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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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étaient tous les portraits des Ferrières disparus. Il leva vers eux ses mains tremblantes comme pour les prendre à témoin et, d’une voix plus ferme, il prononça tout haut :
    « Vous avez vu, vous avez entendu. Je suis sûr que vous m’approuvez. »
    D’un pas lourd, chancelant, il se dirigea vers sa chambre, où il s’enferma.

VIII – FERRIÈRE CHERCHE FIORINDA ET TROUVE ROSPIGNAC
    Ferrière s’éloigna lentement et revint tristement chez lui. Il était sombre, inquiet, abattu. Il finit par se coucher. Le sommeil ne venait pas. Et tout à coup il songea :
    « Charbieu ! comment n’ai-je pas pensé à cela plus tôt !… Pardieu, j’irai demain raconter la chose à Beaurevers. Et du diable si, par lui-même ou par l’entremise du comte de Louvre qui me fait l’effet d’être un personnage beaucoup plus considérable que je ne le croyais, c’est bien le diable s’ils n’arrivent pas à me raccommoder avec monsieur mon père ! »
    Cette pensée lui rendit un peu de sa tranquillité d’esprit et il réussit à s’endormir.
    La matinée était assez avancée lorsqu’il se réveilla le lendemain. Il fit rapidement sa toilette et partit pour aller voir Beaurevers. Sur le seuil de sa porte, il s’arrêta indécis. Il touchait sur l’énorme porte cochère de l’hôtel voisin : l’hôtel de son père. Et il se demandait s’il ne devait pas tenter une suprême démarche près de lui.
    À ce moment, la porte s’ouvrit avant qu’il n’eût frappé, et le vidame de Saint-Germain parut sur le seuil. Le père et le fils se trouvèrent inopinément face à face, l’un à l’intérieur, sous la voûte, l’autre dans la rue. Ils se considérèrent une seconde, aussi interloqués l’un que l’autre.
    Ce fut le vidame qui se remit le premier et sur un ton sec :
    « Que venez-vous faire céans ? Nous n’avons rien de commun. À moins que vous ne veniez faire amende honorable. Est-ce cela ? »
    Ferrière était trop bouleversé pour répondre. Néanmoins il lui répugnait de laisser se créer une équivoque en ne répondant pas. Et de la tête il fit un « Non » farouche.
    Le vidame appela, sans se retourner :
    « Pernet ! »
    Le suisse sortit de sa loge et vint s’incliner devant lui.
    « Pernet, dit le vidame froidement en montrant Ferrière, vous voyez cet homme ?
    – Monseigneur ! s’effara le suisse qui reconnaissait le fils de son seigneur.
    – S’il se présente ici, continua le vidame avec la même froideur glaciale, vous lui direz toujours que je suis absent. S’il insiste, s’il vous importune, vous le saisirez par les épaules et le jetterez dehors. Vous avez compris ?
    – Oui, mon… monseigneur, bégaya le suisse qui ne savait quelle contenance garder.
    – Pendant que j’y pense, reprit le vidame, vous ferez murer les trois portes qui font communiquer le jardin de monsieur avec le mien. Nous n’avons plus rien de commun ensemble. Fermez bien la porte sur moi, Pernet. »
    Il sortit, passa devant Ferrière anéanti et s’éloigna de son pas lent et tranquille, sans se retourner une fois.
    Ferrière, les yeux humides, regarda un instant la silhouette courbée de son père qui s’éloignait doucement.
    « Allons, je crois que c’est fini. Il ne me pardonnera jamais. Il n’acceptera jamais ce mariage… Eh bien, tant pis, mort du diable ! Je n’aurai plus de père, soit… Du moins ne ferai-je pas une existence d’enfer pour l’unique satisfaction d’ajouter quelques titres et quelques terres de plus à ceux que je possède. »
    Il partit à son tour, dans la direction des ponts. Il était bien résolu à se rendre d’abord rue Froidmantel. Mais plus que jamais dans les circonstances pénibles où il se trouvait, il éprouvait l’instinctif besoin d’un réconfort puissant. Ce réconfort ne pouvait lui venir que de la femme aimée. C’est pourquoi sans s’en rendre compte, parvenu dans la rue Saint-Honoré, au lieu de continuer jusqu’à la rue Froidmantel qui se trouvait au bout de la rue, sur sa gauche, il tourna brusquement à droite et fut sincèrement étonné de se reconnaître tout à coup devant la petite maison de la rue des Petits-Champs.
    Parvenu jusque-là, il ne pouvait avoir la force de s’en retourner. Il frappa.
    Et la mauvaise nouvelle s’abattit sur lui comme un coup de massue qui l’assomma : Fiorinda n’était pas rentrée la veille, on ne l’avait plus revue, on ne savait ce qu’elle était devenue, ni ce

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