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Fiora et le Téméraire

Fiora et le Téméraire

Titel: Fiora et le Téméraire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ordonné en conséquence. Sans
cela cet olibrius aurait été capable de nous laisser mourir de faim et coucher
à la belle étoile.
    Les
relations entre Fiora et son guide ne s’étaient guère améliorées. Une seconde
algarade avait eu lieu à Senlis même, quand la jeune femme avait refusé
fermement la litière que l’Ecossais lui destinait et, ouvrant son manteau,
avait montré son costume de garçon.
    – C’est
une dame que j’escorte, fulmina-t-il. Pas un galopin !
    – Vous
escortez Fiora Beltrami, lui déclara tranquillement la jeune femme, et cela m’étonnerait
beaucoup que le roi ait pris la peine de vous dire comment je devais m’habiller
et par quel moyen de locomotion je voyagerai. Je monte à cheval depuis ma plus
tendre enfance et n’ai aucune envie de passer des heures secouée comme prunier
en août dans cette espèce de boîte. Nous irons d’ailleurs plus vite !
    Ce
dernier argument avait emporté la décision mais, depuis, Douglas Mortimer n’adressait
la parole à sa compagne que lorsque c’était tout à fait indispensable. Matin et
soir, il la saluait sans piper mot.
    Avec
Esteban, les relations n’étaient pas plus chaleureuses. L’Ecossais et le
Castillan faisaient assaut de morgue et, eût-on dit, l’impossible pour être
désagréables l’un envers l’autre. C’est ainsi qu’Esteban ayant découvert que
Mortimer détestait l’entendre chanter, entreprit de charmer les longueurs de la
route en régalant ses compagnons de toutes les ballades, romances et cantilènes
qu’il avait pu emmagasiner depuis son enfance. Il avait d’ailleurs une voix
agréable mais pour rien au monde Mortimer n’en aurait convenu. Il se contenta de
dire à haute et intelligible voix qu’il pleuvrait sans doute moins si Esteban
consentait à se taire.
    Néanmoins,
Fiora et son mentor furent bien obligés de reconnaître que la présence de la
Bourrasque n’avait rien de superflu. Il allait son chemin avec sûreté, sans
jamais se tromper et quand, au passage d’un petit bois, une demi-douzaine de
brigands tomba sur les voyageurs avec l’intention évidente de les soulager de
leurs biens, ils furent obligés de constater que le sergent la Bourrasque
valait une escouade à lui tout seul. A la vue de l’ennemi, il entra dans une
sorte de fureur sacrée et, poussant un hurlement à faire tomber des murailles s’il
y en avait eu en vue, il fondit l’épée haute sur les nouveaux venus. En un clin
d’œil il en coucha trois à terre pour l’éternité, ce que voyant, les trois
autres s’enfuirent sans demander leur reste poursuivis par les tonitruantes
malédictions d’un gosier digne d’avoir vu le jour à Glenlivet, berceau des
Mortimer. Ces vociférations vouaient leurs descendances au pire destin après
avoir émis des doutes insultants sur la qualité de leurs pères et mères.
Esteban, aussi éberlué que les brigands, n’avait même pas eu le temps de tirer
sa propre lame... Il ne put que joindre ses compliments – pas très sincères car
il se sentait frustré – à ceux de Fiora tout autant abasourdie que lui-même :
    – Si
le roi en a seulement une douzaine comme vous, dit celle-ci, il devrait pouvoir
aplatir les armées de Bourgogne en une seule bataille...
    – Nous
sommes tous comme ça ! Je n’ai rien fait d’extraordinaire, répondit
Mortimer redevenu instantanément aussi froid qu’il était bouillant la minute
précédente.
    Il
ajouta, avec une désarmante simplicité : -Nous, Écossais, sommes les
meilleurs soldats du monde.
    Puis
rajustant son bonnet qui avait résisté victorieusement à une hache envoyée
perfidement et à tout hasard, il reprit le chemin un instant interrompu suivi
avec une sorte de respect par ses deux compagnons.
    Lorsque
l’on atteignit la Meuse qui, dans cette région, marquait la frontière entre le
royaume de France et les états du duc de Bourgogne, Fiora pensa que l’heure
était venue de se séparer de Mortimer, un des membres de la fameuse Garde
Ecossaise ayant bien peu de chance d’être accueilli aimablement sur les terres
du Téméraire. Le pont et la petite ville de Dun était déjà en vue, et elle
arrêta son cheval.
    – Puisque
c’est ici la Bourgogne, n’est-il pas temps de nous quitter, messire Douglas ?
    Il s’arrêta
lui aussi et tourna vers la jeune femme un regard glacé :
    – Campobasso
tient garnison à Thionville. Je vous conduis jusque-là. Le roi veut savoir
comment vous serez reçue : ces

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