Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
Vom Netzwerk:
dithyrambiques en l’honneur de Fiorinda.
    Le vidame l’écouta avec une patience inaltérable.
    « Allons, dit-il quand il put placer son mot, vous la voyez parée de toutes les perfections.
    – C’est qu’elle les a toutes, mon père ! interrompit Ferrière avec une chaleureuse conviction.
    – Soit, je ne demande pas mieux que de vous croire. Mais voyons à quelle maison appartient cette perle rare ? A-t-elle du bien ? Comment s’appelle-t-elle, enfin ?
    – Elle est seule au monde, monsieur. Elle est pauvre. Elle se nomme Fiorinda. »
    Ici, le vidame commença à froncer le sourcil. Son attitude cessa d’être paternelle. Il reprit cet air sévère, quelque peu distant, qu’il affectait vis-à-vis de son fils. Il réfléchit une seconde, et en soupirant :
    « C’est regrettable », dit-il enfin.
    Et il insista :
    « Très regrettable… Quand je pense que vous refusez… Oui, vous avez raison ; ne récriminons pas. Eh bien, vicomte, il ne sera pas dit que je me serai arrêté plus longtemps sur une misérable question d’argent. Cette jeune fille n’a pas de biens. Nous nous en passerons, voilà tout. Heureusement, vous en possédez, vous, pour deux.
    – Ah ! monsieur, murmura Ferrière, très ému, vous êtes la bonté même ! Je ne sais pas comment vous remercier…
    – Ne parlons pas de cela. Vous êtes en train de me faire faire une folie. Ne la faisons pas à moitié. Comment m’avez-vous dit déjà que se nomme cette jeune fille ?
    – Fiorinda, monsieur.
    – Fiorinda ! Joli nom, ma foi. Quelque étrangère… Sans doute quelque dame de la suite de la reine Marie Stuart ou de la reine Catherine de Médicis… Vous dites Fiorinda… Fiorinda comment ?
    – Fiorinda tout court, monsieur. Elle ne se connaît pas d’autre nom… Elle n’est de la suite d’aucune reine… Elle n’est ni noble ni bourgeoise. C’est une humble fille du peuple et elle vit de son travail… Et ce travail consiste à dire la bonne aventure sur les places et les carrefours. »
    Il n’était jamais entré dans la pensée de Ferrière de dissimuler la moindre des choses sur la situation de Fiorinda. Ayant dit d’une traite ce qui était le plus dur à dire, il souffla fortement, se sentit soulagé, et retrouva tout son calme, tout son sang-froid.
    D’une voix blanche le vidame prononça :
    « Je me disais aussi : Voilà un nom qui ne m’est pas inconnu. L’idée ne me serait jamais venue qu’il pouvait être question de cette bohémienne qu’on voit courant les rues du matin au soir… Une coureuse des rues !… Mais, monsieur, un gentilhomme qui se respecte ne donne pas son nom à une fille de cette espèce. Il la prend pour maîtresse et c’est encore beaucoup d’honneur qu’il lui fait. Celle-ci vous plaît ?… Prenez-la et n’en parlons plus. »
    Ces paroles et le ton souverainement dédaigneux sur lequel elles étaient prononcées amenèrent la rougeur de l’indignation au front de Ferrière. Peu s’en fallut qu’il n’éclatât. Il se contint cependant, mais ce ne fut pas sans peine. Et ce fut d’une voix où l’on sentait gronder la révolte qu’il répondit :
    « Prenez garde, monsieur, vous vous trompez, Fiorinda n’est pas ce que vous lui faites l’injure de croire qu’elle est. Et si vous n’étiez mon père, j’aurais… Fiorinda est une honnête fille, digne de tous les respects. Ne l’oubliez pas, monsieur, je vous en supplie…
    – Allons donc ! Montrez-lui une bourse convenablement garnie, à cette honnête jeune fille, et vous la verrez vous suivre partout où il vous plaira de la mener. C’est une aventure qui a dû… »
    Il n’acheva pas la phrase. Ferrière, livide, la mâchoire contractée, l’œil injecté, les poings crispés, interrompit brusquement, d’une voix rauque :
    « Pas un mot de plus, monsieur, pas un !… Si vous laissiez tomber l’insulte que je lis dans votre pensée, je crois, oui, je crois que j’oublierais que vous êtes mon père. Je serais capable !…
    – Dieu me pardonne, interrompit à son tour le vidame avec une inexprimable majesté, je crois que vous menacez votre père, monsieur !
    – Monsieur, reprit Ferrière d’une voix blanche, méconnaissable, avec un calme plus effrayant que les éclats de la plus violente colère, j’insulterais, je menacerais, je tuerais le Christ lui-même si, descendu de sa croix, il osait proférer l’injure que je viens d’arrêter sur le bout de vos

Weitere Kostenlose Bücher