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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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qu’il le veuille ou non, c’est contre vous qu’il lui faudra marcher. Vous aurez à lutter contre deux partis : les religionnaires dirigés par le prince de Condé, et les mécontents ou politiques, dirigés par le roi de Navarre. Chacun de ces deux partis, pris isolément, pourrait être battu, non sans difficulté, croyez-le bien. Réunis, et ils se réuniront fatalement pour vous accabler, réunis, dis-je votre perte est assurée. Tout ce que vous pourrez faire sera de prolonger la lutte, de tomber glorieusement… Mais tenez pour assuré que vous tomberez inévitablement. Vous n’ignorez pas, messeigneurs, que je dispose de quelque influence. Il va de soi que cette influence passe toute à votre service… si je suis des vôtres. D’autre part, je crois vous en avoir assez dit pour que vous pressentiez que si, à mon âge, je me suis décidé à descendre dans la mêlée, ce n’est pas pour y demeurer inactif. J’entends agir avec la plus grande activité, sans ménager ni ma peine ni mes forces. Le résultat de cette activité que je déploierai à votre service sera que, avant longtemps, j’aurai rallié à vous la plus grande partie des mécontents que vous voyez prêts à se dresser contre vous. Je ne dis pas que tous viendront. Non. Mais leur nombre sera tellement diminué qu’ils n’existeront plus en tant que parti. Sa majesté de Navarre ne consentira jamais à se mettre à la tête d’une poignée de mécontents sans argent, sans forces, sans cohésion, sans rien de ce qui peut constituer un parti. Voilà, d’abord, ce que je puis, ce que je suis sûr de faire pour vous qui me paraît déjà appréciable.
    – Dites que c’est énorme, s’écria le duc transporté. Grâce à vous, monseigneur, le terrain sera notablement déblayé. Il faudrait que nous fussions vraiment maladroits pour ne pas tirer profit d’un avantage aussi considérable.
    – Vous avez dit, monseigneur, intervint le cardinal qui était tout sourire, vous avez dit que vous pouviez faire cela « d’abord ». C’est donc qu’il y a un « ensuite » ?
    – En effet, continua le vidame. Réduire les hérétiques à leurs propres forces, c’est beaucoup. C’est insuffisant cependant, parce que ces forces, même réduites à elles seules, demeurent encore imposantes. Diviser ces forces, c’est encore mieux. Et détacher une notable partie pour l’amener à vous, voilà le couronnement de l’œuvre. Si vos forces à vous augmentent au fur et à mesure que diminuent celles de l’ennemi, l’issue de la lutte ne peut pas être douteuse. Y aura-t-il lutte sérieuse, seulement ? On peut en douter.
    – Ce serait merveilleux, en effet, soupira le duc un peu sceptique. Malheureusement, pour réaliser ce programme, il faudrait une bonne et solide alliance entre les Bourbons et moi. Et ceci ne me paraît pas réalisable.
    – Monseigneur, dit le vidame avec force, vingt-quatre heures après que j’aurai adhéré à votre parti, Mgr le cardinal de Bourbon se déclarera pour vous.
    – C’est un effet moral dont je ne conteste pas la valeur, mais ce n’est qu’un effet moral, interrompit le duc.
    – Et, continua imperturbablement le vidame, un mois après, un traité en bonne et due forme sera signé entre vous et Antoine de Bourbon, roi de Navarre.
    – Ah ! ah ! fit vivement le duc, voilà qui change la question du tout au tout. Si vraiment vous croyez…
    – D’ici un mois, interrompit le vidame avec plus de force, le traité sera signé. Je m’en charge. J’en réponds sur ma tête. »
    Et s’expliquant :
    « Antoine de Bourbon est un homme sans caractère. Ce n’est pas un indécis, c’est l’indécision même. Il pouvait être dangereux s’il avait consenti à se laisser diriger par sa femme, Jeanne d’Albret. Mais le voilà brouillé avec elle, précisément. Brouille sérieuse qu’on peut, qu’on doit entretenir soigneusement. Qu’il vienne à vous – et je répète que je m’en charge – et vous aurez entre les mains un instrument docile que vous manœuvrerez à votre gré. Pour cela, vous n’aurez qu’à lui parler de son cadet, le prince de Condé. Son cadet qu’il jalouse, monseigneur, parce qu’il se montre aussi actif, aussi remuant, et ajoutons aussi ambitieux qu’il est, lui, indécis, nonchalant et dénué d’ambition. Son cadet qui l’inquiète et l’effraie, qui l’offusque de sa supériorité. Supériorité réelle, au surplus.
    – Mon frère, dit le

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