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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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étudier le roi. Elle s’étonna.
    « Comment ne l’ai-je pas reconnu dans le comte de Louvre ?… C’est sa fausse moustache qui déroute et le rend méconnaissable. »
    François ne parut pas faire attention à Fiorinda qui s’était mise discrètement à l’écart.
    Il s’inclina cérémonieusement devant Catherine et effleura sa main du bout des lèvres. Il baisa pareillement la main de sa femme. Mais Fiorinda vit très bien qu’il ne s’acquittait pas là d’un devoir de galanterie. La lenteur gourmande du baiser indiquait que c’était un amoureux qui agissait là.
    Cependant, si joyeuse qu’elle fût au fond, Marie Stuart éprouvait une certaine gêne. À cause de Catherine, dont la présence la glaçait toujours et qui avait particulièrement insisté pour que le roi ignorât cette escapade.
    Quant à Catherine, si maîtresse d’elle-même qu’elle fût, elle ne parvenait pas à dissimuler complètement la mauvaise humeur que lui causait l’arrivée intempestive de son fils.
    Pour ce qui est de François, on devine bien que ce n’était pas un hasard fortuit qui l’amenait là, et que c’était Beaurevers qui l’envoyait.
    « Çà, que complotez-vous donc ? fit-il en riant. On dirait que ma présence vous importune. »
    Catherine pinça davantage les lèvres, comprit qu’il lui fallait s’exécuter sous peine de s’attirer le mécontentement, peut-être la colère du roi. Elle fit un signe à Fiorinda qui s’avança, sans gêne apparente, avec cette grâce légère qui avait tant de charme chez elle, et prenant un air contrit :
    « François, dit Catherine, ne me grondez pas trop… Cette jeune fille est une diseuse de bonne aventure dont la renommée en cette ville est si grande qu’elle est venue jusqu’à moi… et peut-être jusqu’à vous… On la nomme Fiorinda. »
    Fiorinda fit une révérence qui n’avait, certes, rien des révérences de cour, mais que les trois illustres personnages qui l’observaient admirèrent en connaisseurs qu’ils étaient.
    François salua galamment, comme il aurait salué une grande dame de sa cour et, souriant gracieusement :
    « Fiorinda !… En effet, madame, ce nom est venu jusqu’à moi… J’en ai même souvent entendu parler. »
    Et, s’adressant à Fiorinda :
    « Je ne vous connaissais pas, madame (il insistait sur le mot). À présent que je vous ai vue, je m’explique l’engouement de mes bons Parisiens pour celle qu’ils nomment Fiorinda-la-Jolie. »
    Et coupant court, il revint à Catherine qui attendait, impassible :
    « Vous avez donc voulu consulter cette reine des diseuses de bonne aventure, madame ? dit-il.
    – Oui, François. Et j’ai été tellement intéressée par ce qu’elle m’a dit que j’ai eu la sotte idée de l’amener ici, expliqua Catherine.
    – Sotte idée ! releva vivement François. Pourquoi sotte ? Je trouve, au contraire, que c’est là une excellente idée.
    – Ainsi vous n’êtes pas fâché ?… Vous voulez bien que Fiorinda lise dans la main de votre femme ?
    – J’en suis enchanté… pourvu qu’il me soit permis d’assister à cette consultation. »
    Catherine fit une moue significative. François comprit et à moitié dépité :
    « Suis-je vraiment de trop ? » dit-il.
    Catherine crut qu’elle allait se débarrasser de lui. Et avec une brusquerie affectée :
    « Un mari est toujours de trop en pareil cas », fit-elle.
    François n’était pas venu pour se laisser évincer. Il allait donc imposer sa volonté. Marie Stuart, qui ignorait son intention, ne lui laissa pas le temps de le faire : Saisissant la main de son époux, qu’elle serra d’une manière significative, elle implora tout bas :
    « Restez, François… J’ai peur. »
    Elle souriait en disant cela. Mais sa voix tremblait légèrement.
    Il la vit réellement inquiète. D’un geste spontané, il la prit dans ses bras comme pour la protéger et, avec cette douceur enveloppante que les amants passionnément épris savent trouver pour la femme adorée :
    « Vous avez peur, mon amour !… Et de quoi ? »
    Il la pressait tendrement contre sa poitrine. Elle laissa tomber doucement sa tête sur son épaule, comme si elle avait honte elle-même de la puérilité de son aveu, et tout bas, avec un rire nerveux :
    « J’ai peur des révélations de cette belle enfant.
    – Quel enfantillage ! » rassura François.
    Mais il n’avait pas pu s’empêcher de tressaillir, tant lui

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