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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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lorsqu’il lui dit son intention d’aller faire un tour aux Halles, il vint errer
aux environs immédiats du couvent des Jacobins jusqu’à ce qu’il en vît sortir
un frère convers équipé de paniers assez semblables aux siens. Il lui emboîta
le pas et, au bout d’un instant, le rattrapa et le héla, se présentant comme un
valet étranger, tout fraîchement débarqué à Paris et encore peu au fait des
marchands les plus réputés.
    – On
m’a donné cette liste, ajouta-t-il en montrant ce qu’il avait écrit lui-même,
Péronnelle ignorant tout de cet exercice, et on m’a expliqué le chemin des
Halles mais c’est tout.
    – Vous
avez eu tout à fait raison de vous adresser à moi, mon frère, fit le moine d’un
air important. Je connais tous ces marchands et je vous désignerai les
boutiques où l’on trouve les meilleures denrées aux plus justes prix.
    – Je
vous en serai vraiment reconnaissant, mon frère, répondit Esteban avec
humilité.
    Sa
reconnaissance se traduisant de la seule manière qu’il connût. Le Castillan,
les paniers une fois remplis, entraîna son guide bénévole dans un cabaret de la
rue Coquillière pour l’y régaler de quelques pots de vin frais. Le frère Guyot
était un cœur simple qui savait reconnaître et apprécier les bienfaits de Dieu
avec un faible pour le jus de la treille, ce divin breuvage sanctifié par le
Seigneur lui-même au soir de la Cène. Au bout du troisième pot de vin de
Suresnes, Esteban savait ce qu’il était venu chercher : Fray Ignacio
Ortega était investi par Sa Sainteté le Pape d’une mission particulière et
discrète auprès du roi de France qu’il rejoindrait prochainement -ce dont le
couvent tout entier se trouvait honoré.
    Ce
point acquis, Esteban rappela à son compagnon qu’il était l’heure de rentrer et
le remit sur le chemin du retour alléguant, pour ne pas revenir jusqu’à la rue
Saint-Jacques, une dernière course à faire dans le quartier. Une demi-heure
plus tard, il rapportait à Péronnelle ses paniers pleins et à Fiora ses
informations toutes fraîches.
    – Sa
mission ne devrait pas être d’une importance capitale, estima la jeune femme,
sinon le pape en aurait investi quelque cardinal-légat...
    – Je
ne suis pas de votre avis. Un simple moine passe plus facilement inaperçu que
le pompeux cortège d’une simarre pourpre et bien des secrets d’Etat
accompagnent le chemin d’hommes parfois plus modestes encore. De toutes les
façons, celui-là se rend où nous allons nous-mêmes. Nous tâcherons, mon maître
et moi, de le surveiller. Ne vous mettez plus en peine de lui, donna Fiora !
    Cette
dernière journée parisienne, Fiora l’avait passée tout entière auprès de
Léonarde qu’elle se reprochait d’abandonner comme si la décision en fût venue d’elle-même.
Elle ne s’en était écartée qu’un moment, après le déjeuner, pour rejoindre dans
son cabinet Agnolo Nardi qui le lui avait demandé.
    – N’avez-vous
pas besoin d’argent, donna Fiora ? fit le négociant dès qu’elle fut entrée
en lui désignant un siège.
    – Ne
me rendez pas confuse, ser Agnolo ! La générosité avec laquelle vous nous
avez reçus, mes amis et moi m’interdit d’aborder avec vous cette question...
    – Per
Baccho ! donna Fiora. L’étrange fille de négociant que vous faites ? Vous
mélangez tout.
    – Je
ne crois pas et même je vous demande de ne pas poursuivre car vous me gêneriez
fort !
    – Dio
mio ! Vous ne comprenez rien, mais rien à ce que sont les affaires ! L’hospitalité
est un devoir de chrétien qui avec vous se mue en un merveilleux plaisir mais c’est
une chose qui ne fait pas partie du commerce ! En ce qui vous concerne, la
réalité est ceci : Ser Angelo Donati qui assume, d’accord avec Sa
Seigneurie de Médicis, les responsabilités des biens, commerces et propriétés
de feu Francesco Beltrami, m’a fait savoir que les bénéfices qui dans mon
négoce formaient naguère la part de votre père doivent vous être remis
intégralement. Il en est de même pour le comptoir de Bruges où, pour plus de
commodité, ser Renzo Capponi a reçu ordre de m’envoyer chaque année ce qui vous
revient et je peux dire que, s’il ne s’agit pas d’une richesse comparable à
celle de notre cher Francesco, vous êtes tout de même, dès à présent, à la tête
d’une gentille fortune qui grossira chaque année et qui vous permet, si aujourd’hui
vous le

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