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Fiorinda la belle

Titel: Fiorinda la belle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco , Aline Demars
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silence.
    François croisa les jambes, se renversa sur le dossier de son fauteuil, ferma les yeux, parut se recueillir un instant. En réalité, à travers les paupières mi-closes, il observait le vidame d’un air malicieux. Enfin, il attaqua :
    « On ne vous voit pas souvent chez moi, monsieur, soit dit sans reproche. Quand j’ai besoin de vous, je me vois dans la nécessité de vous envoyer chercher. Pourquoi ? »
    Et, sans lui permettre de répondre, il reprit aussitôt :
    « Vous me boudez. Je ne sais quel malentendu s’est élevé entre nous, mais le fait est que vous êtes mécontent et que vous témoignez votre mécontentement en vous tenant à l’écart. Or, je trouve que cette situation équivoque s’est prolongée trop longtemps. Vous finirez par passer du côté de mes ennemis… Et je veux vous avoir pour ami. »
    Le vidame s’inclina profondément. Mais il ne fit aucun remerciement, aucune protestation de dévouement, comme tout autre n’eût pas manqué de le faire à sa place, et comme le souci de sa propre sécurité conseillait de le faire.
    François remarqua cette réserve comme il avait senti la froideur. Comme précédemment, rien en lui ne laissa paraître qu’il eût compris. Il reprit :
    « J’ai fait une découverte qui m’a… peiné. Oui, bien peiné : je me suis aperçu qu’on cherchait à nous faire passer, moi et les miens, pour ce que nous ne sommes pas. On ne se contente plus de murmurer que je favorise les hérétiques qu’on appelle huguenots, on dit, presque ouvertement, que je me suis converti moi-même à la religion nouvelle, que j’imposerai à ma famille. »
    Il fit une pause. Le vidame gardait toujours un silence diplomatique. Mais François vit qu’il était tout oreilles, vivement intéressé par ce début qui promettait. Il sourit, satisfait, et continua avec force :
    « C’est là une odieuse calomnie contre laquelle j’ai résolu de me défendre avant qu’elle ne soit répandue dans la masse. »
    Durant un quart d’heure, le roi parla, le vidame écouta.
    Quand il eut dit tout ce qu’il avait à dire, François frappa sur un timbre. Le chancelier, Michel de L’Hospital, fut bientôt introduit.
    « Je vous laisse travailler », dit le roi après avoir présenté les deux hommes.
    Il sortit.
    Le vidame et le chancelier demeurèrent seuls. Ils se connaissaient. Ils avaient l’un pour l’autre la haute estime que méritait la noblesse de leur caractère. Ils se trouvèrent aussitôt à l’aise comme d’anciens amis.
    Le chancelier étala sur la table de travail de volumineux dossiers qu’un commis apporta. Les deux hommes s’assirent côte à côte et se mirent à étudier ces dossiers. Le chancelier donnait des indications, fournissait des explications, répondait avec une complaisance inlassable à la multitude de questions que le vidame ne se faisait pas faute de poser.
    Vers le soir, le roi reparut. Il était accompagné de Beaurevers.
    À l’attitude profondément respectueuse du vidame, à son air repenti et comme honteux, ils comprirent qu’il était fixé. Et Beaurevers fixa sur François un coup d’œil qui voulait dire :
    « Que vous avais-je dit ! »
    François approuva d’un léger signe de tête. Tous deux d’ailleurs se gardèrent bien de montrer qu’ils avaient remarqué le changement d’attitude du vidame.
    Le roi congédia le chancelier. Quand ils ne furent plus qu’eux trois, il se mit à parler de Ferrière. Il le fit en termes tels que l’orgueil paternel du vidame en fut délicatement frappé. Quand il le vit bien amorcé, François aborda la question du mariage du vicomte.
    Mais le vidame continua à se montrer intraitable.
    « Eh bien, dit rondement François, voulez-vous que je vous mette d’accord ?… Voulez-vous que je me charge, moi, de trouver au vicomte un parti honorable et qui vous conviendra à tous les deux ?
    – Ah ! vous me rendriez la vie ! » s’écria le vidame, transporté d’aise.
    Et, secouant la tête d’un air soucieux :
    « Mais le vicomte n’acceptera pas.
    – C’est à savoir ! fit vivement François. Vous, monsieur, accepterez-vous le parti que je vous présenterai ?
    – Avec joie !… avec reconnaissance, Sire !
    – Bien, je prends note que vous donnez votre consentement… Car vous le donnez, n’est-ce pas ?
    – Des deux mains, Sire.
    – En ce cas, je me charge du vicomte… Ne secouez pas la tête, j’en fais mon affaire, vous

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