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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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sais qu’ils disent des choses qui sont contraires à celles que j’ai vues et entendues moi-même. En sorte qu’il faudrait chercher comment ces deux officiers royaux ont pu se tromper aussi grossièrement. Et s’ils sont coupables, il faudra les frapper impitoyablement. Comprenez-vous, duc ?
    Ce que le duc et le cardinal comprenaient surtout, c’est que la mortelle accusation ne se produisait pas. Bien mieux, le roi semblait les mettre hors de cause, puisqu’il disait qu’il ne doutait pas de leur bonne foi. Ils se sentirent revivre tous les deux, et un vaste soupir de soulagement souleva leurs deux poitrines. Seulement la secousse avait été trop forte. Ils avaient sondé l’abîme, ils connaissaient maintenant les effets hallucinants du vertige. Et ils n’avaient pas envie de les éprouver à nouveau. C’est pourquoi le duc, qui allait tenir tête au roi, jugea prudent de louvoyer, d’avoir l’air de s’incliner.
    C’est ce qui fait que, au grand étonnement de ceux qui le connaissaient, le duc déclara :
    « Qui donc serait assez osé de mettre en doute la parole royale ? Si le roi affirme que les rapports qui m’ont été faits sont inexacts, c’est que cela est ainsi. L’enquête sera faite, Sire, et menée rondement, je vous en réponds. De même, je vous réponds que ceux qui m’ont mis dans cette fâcheuse posture aux yeux de Votre Majesté seront châtiés sans pitié, comme ils le méritent. »
    Le roi se contenta d’approuver d’un léger signe de tête. Le duc reprit, achevant sa soumission :
    « Il importe cependant que des mesures soient prises sans tarder au sujet de cette émotion qui s’est manifestée aujourd’hui dans la rue. Plaise à Votre Majesté de me donner ses ordres à ce sujet. »

IV – OÙ BEAUREVERS INTERVIENT
    Ce fut une stupeur dans la noble assemblée.
    Quoi, l’orgueilleux, le tout-puissant François de Guise, acceptait sa disgrâce sans mot dire !… Quoi ! lui qui, jusque-là, avait dirigé les affaires de l’État en maître absolu, il se laissait évincer, chasser presque, sans demander une explication ! Il se courbait, il sollicitait humblement des ordres !
    C’était plus qu’une reculade, c’était un effondrement.
    Voilà ce que se disaient les gens qui ne s’en rapportaient qu’aux apparences, oubliant que les apparences sont souvent trompeuses.
    Ainsi dut juger le roi. Car une fugitive lueur de triomphe passa dans ses yeux.
    Mais Catherine ne jugea pas ainsi, elle. Car un sourire énigmatique passa comme une ombre sur ses lèvres pincées.
    Beaurevers non plus ne jugea pas ainsi. Car il quitta sa place et vint s’incliner devant le roi.
    François comprit qu’il avait quelque chose d’important à dire. Il lui adressa un gracieux sourire – ce jour-là décidément, il souriait à tout le monde, hormis à ses oncles, remarquèrent les courtisans plus attentifs que jamais. Et il autorisa :
    « Parlez, chevalier. »
    Le duc toisa le nouveau venu d’un air souverainement dédaigneux. Et il tourna la tête de l ’ autre côté. Et pour mieux marquer le peu de cas qu’il faisait du personnage et de ce qu’il allait dire, il affecta de s’entretenir à voix basse avec son frère.
    À part cela, tout le monde, même le roi, même Catherine, même les Guises, malgré leur air détaché, attendait avec la curiosité la plus vive ce qu’allait dire le chevalier.
    Sans paraître remarquer l ’ attitude impertinente du duc, nullement gêné par l ’ attention générale concentrée sur lui, Beaurevers commença de sa voix claironnante :
    « Sire, dit-il, il me semble qu’un malentendu s’est élevé entre Votre Majesté et M. le duc de Guise. Étant donné la gravité des circonstances, il importe de faire cesser ce malentendu. »
    Le duc tressaillit. D’après le préambule de Beaurevers, il lui semblait que c’était un secours inespéré qui lui arrivait là. Dans la situation difficile où il se trouvait, il se dit qu’il avait eu tort de se montrer aussi hautain vis-à-vis d’un homme qui s ’ annonçait comme un allié, momentané tout au moins. Il craignit de l ’ avoir froissé par son attitude. Et il se tourna franchement vers lui. Et il lui accorda ouvertement une attention qu’il avait voulu dissimuler jusque-là.
    Moins fier, son frère, le cardinal, fit mieux. Il lui adressa son plus gracieux sourire.
    Devant ce changement à vue, une lueur s ’ alluma dans l’œil de Beaurevers. Mais il ne

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