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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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piteusement le moine, il ne me sera pas possible de vous suivre. Si votre bourse est bien garnie, je ne puis, hélas ! en dire autant de la mienne.
    – N’est-ce que cela ? Je suis riche, Dieu merci ! Si vous voulez bien me le permettre, mon digne révérend, je prends à ma charge vos frais de route tant que vous me ferez l’honneur de m’admettre en votre compagnie.
    – C’est Dieu qui vous a placé sur ma route pour me venir en aide. Que Dieu vous le rende, mon brave et généreux gentilhomme.
    –  Amen  ! » fit gravement Beaurevers qui se signa dévotement.
    Ils arrivèrent à Bourg-la-Reine vers les huit heures du soir. Le temps avait passé en somme sans trop de lenteur.
    Fidèle à son rôle, Beaurevers se fit indiquer la meilleure auberge du pays. Il se fit donner les deux plus belles chambres. Et, dernière et suprême délicatesse, il laissa au moine le soin de rédiger le menu du souper qui devait être servi dans la chambre du moine et de choisir les vins à son gré.
    Le moine s’acquitta de ce soin avec une minutie qui indiquait l’importance considérable qu’il attachait à cette affaire. Et on peut croire qu’il ne montra pas la moindre discrétion et ne songea pas un seul instant à ménager la bourse de celui qui allait régler la note.
    Enfin, le couvert se trouva mis.
    À la dixième bouteille, le moine avait roulé sous la table.
    Beaurevers l’y laissa ronfler tranquillement un bon moment. Il n’était pas fâché de souffler un peu après un assaut aussi rude.
    Enfin, il se mit à fouiller les poches du moine. Mais il eut beau les tourner et les retourner, à part une bourse assez maigre, il ne trouva pas ce qu’il cherchait.
    « Diable ! fit-il réellement inquiet cette fois, je n’avais pas prévu un message verbal… Voyons, cherchons encore. »
    Il chercha si bien qu’il finit par déshabiller le moine qui poussait parfois de sourds grognements de protestation. Il fut récompensé de sa patience, car sous la chemine, il découvrit une ceinture sanglée sur la peau même. Dans cette ceinture, il trouva trois ou quatre pièces d’or et une lettre cachetée aux armes de Bourbon.
    Il bondit sur la lettre et gagna sa chambre, ferma la porte de communication et alluma sa lampe.
    Il fit chauffer la lame de son poignard à la flamme de la lampe et avec cette lame brûlante il décolla assez adroitement et sans trop de peine le large cachet de cire rouge.
    La lettre ouverte, il la lut attentivement d’un bout à l’autre. Elle était assez brève d’ailleurs. Elle était signée Charles de Bourbon, cardinal-abbé de Saint-Germain et adressée à Antoine de Bourbon, duc de Vendôme et roi de Navarre.
    « Amorce savante, murmura Beaurevers rêveur qui résumait ainsi sa lecture. Suivant la réponse, on précisera les offres. On espère cependant que cette réponse sera favorable puisque, d’ores et déjà, le cardinal conseille à son frère de se rapprocher et de venir incognito à Blois ou à Orléans. »
    Il réfléchit une minute. Il prit la plume posée devant lui, la trempa dans l’encre et à larges traits biffa toutes les lignes les unes après les autres. Quand ce travail, qui fut vite expédié, fut terminé, il n’y avait plus un mot de lisible sur la lettre, à part la signature. Et il calcula d’un air satisfait :
    « Du train dont il marche, il faudra huit bons jours à ce moine pour joindre le roi de Navarre. Sa Majesté ne comprendra rien à ce barbouillage. Et pour cause. D’après ce que l’on m’a dit de son caractère, Antoine de Bourbon est homme à se fâcher à mort d’une mystification qui pourrait bien passer à ses yeux pour une insulte… Si cela est, tant mieux. Le voilà fâché pour longtemps avec son frère le cardinal. Et le fameux projet d’alliance imaginé par le vidame tombe à l’eau. S’il ne se fâche pas, il demandera des explications. En ce cas il faut compter huit autres jours pour que son messager vienne à Paris trouver le cardinal, et ce messager sera probablement ce même moine… C’est donc quinze bons jours de tranquillité que je m’assure. D’ici là j’aurai trouvé, j’espère, le moyen de faire avorter leurs combinaisons… D’autant que je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas recours à M me  Catherine… Au fait, c’est peut-être là la bonne idée… Il faudra voir cela de plus près… »
    Il recacheta la lettre de son mieux et revint à son moine. Il remit la lettre dans la ceinture,

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