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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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terminée. Catherine se leva, s’approcha lentement de sa bru, et, gaiement, d’un air triomphant :
    « Eh bien, ma fille, que dites-vous de ma petite diseuse de bonne aventure ? »
    Radieuse, Marie Stuart déclara :
    « Je dis, madame, que je suis enchantée et émerveillée.
    – Je vous avais bien dit que cette petite Fiorinda est étonnante », sourit Catherine.
    Et, fixant Fiorinda de son regard acéré, elle répéta avec une insistance étrange :
    « Étonnante, oui, vraiment, elle est prodigieusement étonnante, cette petite ! »
    Ceci pouvait passer pour un compliment. En réalité, ce que Catherine trouvait prodigieusement étonnant, c’est que cette humble et pauvre fille eût consenti, et avec quelle jolie crânerie, à faire le sacrifice de sa vie pour assurer le bonheur du roi… Cela la dépassait.
    Fiorinda devina sa pensée. Et elle se mit à rire de son joli rire clair et perlé. Elle ne se doutait pas que depuis l’instant où elle avait résolu de désobéir à Catherine elle était tout bonnement admirable. Elle ne soupçonnait pas qu’en se montrant insoucieusement gaie comme à son ordinaire, alors qu’elle se savait condamnée, elle faisait preuve d’un courage rare que bien des hommes réputés courageux eussent pu lui envier.
    François s’approcha de Fiorinda. Lui aussi, il la fixa avec insistance et, appuyant sur ses mots comme pour lui faire comprendre qu’il leur donnait une valeur plus grande que celle qu’ils paraissaient avoir, il lui dit :
    « Vous venez d’exercer votre art, un peu inquiétant, avec un tact, une adresse que je ne saurais trop louer. Je vous en remercie et je vous en sais un gré infini. Je n’oublierai pas ce que vous venez de faire, foi de roi. »
    Il détacha son collier et le lui passa autour du cou en disant :
    « Gardez ce joyau en souvenir de cette scène. Et croyez que je ne me tiens pas quitte pour si peu envers vous. »
    Marie Stuart, qui s’entretenait avec Catherine, laquelle affectait de ne parler que de sa diseuse de bonne aventure, vit le geste de son époux. Elle intervint à son tour. Et, enlevant de ses doigts deux bagues magnifiques, elle les mit elle-même au doigt de Fiorinda en disant :
    « Je veux que vous emportiez aussi un souvenir de moi. Celle-ci (elle désignait la première bague) est un don de la main gauche… celle dans laquelle vous venez de lire… Et comme la main droite doit ignorer ce que fait la main gauche, voici pour la main droite (elle montrait la deuxième bague). »
    Le moindre de ces joyaux représentait à lui seul une fortune. Une fortune comme Fiorinda n’avait jamais osé en espérer une pareille, même dans ses rêves.
    Elle les accueillit cependant avec ce même air détaché avec lequel elle empochait la pièce blanche qu’on lui donnait pour prix de sa consultation.
    Elle admira cependant le brillant des pierres, le velouté laiteux des perles. Elle les admira une seconde à peine, en artiste raffinée qu’elle était. Et elle se dit :
    « À quoi bon ?… Catherine est là qui m’attend, qui ne s’en ira pas sans moi, et qui ne pardonnera pas… Et puis… je veux bien donner tout mon sang pour cette reine si bonne, si aimable, si douce… pour le roi qui est un ami que j’aime… Mais je veux le donner et non le vendre. »
    Elle retira doucement les bagues et le collier et les déposa sur une petite table qui se trouvait à sa portée. Et comme François esquissait un geste de protestation, elle fléchit le genou et, de sa voix musicale très douce qui ne tremblait pas :
    « Pardonnez-moi, Sire, ce sont là bijoux précieux dont ne saurait se parer une pauvre fille comme moi. »
    D’un geste vif, François reprit les bijoux avec l’intention évidente de les lui remettre de force.
    Elle joignit les mains dans un geste de supplication et, baissant la voix :
    « Je supplie humblement Votre Majesté de ne pas insister, dit-elle. Ne croyez pas que je sois guidée par un sot orgueil. Il me serait infiniment doux de pouvoir me dire à moi-même que je n’ai agi, dans cette affaire, que par pur dévouement pour ma reine et pour mon roi. »
    François laissa retomber précipitamment les bijoux sur la table et, la relevant avec affabilité :
    « Je comprends, dit-il. Beaurevers n’exagérait pas quand il m’assurait que vous aviez toutes les délicatesses. Je regrette de l’avoir oublié. »
    Très à son aise, en souriant de son sourire espiègle, Fiorinda

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