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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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l’envoyée de Dieu qui
montrait courage d’homme mais dont le regard bleu avait tant de lumière... Tout
cela ne lui avait guère laissé de temps à dépenser au service de l’amour et il
s’était écoulé près de vingt ans avant que le guerrier se retrouvât captif d’un
autre regard bleu et des blonds cheveux de Marguerite Lalliée, la jeune veuve d’un
hobereau des environs d’Aubigny. Douglas était issu de ce coup de foudre mais,
s’il avait toujours porté à sa mère tendresse et vénération, il ne pouvait s’empêcher
de lui reprocher secrètement d’avoir fait de lui un des membres les plus
représentatifs de cette race hybride, les Écossais-Berrichons, qui avaient
proliféré autour d’Aubigny et de Bourges.
    Aussi,
fermement déterminé à ne pas perpétuer les Mortimer avant d’avoir eu la chance
de retourner dans les Hautes Terres, le sergent la Bourrasque s’était-il
consacré exclusivement à son métier de soldat en refusant avec obstination de s’apercevoir
que villes et campagnes, sans compter la cour, offraient à son choix nombre de
jolies jeunes filles et même de moins jeunes tout aussi charmantes. Pour l’hygiène,
les ribaudes lui convenaient parfaitement. Quand l’envie lui en venait, il en
prenait une sans y attacher plus d’importance que s’il s’agissait d’un gobelet
de vin. Néanmoins, il la choisissait avec autant de soin que sa boisson.
    Parvenu
ainsi à l’âge de quarante ans, Douglas Mortimer élevait à près de six pieds sa
tignasse roussâtre en accord parfait avec la longue moustache qui barrait son
visage tanné, les épais sourcils qui abritaient ses yeux noisette – ceux de sa
mère la Berrichonne ! – et un nez d’une pureté si parfaitement romaine que
l’on s’était longtemps demandé, en famille, où il était allé le chercher. Brave
comme tous les chevaliers de la Table Ronde, fort comme plusieurs Turcs, la
Bourrasque savait dresser un cheval et montait comme un Mongol, tirait à l’arc
mieux que Robin des bois, faisait sauter la tête d’un homme, casque compris, d’un
seul coup de hache, maniait la lance, l’épée, la masse et le fléau d’armes avec
une adresse qui confinait à la perfection et s’offrait par-dessus le marché le
luxe d’être intelligent. Louis XI, pour lequel il avait déjà rempli quelques
missions, l’avait choisi à cause de ces talents variés, bien sûr, mais aussi
pour une autre raison : Mortimer qui avait déjà beaucoup voyagé au service
de son maître connaissait la France, la Bourgogne, la Lorraine et tous autres
pays limitrophes comme sa propre poche.
    Un peu
perplexe en face de cette force de la nature qui posait sur elle un regard d’une
parfaite indifférence, Fiora demanda timidement si son guide n’était pas trop
contrarié de quitter son régiment et son splendide équipement pour veiller sur
une simple femme.
    – Pas
cette fois, répondit calmement la Bourrasque. Les Anglais, je les aime mieux au
bout de ma lance qu’au bout d’une cuillère à pot ! Les Bourguignons sont
plus amusants.
    Esteban,
lui, était franchement furieux :
    – Je
suis capable de vous défendre en toutes circonstances et contre n’importe quel
ennemi, donna Fiora, et je n’ai pas besoin de cette montagne de muscles ! Sa
présence est une offense à mon courage et à mon dévouement !
    Démétrios
entreprit de le calmer :
    – Le
roi ne te connaît pas. En outre, donna Fiora peut être exposée à de graves
périls contre lesquels vous ne serez pas trop de deux. Enfin, tu pourrais
penser à moi !
    – Je
sais, maître ! Crois-tu qu’il ne me soit pas pénible de te quitter ? Même
pour peu de temps ?
    – Ce
n’est pas cela que je veux dire. Qu’un autre prenne ma place auprès de celle que
je considère un peu comme ma fille est contrariant pour les projets que nous
avons formés ensemble.
    – Tu
n’as rien à craindre, intervint Fiora qui rejoignait à cet instant les deux
hommes dans la cour du château où le départ se préparait après un ultime entretien
avec le roi. Où est ton don de double vue, Démétrios ? Le rideau de l’avenir
ne se lève-t-il plus pour toi ?
    – Je
peux lire dans l’avenir des autres mais pas dans le mien.
    – Eh
bien, lis dans le mien ! Ne vois-tu rien de ce qui m’attend ? Souviens-toi
du bal au palais Médicis !
    – Tu
n’étais pour moi qu’une inconnue alors. L’affection trouble la vue du mage. Tu
m’es devenue chère, petite

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