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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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de son courage.
    Il dit en hochant la tête d’un air soucieux :
    « Même avec cette arme, vous ne pèseriez pas lourd entre les mains d’un homme résolu et dénué de scrupules.
    – Ne vous y fiez pas trop, dit-elle en riant. Il m’est arrivé d’en tenir avec cela plus d’un en respect… que je n’eusse pas hésité à frapper sans pitié… qui l’a très bien compris… et qui a jugé prudent de se défiler et de me laisser tranquille.
    – Une brute aurait eu tôt fait de vous enlever ce joujou. »
    Elle reprit son poignard, le remit dans son sein et, très sérieuse :
    « C’est possible, dit-elle, quoique ce ne soit pas très sûr. Mais j’ai autre chose : certains grains que je porte toujours sur moi, que je défie bien qu’on me prenne, attendu qu’on ne les trouvera pas. Si quelqu’un, après avoir réussi à me désarmer, pensait avoir raison de moi par la violence, je suis bien résolue, allez. J’absorberais ces grains – deux suffisent – et ce quelqu’un se trouverait en présence d’un cadavre. L’effet de ce poison est foudroyant. Vous voyez bien donc que de toute manière je suis tranquille. »
    Il ne put s’empêcher de frissonner tant elle avait montré de résolution froide dans sa détermination. Il se courba, prit sa main, la porta à ses lèvres avec une sorte de ferveur dévote et murmura :
    « Heureusement, je suis là, maintenant. Vous n’avez plus rien à redouter.
    – Qui sait ? dit-elle d’un air rêveur. En attendant le jour heureux où vous serez mon époux, je garde mon poignard… et mes grains. »
    Puis ce fut au tour de Ferrière à expliquer comment il avait réussi à la découvrir si rapidement. Quand elle sut que c’était Rospignac qui avait conduit Ferrière près d’elle, Fiorinda se sentit prise d’une secrète angoisse. Une sorte d’instinct lui faisait pressentir un piège caché dans cette intervention. Elle fut d’autant plus inquiète que Ferrière ne tarissait pas d’éloges à l’égard de Rospignac, comme il avait fait pour Catherine.
    Un instant, Fiorinda se demanda si elle ne ferait pas bien de lui dire la vérité. Elle craignait d’inquiéter inutilement le jeune homme. Elle voulut cependant le mettre sur ses gardes :
    « Méfiez-vous de M. de Rospignac, dit-elle.
    – Pourquoi ? » fit-il, étonné.
    Et tout à coup, illuminé par une pensée subite : « Vous aurait-il importuné de ses assiduités ?
    Fiorinda n’avait pas voulu dénoncer Rospignac. Mais, dès l’instant que Ferrière entrevoyait la vérité, elle ne voulut pas mentir.
    « Oui », dit-elle franchement.
    Ferrière fronça le sourcil et se mit à réfléchir.
    Fiorinda poursuivit :
    « M. de Rospignac ayant cru devoir me parler de son amour, vous comprenez que j’ai lieu de m’étonner et de m’inquiéter de le voir si complaisant envers un rival qui lui est préféré… qu’il doit détester, par conséquent.
    – Tranquillisez-vous, je vois ce qu’il en est. Rospignac est un galant homme. Il a vu que vous ne l’aimiez pas. Il se l’est tenu pour dit. C’est très simple et très naturel. D’autant que le sentiment qu’il avait pour vous n’était pas très profond, sans doute. Puis Rospignac est un peu mon parent. Je vous assure que maintenant qu’il sait que vous allez être ma femme, il renoncera sans arrière-pensée à toute idée sur vous.
    – N’importe, croyez-en mes pressentiments qui ne me trompent jamais : méfiez-vous de Rospignac… Et gardez-vous. Gardez-vous bien. »
    Et, à partir de ce moment, Ferrière eut beau dire et beau faire, il ne parvint pas à chasser cette sourde angoisse qui était entrée en elle. Son instinct de femme aimante ne la trompait pas.
    Catherine avait assisté, invisible, à cet entretien. Quand elle vit que les deux amoureux ne parlaient plus que du vidame qui refusait son consentement à cette union qu’il jugeait déshonorante, elle jugea qu’elle n’apprendrait plus rien d’intéressant. Elle revint dans sa chambre et sortit encore une fois.
    Elle prit un autre chemin que celui qu’elle avait pris pour venir. Elle entra dans une espèce d’antichambre. Un officier se tenait là avec huit gardes.
    « Allez », commanda laconiquement Catherine.
    Et elle passa lentement, sans ajouter une syllabe.
    Aussi laconique qu’elle, l’officier commanda à ses hommes :
    « Allons. »
    Et il partit, suivi par ses soldats, la pique à la main.
    Ferrière prenait congé

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