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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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frères Bureau avaient doté la France sous
Charles VII et que Louis XI avait améliorée encore. Tout cela formait, entre
Dieppe et Reims, un long rideau de fer et de feu capable de résister
victorieusement à l’armée anglaise.
    Fiora,
bien sûr, ne vit passer que les deux gardes royales précédant et suivant Louis
XI qui chevauchait à la tête d’un groupe chatoyant de pennons, de cottes d’armes
et de caparaçons joyeusement coloriés. Lui-même était à demi armé, portant avec
la cotte de mailles courte une demi-cuirasse, des cuissards, des grèves et des
solerets d’acier bleu. Pas de heaume empanaché cependant, mais un chapeau de
feutre noir au bord retroussé et orné d’une médaille de saint Michel mais que
cerclait la couronne d’or. Ainsi, il était plus simplement équipé que n’importe
lequel de ses gardes mais il eût pu se dispenser de l’insigne royal car son
maintien fier et son élégance de cavalier [ix] ne laissaient planer aucun doute sur sa qualité : il était bien le roi.
Quant à ses bagages, ils auraient pu être ceux d’un roi mage. Outre les
chariots qui transportaient son lit démontable, sa chaise de commodités, ses
tapisseries, sa chapelle et ses chiens, d’autres en interminable file portaient
les lourds coffres pleins d’or qui avaient remplacé les barils parisiens ;
d’autres encore chargés de victuailles de toutes sortes et de nombreux
tonneaux, emplis de vin cette fois, étaient destinés à apaiser la faim de l’armée
anglaise comme l’or la soif d’Edouard et de quelques-uns de ses barons. Des
ribaudes suivaient, à pied ou en charrettes, afin de soutenir le moral des
troupes comme cela se pratiquait dans toutes les armées du monde. Ainsi s’en
allait le roi de France bouter l’Anglais hors de son royaume sans crainte d’y
laisser seulement la vie du moindre de ses hommes. Néanmoins, l’oriflamme de
saint Denis l’accompagnait comme il se devait en marchant vers un ennemi.
    Le
cœur un peu serré, Fiora vit passer Démétrios qui chevauchait auprès de
Philippe de Commynes. Louis XI était trop satisfait des soins prodigués par le
médecin grec pour lui permettre d’accompagner son amie :
    – Il
se peut que je vous autorise à la rejoindre dans quelque temps, lorsque je
serai guéri. Jusque-là me suivrez !
    Ni les
prières de Démétrios ni celles de Fiora n’avaient pu fléchir cette volonté. Non
sans raison, le roi estimait que Lorenzo de Médicis lui avait dépêché un
médecin pour s’occuper de lui et pas pour courir les chemins avec une jolie
femme.
    – N’ayez
crainte, ajouta-t-il en manière de consolation, vous serez présent pour l’hallali.
Je sais que vous y tenez !
    Force
avait été de s’incliner mais Fiora, cependant, n’irait pas sans protection
au-devant de son destin : Démétrios avait ordonné à Esteban de la suivre
sans rencontrer d’ailleurs la moindre protestation. Le belliqueux Castillan n’était
guère tenté par les combats à coups de jambons, de pâtés, de futailles et d’écus
d’or tels que les affectionnait le roi Louis. Fiora, elle, s’en allait vers ce
foudre de guerre, ce prince de la tempête et de ses fureurs qu’était le duc de
Bourgogne. La balance, en dépit du dévouement qu’il portait à son maître,
penchait irrésistiblement du côté de la jeune femme.
    Jugeant
d’ailleurs qu’Esteban constituait une escorte un peu mince, Louis XI avait
commis à la garde de son ambassadrice occulte l’un des meilleurs sergents de sa
Garde Ecossaise, Douglas Mortimer, surnommé Mortimer-la-Bourrasque, qui
possédait peut-être le plus affreux caractère de tout le régiment... peut-être
parce qu’il n’avait pas eu l’honneur de voir le jour dans les Highlands vénérés
mais bien à Plaimpied, au sud de Bourges, des amours passionnées puis légitimes
d’un certain Francis Mortimer. Celui-ci avait fait ses premières armes comme jeune
écuyer à la bataille de Baugé, où les cinq mille Ecossais venus au secours du
dauphin Charles – plus tard Charles VII – s’étaient couverts de gloire sous la
bannière de John Stuart, comte de Buchan. Leur chef s’était retrouvé un jour
connétable de France et comte d’Aubigny, non loin de Bourges, où il s’était
établi. Le jeune Francis avait continué, le pli étant pris, à en découdre au
service de la France, sous Buchan puis sous le Breton Richemont avec une
parenthèse exaltante au service de Jehanne la Pucelle,

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