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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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et vous abattre sans pitié. Ma conscience ne me reprocherait pas ce meurtre. Mais j’ai pitié de votre jeunesse, et je vous dis : Rendez, jeune homme, le parchemin que vous vous êtes… indûment approprié. Et nous oublierons que vous avez surpris ici des secrets mortels, que nul ne doit connaître. Et vous pourrez vous retirer librement. Je vous en donne ma parole. »
    Beaurevers considéra le vidame avec une étrange ex-pression où il y avait comme du respect, de l’admiration et de la pitié. Et très doucement :
    « Et si je refuse ? dit-il.
    – En ce cas, dit le vidame, en montrant son épée, j’en appellerai au jugement de Dieu. Et comme ma cause est juste, Dieu me donnera la victoire. Je vous tuerai, jeune homme, n’en doutez pas. Et à tout prendre, il vaut mieux qu’il en soit ainsi. »
    Il avait dit cela avec une imperturbable confiance. On voyait qu’il était très convaincu.
    Pour la deuxième fois, Beaurevers lui jeta un long regard apitoyé. Puis ses yeux se portèrent sur le groupe formé par le duc et ses compagnons. Et une lueur de colère passa dans son œil clair. Il se disait :
    – Ah ! les misérables qui abusent ainsi de la candide honnêteté de ce galant homme ! »
    Le vidame surprit ce coup d’œil. Et, se méprenant sur sa signification, il dit, s’adressant à ses hôtes, sur un ton d’irrémédiable autorité :
    « Rengainez, messieurs, et nous livrez du champ. Il ne faut pas que monsieur puisse supposer un seul instant que nous avons l’intention de l’assassiner. »
    Les quatre à qui il s’adressait eurent une seconde d’hésitation. Mais le duc le premier, et avec un regret visible, ayant obéi, les autres firent comme lui. Et ils reculèrent de quelques pas après avoir remis les épées au fourreau.
    Le vidame se retourna alors vers Beaurevers, et avec une politesse hautaine :
    « Quand vous voudrez, monsieur », fit-il.
    Beaurevers secoua la tête, et répéta avec la même douceur.
    « Et si je refuse de me battre avec vous, monsieur ?
    – Monsieur, dit sèchement le vidame, par respect pour mes hôtes et pour moi-même, j’ai bien voulu vous traiter comme un homme de cœur. Ne m’obligez pas à me souvenir que vous vous êtes coulé dans une honnête maison dans une intention de vil espionnage. Ne m’obligez pas à vous dire… »
    Beaurevers vit venir l’insulte. Il n’était pas très patient de son naturel. Il interrompit assez brutalement :
    « Ah ! mordiable, puisque vous ne voulez pas comprendre qu’il me répugne de croiser le fer avec un vieillard débile… finissons-en. Et ne vous en prenez qu’à vous-même de ce qui vous arrivera de fâcheux. »
    D’un geste vif, il écarta deux fauteuils et la table. Ces meubles ne le gênaient aucunement. Mais il avait l’œil à tout. Les autres témoins rangés derrière le vidame ne lui inspiraient aucune confiance. Il les voyait très bien, quoi qu’en eût dit le père de Ferrière, le chargeant traîtreusement tous les quatre ensemble. Cette table et ces fauteuils rangés adroitement, sans en avoir l’air, devaient constituer un rempart derrière lequel, si fragile qu’il fût, il pourrait au besoin s’abriter, le temps de souffler.
    Les deux hommes tombèrent en garde. Les fers s’engagèrent. Beaurevers surveillait attentivement le duc et ses compagnons. Il ne regardait pour ainsi dire pas son adversaire qui ne comptait pas pour lui.
    De fait, jamais passe d’armes ne fut plus brève. Quelques froissements de fer suffirent. Et l’épée du vidame, comme arrachée par une force irrésistible sauta, décrivit une courbe dans l’air, et alla tomber sur le tapis à dix pas de là, au grand effarement du vidame qui ne s’attendait pas à pareille mésaventure, et Beaurevers, avec un respect visible, s’excusa :
    « Dieu m’est témoin, monsieur, que je voulais vous épargner cette humiliation. Mais vous l’avez absolument voulu.
    – Recommençons », dit froidement le vidame.
    Et il alla ramasser son épée.
    « Autant de fois qu’il vous plaira, monsieur, je suis à vos ordres », dit poliment Beaurevers.
    Et il attendit, très froid, la pointe de la rapière fixée sur le bout de la botte.
    Mais tandis que le vidame allait ramasser son épée, le duc grondait :
    « Parbleu, c’était prévu ! Nous perdons un temps précieux et cet espion risque de nous échapper. Appelez vos hommes, Rospignac, et, en attendant qu’ils arrivent, chargeons tous les

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