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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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parricide
ne vous fait pas peur !
    – Non,
car vous n’êtes rien à mes yeux qu’un homme presque aussi méprisable que
Regnault du Hamel. Si vous avez quelque prière à dire, dépêchez-vous...
    En
dépit de sa ferme résolution, la force d’âme de cet homme la confondait : il
n’avait même pas remué un bras pour tenter d’écarter la dague de sa gorge.
Pourtant, il ne devait pas manquer de force ?
    – Je
n’ai jamais été diseur de patenôtres. Mais, après tout, vous avez peut-être
raison de m’assassiner. La venue inopinée de cette Marguerite ne me cause
aucune joie : elle n’est après tout que la fille d’une putain incestueuse
et...
    Il n’acheva
pas. La porte, violemment poussée, venait de frapper contre le mur et Madeleine
de Brévailles se précipitait :
    – Ne
le tuez pas, Fiora ! Vous lui feriez trop de plaisir ! Si vous voulez
vraiment venger votre mère, laissez-le vivre et priez même pour qu’il vive
encore de nombreuses années !
    Stupéfaite,
Fiora découvrait cette femme nouvelle et insoupçonnée qui se dressait devant
eux, la bouche amère et les yeux brûlants de haine. Plus rien de similaire avec
la tendre grand-mère qui il y a peu cajolait Marguerite et riait avec elle.
Celle-ci rejetait d’un bloc des années de souffrances et de rancœur et, en face
d’elle, l’homme accusé se terrait, muet, bien que son visage ne reflétât qu’une
rage impuissante. Il hurla :
    – Tue-moi !
Pourquoi as-tu retenu ton bras ? Je n’ai commis que des crimes et j’en
suis heureux... Tue-moi, te dis-je !
    Immobile
entre dame Madeleine et son époux, Fiora les regardait tour à tour sans
parvenir à comprendre. Elle ne vit pas ainsi Démétrios entrer et ne s’aperçut
de sa présence que lorsqu’elle le vit tout à coup près du malade, soulevant un
bras, puis rejetant la couverture afin d’examiner ses jambes...
    – Qu’est-ce
que cela signifie ? interrogea Fiora. Démétrios hocha la tête et haussa
les épaules :
    – Que
cet homme est paralysé. Il est même étonnant qu’il puisse encore parler...
Comment est-ce arrivé ?
    – Une
chute de cheval il y a un an environ, déclara la dame d’un ton aussi satisfait
que si elle avait été elle-même la cause et la force agissante qui avaient
provoqué l’accident. Depuis, je me suis enfin remise à vivre. Finies les années
d’esclavage ! Finie l’impitoyable tyrannie qui durant tant d’années a
terrorisé ce château ! C’est moi la maîtresse à présent et, puisque, grâce
à Dieu et grâce à vous, ma petite-fille m’est rendue, notre vieille demeure va
s’ouvrir et s’égayer à nouveau ! Nous avons, désormais, bien des jours de
joie devant nous...
    – Tu
es folle ! Serons-nous moins déshonorés parce que tu as récupéré un être
de ton sang ? Mais celle-ci que tu as empêché de me tuer est aussi ta
petite-fille !
    – Je
sais parfaitement qui elle est. Je n’avais pas oublié le nom du marchand
florentin dont m’avait parlé le bon père Charruet...
    – Et
tu n’as pas envie de la garder, elle aussi ? Elle me hait de toute son âme
et, un jour ou l’autre, je saurai bien l’amener à me délivrer...
    – Ce
n’est pas moi qui ne désire pas la garder, dit Madeleine avec une tristesse
subite, bien au contraire ! C’est elle qui n’a pas envie de rester... Elle
est trop belle et vive pour cette austère demeure... Mais j’espère ardemment qu’elle
n’oubliera pas tout à fait une grand-mère qui lui gardera une bonne part de son
cœur...
    Elle
ouvrit les bras et Fiora s’y jeta, les larmes aux yeux.
    – Moi
non plus je ne vous oublierai pas ! Tout à l’heure... j’enviais
Marguerite...
    – Touchante
scène de famille ! grinça Brévailles. Charmant tableau ! Et moi,
serai-je oublié ? On ne m’embrasse pas ? J’ai toujours apprécié qu’une
jolie fille me caresse... et j’ai quelquefois regretté de n’avoir pas tenté ma
chance avec cette jolie garce de Marie, après tout, puisque ça ne la gênait pas
de coucher avec son frère. Pourquoi pas avec moi ?
    Démétrios
empoigna Fiora qui, emportée par une colère sauvage, allait se jeter sur lui,
la dague haute. Il la lui arracha puis, se tournant vers l’infirme et sans
lâcher la jeune femme, il prononça fermement :
    – Vous
n’y parviendrez pas, messire ! Fiora doit admettre qu’en ce qui vous
concerne la vengeance appartient au Seigneur. Celle qu’il exerce pour l’heure
est

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