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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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elle souhaitait que sa grand-mère
trouvât enfin un peu de bonheur véritable auprès de la fille de Regnault du
Hamel... Il faisait beau, elle n’avait pas dix-huit ans et elle aimait
passionnément l’homme dont l’anneau pendait sur sa poitrine, à l’abri de sa
robe... Même l’image lointaine et d’ailleurs indistincte de l’impitoyable duc
de Bourgogne ne parvenait pas à troubler cette minute de paix heureuse qu’elle
s’accordait à elle-même. Pourquoi donc, après tout, le ciel ne se chargerait-il
pas de lui comme il avait disposé de Pierre de Brévailles ? Les bruits qu’elle
avait entendus depuis son arrivée en Bourgogne pouvaient lui donner à ce sujet
quelque espérance car les ennemis acharnés à la perte du Téméraire commençaient
à être légion : les Suisses, les princes allemands, le duc de Lorraine et,
surtout, surtout, ce roi de France dont on murmurait à juste titre qu’il était
le plus habile de tous les diplomates et peut-être le plus puissant de ces
ennemis. Les gens hasardaient volontiers qu’entre lui et le Téméraire la haine
ne prendrait fin que par la mort de l’un d’eux. Et c’est vers ce souverain énigmatique
– car son image différait selon ceux qui en parlaient – qu’elle et Démétrios
allaient s’acheminer de concert... non sans un petit détour que Fiora était
bien décidée à obtenir...
    Ils
firent étape à Beaune, dans un relais proche de l’admirable Hôtel-Dieu édifié
trente-deux ans plus tôt par le chancelier de Bourgogne, Nicolas Rollin, et son
épouse Guigone de Salins. Sans avoir la splendeur architecturale de son voisin,
l’auberge du Grand Saint Vincent leur offrit, avec ses lits aux draps
soigneusement repassés, sa cuisine abondante et variée et la fraîcheur de la
vigne qui revêtait ses murailles, une halte aussi reposante pour le corps que
pour l’esprit. Après le souper qu’on leur servit, toutes fenêtres ouvertes sur
les grands toits bruns des Halles, dans la chambre que partageaient Fiora et
Léonarde, Démétrios s’inquiéta auprès de l’hôte, maître Baudot, du chemin qu’il
convenait de prendre pour se rendre à Paris.
    Afin
de calmer les soupçons de ce brave homme qui, en digne serviteur du duc
Charles, commençait à regarder de travers des gens qui souhaitaient se rendre dans
la ville capitale de « l’infâme roi Louis XI », Démétrios se hâta de
préciser qu’ils devaient rejoindre un cousin, marchand drapier dans la rue des
Lombards. Satisfait, Baudot lui exposa que le meilleur chemin sans contredit
passait par Dijon et par Troyes, en Champagne, celui qui, après avoir traversé
une partie du Morvan et l’Auxois, rejoignait la vallée de l’Yonne n’étant plus
praticable.
    – On
dit, observa maître Baudot, que les troupes du roi Louis, après la rupture de
la trêve, se sont ruées sur nos terres et sont arrivées jusqu’à Auxerre où
elles dévastent, ravagent, pillent et brûlent tout ce qui leur tombe sous la
main. C’est bien le fait d’un mauvais homme, ajouta-t-il, car ce roi sait bien
que Mgr Charles, – que Dieu nous veuille garder en santé ! – vient tout
juste d’en finir avec le siège de Neuss...
    – La
ville est-elle enfin tombée ? demanda Fiora qui savait parfaitement à quoi
s’en tenir mais tenait à jouer jusqu’au bout son rôle d’étrangère nouvellement
débarquée.
    – Oui
et non. Elle s’est ouverte devant le légat de sa sainteté le pape Sixte qui en
a pris possession au nom de l’Église. Il n’y a ni vainqueur ni vaincu mais
notre duc a tout de même perdu beaucoup d’hommes et pas mal d’or... Profiter de
cela, c’est indigne !
    – Croyez-vous ?
fit Démétrios d’un air innocent. Des marchands flamands que nous avons
rencontrés au-dessus de Lyon nous ont appris que le duc, laissant son armée
derrière lui, rejoignait à marches forcées ses possessions de Flandres pour y
réunir les États et pour retrouver à Calais son allié le roi d’Angleterre en
compagnie duquel il entend entreprendre la conquête de la France. Il voudrait
même le faire couronner à Reims...
    – Le
roi d’Angleterre est frère de Mme la duchesse, repartit dignement Baudot. Lui
et Monseigneur peuvent se rencontrer sans qu’il y ait mauvaise intention à l’égard
de la France. Mais les gens ont si méchante langue qu’ils sont capables d’aller
jusqu’à prétendre que si le roi Louis nous envahit ce serait entièrement de
notre faute ! Vos

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