Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
Vom Netzwerk:
actes, à moi, au point de les payer de sa tête ?
    – C’est ce que je vais vous expliquer. Je ne suis venue que pour cela. »
    Elle s’accota commodément, en personne qui a le temps, et commença :
    « Pendant ces deux heures que vous venez de passer ici, le roi a été avisé de choses très graves, singulièrement compromettantes pour M. le vidame de Saint-Germain, et qu’il ignorait avant. Le hasard m’a amenée juste à point dans son cabinet pour apprendre moi-même ces choses terribles et l’arrêter au moment où, dans sa colère, juste et légitime, il faut le reconnaître, il allait faire un éclat violent, irréparable peut-être. Ces choses que nous venions d’apprendre, je pense que vous les connaissez et qu’il est inutile de vous en parler.
    « Samedi soir, M. le vidame a reçu en grand mystère la visite de M. le duc de Guise, accompagné de son frère le cardinal et de M. le duc de Nemours. C’est le baron de Rospignac, que je ne savais pas traître, qui est allé recevoir ces messieurs en l’absence du portier éloigné pour la circonstance. La conférence a été longue. Vous n’y assistiez pas, d’ailleurs. Tout se paie en ce bas monde, hélas ! même le dévouement. M. le vidame a consenti à s’employer activement à faire reconnaître le duc de Guise pour roi de France. En échange de ces services, on vous accordait à vous vicomte, la main de M me  Claude de Guise, fille légitime du feu duc.
    « Tout cela a été rapporté par un émissaire secret du roi qui a réussi à s’introduire dans la place et qui a tout vu, tout entendu. Cet homme a même réussi à s’emparer d’un parchemin, dont vous avez dû entendre déplorer la perte par les conjurés.
    – J’ignorais quant à moi cette histoire invraisemblable. Mon père, je le crois fermement, n’aura aucune peine à se disculper de ces sottes accusations. Pour ce qui est de mon humble personne, je ne cache pas à Votre Majesté que je ne vois toujours pas pourquoi elle a cru devoir conseiller mon arrestation… À moins qu’on ne me veuille tenir pour responsable des actes de mon père, comme tout à l’heure vous disiez que mon père serait tenu pour responsable de mes actes à moi.
    – C’est précisément cela, affirma Catherine qui reprit son air bienveillant. Ce que vous venez de dire, je l’ai dit en propres termes au roi : M. le vidame, ai-je dit, aura tôt fait de se disculper. Mais le roi a poussé les hauts cris. Il voulait faire arrêter le vidame sans plus tarder. C’est alors que je lui conseillai de ne pas ébruiter cette triste affaire, de s’assurer à la douce, sans esclandre, de votre personne, d’aviser ensuite votre père, de le sommer de s’expliquer, et si les explications paraissent insuffisantes de lui dire : « Vie pour vie, si vous bougez, la tête de votre fils tombe sous la hache du bourreau. »
    Sous son calme apparent, Ferrière fut atterré. Il adressa à Fiorinda un long regard éploré où se lisait toute son angoisse. Et elle, s’efforçant de sourire bravement, lui répondit en lui montrant la paume de sa main. Ce qui était une manière de lui rappeler sa prédiction : « Vous avez de longues années à vivre. Et des années heureuses. »
    Ferrière redressa sa tête qu’il avait tenue penchée un instant et la regardant en face :
    « Ainsi, madame, j’ai bien compris : je suis un otage entre les mains du roi ?
    – Un otage, c’est le mot.
    – De ma soumission, dépend la vie de mon père, comme de sa soumission, a lui, dépendra la mienne ?
    – C’est tout à fait cela.
    – C’est bien, madame, je ne résisterai pas. Je suis prisonnier du roi. Vous plaît-il que j’appelle moi-même l’officier et que je me remettre entre ses mains ? »
    Une lueur de triomphe passa dans l’œil de Catherine. Elle complimenta :
    « Vous êtes bien tel que je vous avais jugé : brave, loyal et généreux. Soyez sans inquiétude, je vous tirerai de là. Je vous le promets. Mais n’oubliez pas que le roi tient essentiellement à ce qu’on ignore votre arrestation… momentanément du moins.
    – Madame, protesta Ferrière, je vous jure que personne ne saura rien par mon fait. »
    Catherine eut l’air de réfléchir une seconde et dit en se levant :
    « Allez à la Bastille.
    – J’y vais », fit simplement Ferrière.
    Il s’inclina devant elle, lança un dernier regard à Fiorinda qui lui sourit bravement et se dirigea résolument

Weitere Kostenlose Bücher