courbée,
à travers la végétation sauvage du jardin. Elle allait lentement, un pas après
l’autre, écartant les branches de ses mains gantées de cuir épais et les jambes
bien protégées par des bottes souples qui lui montaient jusqu’aux genoux. Un
bruit de fuite dans l’herbe l’immobilisa, le cœur arrêté, mais un miaulement
aigu vint la rassurer presque aussitôt : c’était un matou que les
approches de la pleine lune mettaient en émoi.
    Elle
arriva enfin au pied de la maison et toucha de la main le bois d’une porte
découpée dans la tourelle, mais cette porte-là était aussi solide, aussi bien
armée que l’autre. La seule possibilité d’entrée était offerte par cette
fenêtre ouverte à l’étage mais l’encorbellement en rendait l’accès impossible à
moins que de posséder une échelle.
    Déçue,
Fiora allait rebrousser chemin quand un nouveau bruit suspendit son mouvement.
Cette fois, ce n’était lus le cri d’un chat mais des sanglots qui semblaient monter
du sol. Ecartant doucement les grandes herbes qui croissaient contre le
soubassement, elle aperçut soudain un étroit soupirail défendu par un
croisillon de fer. Il y avait là une cave, très certainement, et, dans

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