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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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littéralement hypnotisés par la curiosité. Ségalens
tira.
    Le goulot de la bouteille sauta et tomba,
tandis que la bouteille elle-même vacillait à peine sur sa
base.
    Il y eut un recul parmi les escarpes.
    Les quatre acolytes de Biribi gagnèrent
doucement du côté de la porte.
    Biribi demeurait à la même place, cloué au sol
par la stupéfaction.
    – Tas de vaches ! rugit-il. Vous
avez le taf, hein ?…
    Les escarpes s’arrêtèrent.
    – Coco s’est esbingé, murmura le Rouquin
en signe d’humble explication. Sûr qu’il a été chercher des flics.
Allons, aboule-toi Biribi… On retrouvera le pante…
    – Et moi, fit Biribi d’une voix
étranglée, je dis que le premier qui fiche le camp…
    Un geste de son couteau indiqua clairement
quel sort il réservait à ceux qui refuseraient de lui obéir. Pris
entre deux terreurs, les escarpes hésitaient. Pourtant la terreur
du revolver et la police que le garçon pouvait ramener d’un instant
à l’autre était la plus forte…
    – Finissons-en, dit Ségalens.
    Le revolver toujours braqué, dans la main
droite, il se fouilla de la main gauche et sortit quelques pièces
d’or.
    – Attention ! poursuivit-il
tranquillement. Je vous donne à choisir. Un louis ou une balle. Je
commence par toi, l’homme au crâne poli. Veux-tu une balle dans la
peau ? Veux-tu un louis ?… Le louis si tu t’en vas. La
balle si tu restes.
    – Zut ! fit Tête-de-Veau d’une voix
rauque d’émotion. Aboulez le jaunet, et je décampe !
    Ségalens jeta un louis que l’homme attrapa à
la volée. L’instant d’après, Tête-de-Veau avait disparu, laissant
ouverte la porte du cabaret.
    – À toi, l’homme aux cheveux roux, dit
Ségalens avec un éclat de rire. Que choisis-tu ?
    – Le jaunet, gronda le Rouquin,
haletant.
    Quelques secondes plus tard, il ne restait
dans la salle que Ségalens, toujours son revolver au poing, et
Biribi, livide de rage, mais tenu en respect par la certitude
d’être tué d’une balle s’il faisait un pas en avant.
    – À ton tour, dit Ségalens. Seulement, à
toi, je ne te propose pas un louis pour t’en aller. Je te propose
un billet de mille francs, mille, entends-tu, si tu veux causer
gentiment avec moi…
    – Si vous n’aviez pas votre rigolo, fit
Biribi dans un grognement farouche, vous ne seriez pas si
costaud…
    Et, d’un geste furieux, avec un soupir de rage
impuissante, il jeta son couteau inutile jusqu’au fond de
l’arrière-salle.
    – Ne croyez pas, au moins, que ça va se
passer en douceur. J’aurai deux comptes à régler au lieu d’un,
voilà tout. Mais je vous aurai. Si c’est pas ce soir, ce sera dans
un an. Mais je vous aurai !
    – Alors ! fit Ségalens d’une voix
étrange, tu crois que si je n’avais pas mon revolver, j’aurais peur
de toi ?
    – Oui, dit le bandit rudement.
    – Eh bien ! regarde. J’ai tiré une
balle, n’est-ce pas ?
    – Oui… mais il vous en reste
cinq !
    Ségalens sourit, leva le canon vers le
plafond, et appuya cinq fois de suite sur la gâchette. Au lieu des
détonations, Biribi entendit cinq fois le bruit sec du barillet
tournant à chaque coup… Le revolver n’avait qu’une balle !… Et
cette unique balle, Ségalens l’avait déchargée sur une
bouteille !…
    Alors, Ségalens remit son revolver dans sa
poche.
    Biribi demeura quelques secondes immobile, le
front penché ; il frissonna de fureur, en crispant les poings
à cette pensée que ses acolytes et lui-même avaient été arrêtés par
un
revolver vide
 :
    – Oh ! les vaches !
gronda-t-il, les sacrées vaches !…
    En même temps, il se défit de son veston, et
retroussa les manches de sa chemise. Il riait. Il grognait des
choses confuses. Il tressaillit d’une joie effroyable.
    – C’est comme ça ?… T’as plus de
rigolo ?… Tu vois cette main-là ?… Je marche sur toi, je
t’empoigne à la gorge, et j’te serre le kiki ! Qu’est-ce que
je te disais que tu irais faire un tour au rendez-vous des
Macchabées ? Qu’en dis-tu ?…
    – Essaye ! dit paisiblement
Ségalens.
    Biribi écarta deux tables qui le gênaient.
Ségalens, dans le même coin, ne fit que d’imperceptibles
mouvements ; mais ces mouvements l’avaient calé sur ses jambes
et mis en garde, les coudes ou corps, les deux poings prêts à
l’action, légèrement ramassé sur lui-même.
    Biribi recula de deux pas, cherchant le mode
d’attaque.
    Tout à coup, il baissa la tête, la

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