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Fleurs de Paris

Fleurs de Paris

Titel: Fleurs de Paris Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Pontaives, tantôt seul, poursuivait
son enquête sur le monde de la pègre.
    Nous retrouvons donc Ségalens au moment où il
préparait, son septième article sur la pègre parisienne,
c’est-à-dire, en réalité, continuant sa recherche fiévreuse, guidé
par son seul instinct, recueillant avidement les rares indices qui
pouvaient le mettre sur la piste de Marie Charmant.
    Biribi s’était assis devant lui, les coudes
sur la table. D’un signe imperceptible, il avait appelé ses
acolytes, en sorte qu’au bout de quelques secondes, Ségalens se vit
entouré de hideuses physionomies : le Rouquin avait pris place
à sa droite, la Tête-de-Veau à sa gauche ; en face de lui, il
avait Biribi et deux autres escarpes.
    – Alors, reprit Biribi en ricanant,
mossieu est venu s’humecter au Rendez-Vous des
Croquemorts ?
    – Comme vous voyez, mon brave, et si
j’avais su vous y trouver, je me serais fait un plaisir d’y venir à
une heure moins tardive.
    – Alors, mossieu ne refusera pas de
trinquer avec nous ?
    « Coco, un verre pour mossieu. C’est moi
qui régale !
    – Pardon, dit froidement Ségalens, c’est
toujours moi qui régale. Garçon, des verres pour ces messieurs, et
deux bouteilles de votre meilleur.
    – Au fait, les aminches, reprit Biribi,
il faut que je vous présente à mossieu. Tel que vous le voyez,
mossieu est tantôt vêtu en refileur de comète, comme ce soir, et
tantôt en véritable milord.
    – C’est comme vous, mon brave tantôt en
cocher et tantôt en croque-mort.
    – Je ne suis ni collignon de morts ni
collignon de vivants, dit Biribi d’une voix sombre ; je suis
escarpe, voilà tout. Et mossieu ?…
    – Moi, dit doucement Ségalens, je suis
journaliste.
    Un mouvement de curiosité se dessina parmi les
bandits ; mais Biribi demeura indifférent en apparence.
    – Il y a un louis pour chacun de vous,
reprit Ségalens, si vous voulez répondre à mes questions.
    – Les jaunets de mossieu, on les aura,
qu’il les donne on non ! ricana Biribi. C’est donc pas la
peine de faire le fendant.
    Ségalens sourit et songea : « Je
croîs que mon septième article sera agréablement
mouvementé. »
    – Mais avant de visiter les profondes de
mossieu, reprit Biribi, faut que je le charge de porter tous mes
compliments à sa bourgeoise… la petite bouquetière de la rue
Letort.
    Ségalens pâlit. Un cri jaillit de ses lèvres.
Il lâcha la crosse de son revolver qu’il tenait au fond de la poche
de son veston et fit un mouvement comme pour saisir le bras de
Biribi. Mais à ce moment, celui-ci, ayant jeté un regard sur ses
acolytes, se leva brusquement au même instant, Tête-de-Veau
s’élançait vers la porte de la route, qu’il fermait, et le Rouquin
allait se planter devant la porte du fond. Ces divers mouvements
s’étaient exécutés en un clin d’œil, et Ségalens vit se lever
au-dessus de sa tête le poing formidable que Biribi balançait comme
une massue, en grondant :
    – Va lui porter ça de ma part, à Marie
Charmant !
    Ségalens, en gestes méthodiques mais rapides
comme trois décharges de foudre, exécuta trois mouvements.
Un : il plaça ses mains sous la table et ses mains nerveuses
se crispèrent au bois. Deux : il souleva la table sur laquelle
retomba alors le poing de Biribi. Trois : il rejeta violemment
cette table à toute volée.
    Il y eut un bruit de bouteilles brisées, des
jurons furieux, des grondements de fauves qui sentent la pique du
dompteur sur leurs mufles. Biribi, renversé, se releva d’un bond,
sa face monstrueuse bouleversée de fureur, et il vit Ségalens qui,
en deux sauts, avait gagné un angle du cabaret.
    – Surine-le ! hurlèrent les
escarpes.
    Biribi tira son couteau, l’emmancha solidement
à son poing et s’avança. Un silence terrible s’abattit sur cette
scène. Les quatre autres bandits marchèrent de conserve, par
mouvements lents et obliques.
    Ségalens vit qu’il avait devant lui un cercle
de cinq couteaux…
    Il braqua son revolver, et dit
froidement :
    – Vous êtes cinq et j’ai six coups à
tirer. Je vous préviens que je ne raterai pas un de vous. Tenez,
vous allez voir si je sais viser. Je vais tirer mon sixième coup,
puisque vous n’êtes que cinq
 ; je vais le tirer
là-bas, sur le goulot de cette bouteille…là… la dernière sur la
tablette… regardez !
    Les escarpes s’arrêtèrent et regardèrent,
hébétés de stupeur devant un
pante
si peu semblable aux
autres,

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