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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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lèvres.
    – Horrible blasphème ! » lança le vidame, qui se signa dévotement.
    Seulement, il comprit que son fils était dans un état voisin de la folie, que sur un mot de plus de lui cet enfant, qui jusque-là s’était toujours montré respectueux et obéissant, oublierait tout pour se dresser devant son père la menace à la bouche, et qui sait ? l’arme au poing.
    Et il eut peur de cela, il voulut éviter cet irréparable malheur. Et il n’insista pas. De ce même air froid, il déclara :
    « Vous êtes fou, monsieur, fou à lier. C’est ce qui fait que je veux bien oublier les inqualifiables paroles que vous venez de m’adresser. Mais n’attendez pas de moi que je prolonge cette discussion : on ne discute pas avec les fous. Allez, vicomte, rentrez chez vous. Demain, dans quelques jours, quand vous serez revenu à la raison, nous reprendrons cette conversation. »
    Ferrière comprit que son père ne voulait pas le pousser à bout. Il lui sut gré de sa longanimité. Mais il comprit aussi qu’un semblable entretien, qui du premier coup s’était élevé à un diapason si aigu, ne pouvait être repris. C’était sur l’heure qu’il fallait liquider.
    « Monsieur, dit-il respectueusement, excusez-moi si je résiste à votre ordre. Mais je crois que le mieux est d’en finir au plus vite. »
    Le vidame fut dupe de ce calme apparent. Il réfléchit une seconde, et, croyant qu’il pourrait lui faire entendre raison :
    « Soit, dit-il, peut-être avez-vous raison. »
    Il allait entamer une sorte de sermon. Ferrière lui coupa la parole :
    « Monsieur, dit-il d’une voix émue, je vous supplie humblement de me donner votre consentement. Je vous en supplie à deux genoux. (Effectivement, il se laissait tomber rudement sur les deux genoux.) Je vous ai gravement offensé, monsieur, je vous en demande pardon… Mais vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir à quelles violences peut se porter un homme que la passion étreint.
    – Dites : que la passion aveugle, interrompit le vidame.
    – Si vous voulez, monsieur, consentit docilement Ferrière. Vous avez toujours été d’un tempérament calme, pondéré, presque froid. C’est fort heureux pour vous. Moi, monsieur, je suis un exalté !… Je vous dis cela, non pour excuser, mais pour expliquer un oubli involontaire. Voyons, monsieur, ne vous laisserez-vous pas attendrir ? Vous êtes mon père, pourtant. Et si je vous dis que la vie ne m’est plus rien si je ne dois avoir la compagne que je me suis choisie, demeurerez-vous inflexible ? Ne m’avez-vous donné le jour que pour faire de moi ma vie durant le plus misérable des humains ? Ce n’est pas possible. Je vous jure, monsieur, que Fiorinda est plus pure que ne sont les nobles dames que vous voudriez me voir épouser… Elle est pauvre, elle n’a pas de nom, pas de titres, pas de terres… Eh ! mon Dieu, n’ai-je pas de tout cela à revendre moi ? »
    Le pauvre Ferrière, un long moment, laissa déborder son cœur aux pieds de son père. Il fut éloquent, de cette éloquence simple et forte qui vient du cœur.
    Malheureusement, il s’attaquait à un préjugé, le plus redoutable de tous, que son père avait au plus haut point : le préjugé de caste. Car, au fond, c’était cela : Fiorinda n’était pas « née ».
    Ferrière finit par comprendre que son père ne se laisserait pas fléchir. Et il se releva péniblement, le désespoir dans l’âme.
    Le vidame quitta son fauteuil. Il se tint debout devant Ferrière. Et il parla, de sa même voix douce, sans éclats, sans gestes, le visage figé dans une immobilité de marbre. Et ce calme apparent soulignait encore l’outrance des mots, indiquait que ni prières ni menaces, rien ni personne au monde ne le ferait revenir sur l’implacable décision qu’il signifiait :
    « Monsieur, dit-il, sachez-le – et que Dieu me juge et me condamne si je blasphème – je vous tuerais de ma propre main, plutôt que de consentir à cette union honteuse qui déshonorerait à tout jamais un nom qui, jusqu’à ce jour, est demeuré sans tache. Vous m’entendez, monsieur ? Je vous tuerais de ma main. »
    Mais il arriva que ces horribles paroles dépassèrent le but qu’il se proposait d’atteindre. La menace ne pouvait pas effrayer Ferrière. Elle ne fit que le confirmer dans sa résolution. Et alors, pour la première fois, il songea que puisque son père le prenait sur ce ton, il était une autre solution, pénible,

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