Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
Vom Netzwerk:
moins prouvé. Mais n’importe, je le tiens pour admis. Vous nous avez dit que vous pouviez achever de nous perdre. Mais vous ne nous avez pas dit que vous le feriez… D’où je conclus que vous avez, monsieur de Beaurevers, certaines propositions à nous faire. Et vous agirez selon que nous aurons accepté ou repoussé ces propositions. »
    Beaurevers s’inclina.
    « J’admire, monseigneur, la pénétration de votre esprit, fit-il.
    – Bah ! dit le cardinal avec un air de fausse modestie, je vous ai dit que c’était là un jeu d’enfant. Parlez donc, monsieur de Beaurevers, parlez… Et ne craignez pas de trop demander. Nous ne demandons qu’à nous entendre avec vous.
    – Nous vous écoutons, monsieur », encouragea le duc.
    Froidement, avec un air sérieux qui indiquait qu’il ne songeait plus à s’amuser, Beaurevers commença :
    « Faire la paix avec les réformés.
    – Mais, monsieur, s’écria le cardinal, n’avez-vous pas entendu monseigneur le duc déclarer au roi qu’il était prêt à exécuter ses ordres à ce sujet ? Il me semble que nous sommes d’accord.
    – Sans doute, sans doute, monsieur le cardinal. Mais c’est qu’il ne faudrait pas qu’on défit d’une main ce qu’on aurait fait de l’autre.
    – Qu’est-ce à dire ? gronda le duc. Oseriez-vous nous soupçonner de mauvaise foi ? » Avec une froideur terrible, Beaurevers répliqua :
    « Oui, duc !… »
    Et ce oui tombait sec et tranchant comme un coup de hache.
    Profitant de leur stupeur, il reprit aussitôt :
    « Je vous ai devinés, moi, messieurs… Vous, cardinal, vous rêvez de poser sur votre front la tiare de saint Pierre, et vous, duc, de changer votre couronne ducale contre une couronne royale. Ambition grandiose, au travers de laquelle les réformés viennent se jeter. Et c’est de là, uniquement de là, que vient votre haine contre eux. Que demain ces réformés unissent leurs forces pour favoriser votre ambition, comme ils les ont unies pour la contrarier, et vous irez au prêche et vous crierez très haut et ferez crier aujourd’hui : Mort aux huguenots ! Que vous soyez roi, je n’y verrais pour ma part aucun inconvénient. Mais vous rêvez de dépouiller le roi François II… Et moi j’ai mis dans ma tête que, tant qu’il sera vivant, et moi aussi, nul ne portera la main sur son bien. Voilà pourquoi je me dresse sur votre route, prêt à défendre du bec et des ongles le bien de ce pauvre petit roi à qui vous avez juré fidélité et que vous voulez dépouiller. Et pour commencer, comme le seul obstacle sérieux à vos projets vient des réformés, je vous empêche d’écarter cet obstacle en vous mettant dans l’impossibilité de les anéantir comme vous vouliez le faire. Ceci est élémentaire, et c’est de bonne guerre aussi. Donc, duc, vous céderez sur ce point, sur lequel le roi ne transigera pas, je vous en avertis, et votre situation demeurera intacte, ou bien vous résisterez… et alors vous êtes perdu. »
    La rage de se voir si bien et si complètement pénétrés les avait laissés sans voix. Pendant que le cardinal tremblait, le duc se redressait et dardait sur Beaurevers un regard étincelant, chargé de menaces. Un instant le chevalier put croire que le duc allait se ruer sur lui et lui plonger sa dague dans la gorge, tant la colère le transportait.
    Mais il n’en fut rien. Brusquement, le duc se calma. Il sourit même, d’un sourire suprêmement dédaigneux. Et d’un air détaché, s’adressant à son frère :
    « Dieu me pardonne, je crois que j’ai failli me fâcher !… Partons, cardinal. »
    Beaurevers sourit. Il allongea le bras et souleva un coin de rideau. Et avec le même calme terrible :
    « Avant de rompre cet entretien qui n’est pas achevé, jetez, duc, un coup d’œil sur les portes de cette salle, et voyez si sortir d’ici vous paraît chose facile à accomplir. »
    Malgré eux, les Guises obéirent à l’invitation de Beaurevers et jetèrent un coup d’œil sur les portes. Et ils demeurèrent pétrifiés :
    Devant chaque porte se tenait, sur deux rangs, un fort piquet de gardes, la pique à la main.
    Le cardinal verdit. Il dut s’appuyer au mur : ses jambes se dérobaient sous lui.
    Le duc tint tête et d’une voix rauque gronda :
    « C’est pour nous qu’on a pris ces dispositions extraordinaires ?
    – Parbleu !… Pour qui voulez-vous que ce soit ? » Ayant dit ces mots d’un air railleur, Beaurevers

Weitere Kostenlose Bücher