Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
Il y faudrait un miracle. Donc il ne peut être question de
l’emmener. Si vous allez la rejoindre, elle vous posera des questions, s’inquiétera.
Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Elle vous croit auprès du roi et de mon
maître. Ne pensez-vous pas qu’il est préférable de ne pas troubler la paix de
son cœur ? D’autre part, j’ignore de quelle mission vous avez été investie
et je ne veux pas le savoir, mais elle le désirera. Que lui direz-vous ?
    Fiora
se détourna lentement et les mains d’Esteban retombèrent. Il y eut un silence
que Mortimer eut le bon goût de ne pas troubler, devinant peut-être que son
adversaire était vaincue. Ce qui était le cas. Fiora savait bien qu’Esteban
avait raison. Elle n’avait jamais rien su cacher à Léonarde quand celle-ci
voulait savoir quelque chose.
    Comment
lui dire que le roi l’envoyait en Lorraine pour y séduire « par tous les
moyens » l’un des capitaines du Téméraire et l’amener à la trahison pure
et simple ? Léonarde pousserait les hauts cris, se mettrait en travers et
peut-être que toutes deux en viendraient à une dispute, peut-être à une
brouille que la jeune femme ne pourrait supporter... Et, pour le moment, elle
avait besoin de tout son courage. Relevant les yeux, elle vit qu’Esteban l’observait.
Douglas Mortimer, se désintéressant de la question, était allé vers la porte
ouverte qu’il obstruait de sa puissante carrure et regardait tomber la pluie.
    – Vous
avez raison, mon ami. Mieux vaut laisser dame Léonarde vivre doucement sa
convalescence dans le jardin de dame Agnelle. D’ailleurs, cela convient mieux à
son âge que les rudesses des grands chemins et, ainsi, elle priera pour nous en
toute quiétude... Messire Mortimer ! appela-t-elle.
    L’Ecossais
se retourna :
    – Madame ?
    – Nous
partirons quand vous voudrez... pour nous rendre là où vous l’avez décidé. On
fit étape, ce soir-là, à Villers-en-Retz.
     

 
Troisième partie LES
MERCENAIRES
     
CHAPITRE
VIII UN CONDOTTIERE
     
     
     
    La
pluie ne cessait pas. Le temps, détraqué, faisait de la fin de ce mois d’août
une sorte d’automne précoce et apocalyptique où les grondements du tonnerre
alternaient avec des pluies diluviennes et des sautes de vent violentes. Il
fallait s’estimer heureux quand on ne recevait sur le dos que ce fin crachin
qui enveloppait le paysage d’un brouillard d’eau. Cela trempait tout autant qu’un
gros orage mais c’était, à tout prendre, plus facile à supporter. Fiora,
enveloppée de sa grande mante noire à capuchon en dépit de la chaleur encore
lourde, et Esteban sous son manteau de cheval faisaient le gros dos, mais la
Bourrasque, comme s’il se sentait dans son élément, allait son chemin, drapé
dans sa couverture sans perdre un pouce de sa taille. Bien droit sur sa selle,
la plume en bataille, il menait son cheval par les chemins transformés en
bourbiers et en fondrières avec autant de dignité que s’il eût escorté le roi.
Sa large carrure coupait le vent devant Fiora lui bouchant un paysage qui, à
vrai dire, n’avait rien de réconfortant. La Champagne que l’on traversait de
part en part avait terriblement souffert des dernières guerres et en dépit de
la poigne du roi Louis qui faisait régner au moins la sécurité, l’effort de
redressement demeurait faible. Même à Reims, la ville royale, la ville du
sacre, la misère montrait son visage blême. Des villages entiers  avaient  été
brûlés que l’on s’efforçait de reconstruire mais la pluie incessante ne
permettait guère de distinguer ce que l’on rebâtissait de ce qui était en
ruine.
    Après
Reims ce fut pire. Crayeuse et désolée, la campagne montrait de grandes plaques
blanchâtres entre les touffes de végétation. Il n’y avait pas d’auberges.
Seuls, de maigres prieurés accueillaient le voyageur et, en dépit de leur bonne
volonté, ne pouvaient lui offrir que des fruits, du miel et du fromage plus l’abri
d’une grange qui ne contenait guère de paille. Néanmoins, Mortimer récompensait
cette hospitalité royalement en homme qui a reçu des ordres et les exécute à la
lettre plus qu’en généreux seigneur : chaque fois qu’il devait se séparer
d’une pièce d’or, ses sourcils se fronçaient et sa moustache se tortillait sur
une grimace.
    – Je
parierais qu’il est avare, chuchota Esteban un matin où l’on quittait l’un de
ces pauvres relais. Le roi doit le savoir et a

Weitere Kostenlose Bücher