Fiorinda la belle
de Fiorinda après lui avoir dit tout ce qu’il croyait de nature à la rassurer et sur sa situation présente et sur leur mariage qui se ferait avant longtemps, malgré l’opposition paternelle.
Fiorinda n’avait aucune appréhension sur son propre sort. Par contre et malgré elle, elle tremblait pour Ferrière. Elle aurait été embarrassée de dire pourquoi, ni de préciser ce qu’elle craignait. Mais c’était plus fort qu’elle : elle avait peur pour lui.
Elle s’était levée. Elle allait avec lui vers la porte.
« Vous reverrai-je bientôt ? dit-elle d’une voix angoissée.
– Je reviendrai demain. Du moins, je l’espère. M me Catherine ne me refusera pas, je pense, cette faveur. Vous savez que je vous ai dit qu’elle m’a promis spontanément d’intercéder pour nous auprès de M. mon père.
– M me Catherine est bien bonne », murmura Fiorinda.
À ce moment, on frappa discrètement à la porte devant laquelle ils se tenaient.
Elle s’arracha de son étreinte en disant :
« On vient vous chercher. Partez. »
Ils n’eurent pas le temps de faire un mouvement. La porte s’ouvrit.
Et ils demeurèrent interdits tous les deux : au lieu de la dame d’honneur qu’ils s’attendaient à voir, ce fut l’officier à qui Catherine avait dit ce seul mot : « Allez ! » qui parut sur le seuil. Cet officier fit deux pas, se découvrit poliment et, sur un ton courtois prononça :
« Monsieur le vicomte, j’ai le regret d’être chargé d’une mission pénible : veuillez me remettre votre épée. »
Et, prenant un parchemin passé à sa ceinture, il le présenta tout ouvert en ajoutant de sa voix la plus rude :
« Ordre du roi… Signé de sa propre main.
– Vous m’arrêtez ! dit Ferrière avec une froideur effrayante. Pourquoi ? »
Une voix doucereuse prononça, au fond de la pièce : « Je dois vous le dire, monsieur de Ferrière. »
Ferrière et Fiorinda se retournèrent d’un même mouvement, tout d’une pièce. Et ils se trouvèrent en présence de Catherine qui venait d’entrer sans bruit par une petite porte perdue dans la tapisserie, à laquelle ils n’avaient pas fait attention.
XI – PREMIÈRE MANŒUVRE DE CATHERINE
« Monsieur, dit Catherine en s’adressant à l’officier toujours impassible dans l’accomplissement de sa consigne, veuillez vous retirer un instant. M. de Ferrière vous appellera lui-même quand il en sera temps. Ne vous éloignez donc pas trop. »
L’officier s’inclina respectueusement et sortit aussitôt.
Catherine se tourna alors vers Fiorinda et, gracieusement :
« Tout à l’heure, je m’occuperais de vous, mon enfant. En attendant, vous pouvez demeurer. Les affaires de famille dont je vais m’entretenir avec M. de Ferrière vous intéressent jusqu’à un certain point, puisque vous allez être sa femme. »
Elle s’assit posément et, revenant à Ferrière qui attendait toujours son bon plaisir :
« Il me paraît, vicomte, dit-elle avec amabilité, que je suis intervenue à temps pour vous empêcher de commettre une folie. Vous alliez, je crois, faire rébellion armée à un ordre du roi ? »
Ferrière eut une imperceptible hésitation et avoua franchement :
« En effet, madame. J’avoue qu’il me serait particulièrement pénible de me voir emprisonné en un moment où j’ai le plus besoin de toute ma liberté.
– Enfant ! sourit Catherine indulgente. Pensez-vous que cet officier, qui accomplissait son devoir, était seul ? Pensez-vous que vous seriez venu facilement à bout des soldats qu’il avait laissés dans le couloir ? Pensez-vous qu’on sort ainsi du Louvre lorsque certaines précautions élémentaires ont été préalablement prises ?
– C’est vrai, madame, confessa Ferrière rembruni ; mais on ne songe à ces choses-là qu’après. »
Catherine se fit sérieuse pour dire :
« C’est parce que j’ai deviné que vous êtes de ces hommes d’action qui foncent tout d’abord que j’ai voulu prévenir un malheur… Je vous ai dit, vicomte, que vous me plaisez. Ma conduite vis-à-vis de vous le prouve… Si vous n’aviez fait que vous exposer vous-même, peut-être vous eusse-je laissé faire. Mais, votre rébellion dans cette affaire, c’était la condamnation à mort du vidame, votre père. Et j’ai voulu vous épargner cet horrible crime.
– Puis-je vous demander, madame, en quoi et comment mon père serait tenu pour responsable de mes
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