Fiorinda la belle
répliqua :
« Ne vous y fiez pas trop, Sire. Si je refuse ces splendides joyaux… c’est que j’ai une récompense mille fois plus précieuse à solliciter.
– Ah ! ah ! fit François avec un sourire engageant, quelle est cette récompense ?
– L’honneur de baiser votre main et celle de la reine », dit Fiorinda en s’inclinant.
Le premier mouvement de François fut de la prendre dans ses bras et de lui donner une accolade fraternelle. Il se souvint que Catherine était là. Il se résigna à jouer son rôle de roi jusqu’au bout. Et il tendit sa main dans un geste vraiment majestueux.
Fiorinda se courba et effleura respectueusement cette main du bout des lèvres.
Mais François ne put s’empêcher alors de laisser éclater la joie intérieure qui le débordait. Il se tourna vers Marie Stuart attentive et, désignant du coin de l’œil alternativement Fiorinda et les précieux bijoux demeurés sur la table, d’un air triomphant :
« Eh bien, m’amour, que dites-vous de cela ? »
Marie Stuart était loin de soupçonner le drame secret qui venait de se dérouler devant elle et dans lequel elle avait joué son rôle sans le savoir. Elle soupçonnait encore moins le service capital que Fiorinda venait de lui rendre et qu’elle devait payer de sa vie. Elle avait été conquise par le charme prenant, par la grâce espiègle, par la gaieté communicative de la jeune fille. Elle n’avait pas les mêmes raisons que le roi de se tenir sur la réserve. Elle suivit l’impulsion de son cœur bon et généreux.
« Je dis, s’écria-t-elle, que cette belle enfant a les sentiments d’une princesse de sang royal… Et c’est comme telle que je veux la traiter. »
Et, se penchant sur Fiorinda qui, courbée devant elle, attendait qu’elle lui donnât sa main à baiser, elle la releva vivement et plaqua sur ses joues fraîches et roses deux francs baisers.
Alors le roi congédia et, s’adressant à Catherine :
« Je vous remercie, madame, de la bonne pensée que vous avez eue, et je ne l’oublierai pas. »
Il disait cela très sérieusement et, sans qu’il fût possible à Catherine attentive de démêler si ses paroles avaient un sens autre que leur sens apparent. Il ajouta :
« Allez, madame, emmenez votre protégée qui devient la nôtre à dater de cet instant. »
Raide, fantomatique, son sourire énigmatique aux lèvres, Catherine sortit, suivie de Fiorinda.
Lorsqu’ils furent seuls, François désigna du doigt les bijoux à Marie Stuart en disant :
« Gardez ceci, ma mie, le roi et la reine de France ne sauraient reprendre ce qu’ils ont donné. Ces joyaux que Fiorinda a si noblement refusés appartiennent à la vicomtesse de Ferrière qui ne les refusera pas, elle, j’en réponds.
– Et nous y ajouterons encore, n’est-ce pas, mon cher sire ?
– C’est bien mon intention, sourit François.
– Ah ! comme vous avez raison d’être bon pour vos amis, mon doux François, soupira Marie Stuart qui se suspendit à son cou et ajouta : Ils ressemblent si peu à ceux qui se disent vos amis ici. Je suis heureuse, je me sens rassurée maintenant que je vous sais entouré d’amis si francs, si braves, si noblement dévoués et désintéressés. »
Elle lui tendit les lèvres. Il mordit à même, en amoureux gourmand qu’il était. Mais il se dégagea presque aussitôt avec douceur et, très sérieux :
« Plus noblement dévoués que vous ne pensez, m’amour, dit-il en revenant à ses amis. Dévoués jusqu’à la mort… C’est pourquoi je ne dois pas les laisser dans l’embarras mortel où ils se sont mis pour moi… pour vous. Vous comprenez, mon cœur, qu’il faut que je vous quitte. »
Pour la première fois, elle eut l’intuition qu’il s’était passé sous ses yeux quelque chose de très grave qu’elle n’avait pas soupçonné. Elle ne fit pas la grimace. Elle lui tendit encore une fois les lèvres et, le repoussant doucement de sa blanche main, elle dit, très sérieuse à son tour :
« Allez, mon doux cœur, allez où le devoir vous appelle. »
François partit aussitôt. Dans sa petite chambre, il trouva Beaurevers qui se promenait nerveusement en l’attendant et qui se retourna tout d’une pièce en entendant ouvrir la porte.
Un coup d’œil jeté sur la physionomie rayonnante du roi lui suffit pour comprendre que tout s’était bien passé. Et il respira plus librement.
D’ailleurs, François annonça sans plus
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